Déguerpissement annoncé à Enagnon au Bénin : les exigences des riverains

Photo d'illustration

Le collectif des propriétaires terriens du quartier Enagnon (Akpakpa Dodomey Gannoukon-Codji), a donné un point de presse le vendredi 07 juillet 2017 pour manifester son mécontentement face à la décision du gouvernement de les vider des lieux d’ici le 30 juillet 2017 au plus tard. Ce déguerpissement serait motivé par la réalisation des épis sur la côté Est de Cotonou, afin d’agir contre l’érosion côtière. Les populations sont prêtes à déguerpir, mais exigent le respect des préalables.

L’avancée dangereuse de la mer au niveau de la côte Est de Cotonou est une situation préoccupante à laquelle les autorités tentent de trouver des solutions depuis des années. Pour arrêter ce phénomène qui a déjà créé d’énormes dégâts, un programme d’actions de protection des côtes a été initié. C’est ainsi qu’au quartier Enagnon (Akpakpa Dodomey) et dans d’autres quartiers de Cotonou, le gouvernement a entrepris la construction d’épis aux parties où la mer semble gagner davantage de terrain. Pour ce faire, un communiqué du ministère du cadre de vie passe depuis des jours sur les ondes et invite les riverains de cette zone de « Enagnon » à déguerpir au plus tard le 28 juillet 2017. Or, pour des opérations du genre il y a des mesures d’accompagnement à prendre, un site d’accueille des populations à définir et un dédommagement à effectuer, entre-autres. Malheureusement, rien de tout cela n’est fait jusqu’à ce jour. Puisque la date annoncée s’approche et qu’aucune disposition n’est prise dans ce sens pour le moment, des habitants du quartier réunis en un comité de défense ont donné de la voix le vendredi dernier par un point de presse. Dans une déclaration lue par le président du comité Victor Koffi Goudjo, ils appellent le gouvernement en général et le ministère du cadre de vie en particulier à respecter les préalables avant tout déguerpissement. Ils sont prêts à partir à une seule condition : qu’ils aient des séances d’échange avec les autorités sur les conditions de déguerpissement, qu’on leur propose un site d’accueil, qu’on leur verse les frais de dédommagement et des intérêts. Si rien de tout ceci n’est fait, ces habitants très remontés n’attendent pas bouger, même si les travaux seront exécutés pour cause d’utilité publique. Selon les explications de Ango Marx un riverain de Enagnon, ce domaine n’appartient pas à l’Etat parce certains propriétaires détiennent une décision de justice connue sous le numéro 14 du tribunal de deuxième degré en 1954.

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Une cause que défendent même les syndicalistes

En tant que défenseur des Béninois et du droit humain, le secrétaire général de la Fesyntra-Finances, Laurent Mètongnon était aux côtés de ses parents pour ce point de presse. « J’ai été invité à ce point de presse, c’est ce qui justifie ma présence. C’est un lieu qui m’est familier. Il y a plus de 50 ans, j’étais à Xwlacodji, puisque j’ai fini mon cursus à Xwlacodji. Akpakpa Dodomey et Xwlacodji, vous savez que c’est pareil. J’ai des neveux, j’ai des parents, j’ai des petits enfants en ces lieux. Donc ce qui intéresse les hommes et surtout ceux d’ici me concerne, c’est la raison de ma présence.», a-t-il laissé entendre. Comme plusieurs autres personnes qui ont effectué le déplacement pour soutenir ces populations, le Sg estime que même si c’est pour le bien des populations, un tel projet nécessite de la part du gouvernement de l’humanisme. « Lorsqu’on aime les hommes qu’on gouverne et qu’on a un certain humanisme, même si la terre appartient à l’Etat et que l’Etat veut en disposer pour une cause d’utilité publique, il faut échanger avec les populations qui habitent ces lieux. Ça fait plus de 111 ans que les gens sont ici… Et si on aime ceux-là, qu’on veut leur faire du bien, on doit pouvoir les approcher », a conclu Laurent Mètongnon qui avait à ses côtés certains camarades de lutte.

Pour la petite histoire, le quartier Akpakpa Dodomey Gannoukon-Codji devenu Enagnon, est occupé depuis les années 1920 par des pêcheurs béninois venus du Mono, des Ghanéens et des Togolais. Ces deniers y vivent depuis lors et y mènent leurs activités. Leur sortie du vendredi dernier peut faire revenir les autorités à la raison pour ne pas créer d’autres souffrances aux milliers de familles concernées, surtout en cette saison de forte pluie

Une réponse

  1. Avatar de magbedo
    magbedo

    J’apprécie bien les démarches de Mètognon Laurent. je pense que le peuple béninois voit comment les cadres de notre pays réfléchissent et réagissent sans orientation . Ces intellectuels sont là que pour bavarder. Lui Mètognon a fait vécu là dans ce quartier, et lorsqu’il a trouvé son compte il les a laissés. Il sais défendre et sais revendiquer pourquoi depuis que ces populations sont menacées par la mer il n’a jamais pris la parole publiquement, pour donnée son point de vue et avertir déjà ses parents et leur dire la vérité, sans langue de bois. Faisons la différence entre et prenons le temps d’analyser chaque situation pour savoir faire la part des choses.

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