Nous prenons comme prétexte l’information qui circule actuellement sur les réseaux sociaux, faisant état du projet du gouvernement béninois en coopération avec le gouvernement rwandais, de lancer sa propre compagnie aérienne d’ici décembre 2017.Au lieu que chaque Etat africain cherche à créer sa propre compagnie aérienne, on devrait plutôt penser à créer des compagnies sous-régionales.
Les Etats africains doivent apprendre à tirer des leçons des expériences du passé qui prouvent que partout en dehors de quelques cas exceptionnels, c’est toujours l’union qui fait la force. Cette formule se vérifie fort bien en ce qui concerne les compagnies aériennes.
Après l’expérience d’Air Afrique qui a connu une gestion chaotique et qui a entraîné le départ de certains Etats des actions de la compagnie, on a observé un grand engouement de plusieurs Etats depuis les fin des années 70, à créer des compagnies aériennes nationales. Mais seulement très peu de ces compagnies aériennes nationales ont connu une longue durée d’existence.
Plusieurs raisons peuvent expliquer ce passage éclair de ces compagnies sur le continent. Il y a d’abord la question du management, soit-il financier ou des ressources humaines. Il y a aussi la question du poids desdites compagnies face à la concurrence des compagnies aériennes des pays occidentaux. Avec moins de 10 voire 5 avions pour certaines compagnies nationales, souvent en très mauvais Etat, il n’y a vraiment pas de quoi effrayer les géants. A un réseau africain âprement disputé par les compagnies aériennes occidentales, plus structurées et mieux gérées, il faut ajouter la multitude de compagnies nationales africaines.
Face à cette double concurrence, certaines compagnies aériennes nationales n’ont eu d’autre choix que de quitter la scène pour la plus grande perte de leur gouvernement. C’est le sort qu’a connu la Cameroon Airlines, puis la Camair devenue Camair-co depuis 2008. Air Gabon aussi a disparu de la circulation, de même qu’Air Sénégal, Toumaî Air Tchad, Air Mauritanie, Virgin Nigeria, Equatorial-Congo Airlines, Ecair, Arik, Afriqia, pour ne citer que ces compagnies-là.
Il ressort de ces cas que la politique d’une multitude de compagnies aériennes nationales en Afrique apparaît comme une initiative démesurée et contre-productive. La solution serait plutôt d’encourager la création de compagnies aériennes sous-régionales dans lesquelles plusieurs Etats constitueront le capital. Il faudra ensuite mettre un point d’honneur à mieux organiser les choses, tant sur le plan des ressources financières qu’humaines. Il en résultera moins de compagnies aériennes sur le continent.
Ce qui donnera une plus grande marge de manœuvre quant au partage des passagers des 55 Etats du continent. Et ceux qui évoqueront des compagnies nationales comme Ethiopian Airlines, Kenyan Airways ou Royal Air Maroc, comme étant des modèles de réussite, devront savoir qu’il ne s’agit que d’exceptions qui confirment notre observation
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