Les conducteurs taxi-moto communément appelés zémidjan, dans l’exercice de leur métier, sont confrontés à un certain nombre de situations. Situations qui ne sont pas toujours de nature à leur faciliter la tâche pour leur permettre de subvenir à leurs besoins fondamentaux.Parfait Allagbada est conducteur de taxi moto à Cotonou. Il parle dans cette interview des difficultés et des risques auxquels il fait face au quotidien.
Lnt : De la kyrielle d’activités possibles au Bénin, pourquoi avoir choisi le métier de conducteur de taxi-moto ?
Parfait Allagbada : Ce métier, je ne l’ai choisi ni par amour, ni par passion, mais par contrainte. Il faut d’abord noter que je suis natif de Ouidah et que ma petite famille y habite présentement. Je suis venu à Cotonou dans le but de trouver de quoi satisfaire un temps soit peu nos besoins. Parce que la situation n’est pas reluisante au village.
Depuis combien de temps exercez-vous ce métier ?
J’ai commencé ce métier il y a exactement cinq ans de cela. Pour être franc, si je pouvais trouver un autre travail, j’abandonnerais celui-ci sans hésiter. Car les difficultés que j’y rencontre au quotidien sont énormes… La liste est longue.
D’abord, par ces temps de morosité économique qui secoue le pays, il est vraiment très difficile de trouver des clients disposés à payer le coût réel de leur déplacement. C’est après de longues conversations qu’ils acceptent, et de nombreux échanges finissent en queue de poisson. En ce qui me concerne personnellement, j’ai obtenu ma moto grâce à un contrat de location-gérance, et elle entrera en ma possession au terme de celui-ci. Le propriétaire doit donc recevoir à chaque fin de mois ce dont nous avons convenu. Parfois, je n’arrive même pas à mobiliser 5000 francs Cfa par semaine.
A la fin du mois, je dois pourtant régler le propriétaire, avant d’envoyer de quoi entretenir la famille restée au village. A cela, il faut ajouter mes besoins personnels à satisfaire au quotidien, sans oublier mon loyer. Vous comprenez aisément la dure réalité que nous vivons. Je n’ai pas encore parlé de la recrudescence de l’insécurité aujourd’hui dans de la ville de Cotonou. Ceux que nous remorquons ne sont pas toujours des clients. Il y a parmi eux des divorcés sociaux et des malfrats, dont le seul but est de nous démunir de notre moto, voire nous tuer. Je ne finirai pas sans parler de cette situation relative à notre santé puisqu’elle est d’une importance cruciale.
Le fait que nous soyons exposés en permanence aux gaz d’échappement, est une source énorme de dangereuses maladies. Les problèmes sont tellement nombreux qu’on n’en finirait pas d’en parler si on devait tout dire.
Avez-vous un message à l’endroit des autorités ?
J’implore juste la faveur des autorités à divers niveau. Qu’elles essayent de régulariser notre situation en élaborant des plans d’actions durables et efficaces afin de nous permettre un temps soit peu de pouvoir aussi joindre les deux bouts.
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