Menaces sur l’agriculture à Adjarra: Champs délaissés au profit d’autres activités

Que ce soit en saison pluvieuse ou saison sèche, il y a de la peine à remarquer une différence dans les champs dans la commune d’Adjarra. L’agriculture qui est une importante activité du milieu fait de plus en plus figure de parent pauvre.Entre la rareté ou l’abondance de pluies et les caprices du temps, les cultivateurs préfèrent s’adonner à d’autres activités. Médédjonou dans la commune d’Adjarra, village située à une quarantaine de Kilomètres de Cotonou, la capitale économique du Bénin.

Les principales activités génératrices de revenus ici comme dans toute la commune d’Adjarra reste l’agriculture, l’artisanat et le commerce. Nous y sommes en ce mois de Juillet, saison des pluies mais le constat général laisse à désirer. Des terres arables délaissées et occupées par des herbes sauvages. Chiendents et d’autres espèces ont pris la place du maïs, de l’arachide ou encore du manioc. L’activité agricole est désespérément de plus en plus abandonnée au profit d’autres activités, principalement la conduite de taxi-moto communément appelée ‘’Zémidjan’’ .

A. Olivier, la soixantaine est cultivateur à Aglogbè, il s’est désormais reconverti à la conduite de ‘’zémidjan’’ qui est devenu son activité principale au détriment du travail de la terre qu’il a été fier de faire depuis plusieurs années. Il évoque comme raison, les rendements de plus en plus médiocres et décourageants à chaque récolte.C’était le cas l’année dernière où il avait ensemencé la grande partie de ses fermes mais la pluie a fait défaut. Conséquence, le rendement était si mauvais qu’il ne s’en remet pas encore pour emblaver ses champs cette année.

Face aux déceptions successives que lui a infligées la nature, il n’arrive pas encore à se décider. Faut-il encore prendre le risque pour se retrouver avec un grenier vide à la fin de la saison ?Comme Olivier, Pierre Z se pose cette question à laquelle il a du mal à trouver la réponse. D’ailleurs, il se donne également à l’activité de taxi-moto pour nourrir sa famille. Il se dépouille progressivement de son manteau de cultivateur au profit de son contrat de moto dont il devra rembourser les frais à échéance d’un an et demi de conduite de taxi-moto.

« La terre commence par mentir et je suis déçu et peiné de continuer à m’investir dans une activité qui n’arrive plus à récompenser mes efforts », s’offusque-t-il.

Sa profonde déception l’a fait déserter les champs pour la conduite en ville. Ce sont ses enfants qui se donnent désormais aux activités champêtres, s’il y en a. Ils sont aussi gagnés par le découragement. Surtout qu’il faut partager le temps entre l’école et les champs.

«L’agriculture sans avenir… »

Aristide est un jeune paysan à Médédjonou, la trentaine environ, il dit être « déjà fatigué de dépenser sa force physique pour ne rien espérer ». Pourtant, reconnait-il, les agriculteurs tiennent le monde par le ventre.

« L’agriculture ici n’est pas mécanisée et je risque de me tuer prématurément à cette allure », se désole-t-il.

Il serait passé de plus d’un hectarereparti sur plusieurs fermes à moins de la moitié à labourercette année. Rareté des pluies et rude climat obligent. Il n’a que pour activité, l’agriculture qui « ne marche plus ».Il doit pour garder son nom de cultivateur  et pour nourrir sa famille se contenter de labourer ses terres proches des zones humides ou marécageuses. Il consacre le reste de son temps à l’élevage de porcins principalement.  Malgré les caprices du temps, Aristide a de la passion pour la terre et veut toujours s’y adonner. Seulement, il lui manque les moyens. Ilse plaint de n’avoir pas les moyens.Sinon il pense qu’avec l’installation de systèmes d’irrigation, il pourrait mieux s’en sortir etcontinuer ses activités champêtres qu’il dit aimer si tant. Pour lui, l’agriculture n’a plus d’avenir si les choses se passent ainsi.

Les interprétations !

A part reconnaitre que les temps changent, la plupart des agriculteurs rencontrés, quand il s’agit du concept des changements climatiques, n’en savent pas plus que ce qu’ils constatent. Cela peut être lié à leur niveau d’instruction maiscela pose le problème de la connaissance la problématique des changements climatiques par les acteurs qu’ils sont.

« Les pluies sont rares et quand elle doit tomber c’est soit trop peu, soit abondamment. Le soleil aussi tape trop fort quand on s’y attend le moins », a constaté  Pierre.

Il lie l’irrégularité des pluies à un fait aléatoire de la nature. « La nature est contre nous et nous attendons de voir jusqu’où ça nous amène», raconte-il désespéré, qui pense déjà à la fin des temps. Pascal D, partage également la mauvaise expérience des tous les autres cultivateurs de sa localité. Pour lui, les changements climatiques sont dus au fait que « les dieux sont fâchés à cause de nos comportements contre nature ».

« L’enfant couche avec la femme de son père, et inversement, par exemple. Plusieurs normes sociales sont renversées », raconte-t-il l’ai furieux.

Et pour juguler le phénomène, il faut selon Pascal, « prier les dieux en leur offrant des sacrifices pour obtenir leur clémence ». Quant à Olivier, la cause de la rareté ou de l’abondance des pluies n’est pas à chercher loin. Il indexe les ‘’faiseurs de pluie’’ qui par leur magie attirent et retiennent la pluie quand ça leur dit ou à l’occasion des cérémonies festives hebdomadaires dans la région.

En somme la compréhension des changements ou dérèglements climatiques des paysans restent  distinctes de celles avancées par les savants et autres spécialistes.C’est pour cela qu’il importe pour eux de connaître les causes évidentes des dérèglements climatiques. Notamment la part de l’action humaine qui  se manifeste dans les villages à travers les feux de brousse et la déforestation.

Une réponse

  1. Avatar de magbedo
    magbedo

    Ce phénomène est devenu un vrai problème qui bloque le développement de la région (ouémé et plateau) les populations laissent les terres pour aller vers les activités qu’elles pensent être meilleures. Ce n’est pas une affaire de pluies ou de quoi je ne sais. Des jeunes valides préfèrent venir vendre du pain à cotonou.
    C’est triste le problème du Bénin est profond.

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