« Fonction présidentielle : Talon révolutionne les pratiques » a écrit pompeusement un confrère en gros caractère à la Une, dans sa livraison d’hier jeudi 8 juin 2017. Une réponse faite, pour ainsi dire « clouer le bec » à tous ceux qui « spéculent sur la santé du président », après ce que l’auteur de l’article a appelé : « une absence de quelques jours ».
L’article se termine par cette phrase effarante dont il ne semble pas avoir mesuré la gravité : « Patrice Talon peut disparaitre des écrans radars, à l’improviste comme il l’a toujours fait auparavant.».
Comment le président que nous avons élu « peut-il partir du pays à l’improviste », comme un vulgaire citoyen, et demander aux « simples » citoyens de ne pas s’interroger, si son absence se prolongeait ? Comment ne pas s’interroger particulièrement sur la non-tenue du conseil des ministres depuis deux semaines déjà?
Car c’est le président Talon lui-même qui s’est fait pour obligation, nous a-t-on dit, de toujours présider le conseil des ministres. Ceci pour éviter, nous a-t-on aussi dit, l’expérience de son prédécesseur qui disait tout le temps ne pas être au courant des décisions prises par les conseils tenus en son absence et même en sa présence, (sacré Yayi !!) .
Mais alors, comment veut-on empêcher les citoyens de spéculer sur la santé du chef de l’Etat, quand les réseaux sociaux, préférés aux médias classiques, disent une chose et que son ministre des Affaires étrangères en dit une autre devant les diplomates, avant d’en dire le contraire aux confrères de l’AFP le jour d’après? Si les populations avaient été informées d’un déplacement à Paris du chef de l’Etat et de sa probable durée, juste après le conseil des ministres du mercredi 24 mai, qui aurait eu le temps de spéculer sur sa santé ? Le problème de fond,on l’aura compris, n’est pas que le président voyage sans caméras ni micros, mais qu’il refuse d’informer sur ses voyages officiels ou privés, comme s’il était toujours un homme d’affaires tenu au secret de ses…. « affaires ».
Certes pour des raisons de sécurité, on ne peut révéler tous les détails d’un voyage officiel ou privé d’un chef d’Etat. Cependant, le minimum qu’on attend d’un président qui prend le risque inimaginable sous d’autres cieux de conduire son véhicule personnel sans chauffeur ni garde du corps ni même gyrophare, est d’être informés de ses déplacements,des grandes lignes de son programme de la semaine ou du mois, voire même de l’année ; comme cela se fait ailleurs… Ainsi, les voyages à l’intérieur du pays comme à l’étranger doivent être programmés longtemps à l’avance, puisque les dates des assises des institutions internationales, l’Onu, l’Union africaine, la Cedeao etc. sont fixées longtemps à l’avance.Ce n’est pas le cas aujourd’hui, vu que notre cher président était aux abonnés absents lors du dernier sommet de la Cedeao à Monrovia,où le roi du Maroc qui sollicite une adhésion était pourtant attendu, tout autant que le Premier Ministre Israélien. Absentdéjà au tout premier sommet de l’Ua d’après son investiture et qui a consacré le retour du même Maroc dans l’Union africaine. Notre président avait à l’époque privilégié un voyageà caractère purement familial, aux affaires de la communauté.
En vérité, et il faut le dire tout haut pour que son entourage subjugué par son charme supposé de « compétiteur né » puisse nous entendre : le chef de l’Etat n’est pas encore sorti de son manteau de chef d’entreprises,ayant une sorte de droitdivin sur ses employés, comme nous l’avions dit auterme de ses 100 premiers jours d’exercice du pouvoir d’Etat. Il pense toujours comme l’a dit l’auteur de l’article précité qui semble bien le connaître, « qu’il peut toujours disparaître des radars(expression pittoresque pour dire : partir sans prévenir ou sans laisser trace), comme il l‘a toujours fait auparavant », comme si le chef d’Etat d’une république moderne doit toujours se déplacer à l’improviste. A ce propos, son entourage ne l’aide pas beaucoup, puisqu’un de ses éminents collaborateurs a pu dire, pince-sans-rire, que le chef de l’Etat dirige le pays comme une entreprise. Cet éminent homme de droit a oublié que le Bénin, notre pays, n’est pas une entreprise mais un Etat dont les habitants ne sont pas des employés de Talon, l’homme d’affaire, mais des citoyens qui ont le droit de savoir comment il dirige le pays qu’ils lui ont confié à gérer en leurs lieu et place, des citoyens qui méritent surtout de tout savoir sur ses allées et venues
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