Nombreux sont les observateurs de la vie politique qui considèrent certains faits politiques en vogue depuis peu comme relevant d’une stratégie de détournement de l’opinion, pour une gestion mitigée des affaires par le régime de la rupture.Des stratèges politiques, plus inspirés que les scénaristes hollywoodiens, conçoivent et construisent des faits sensationnels qui captivent l’attention de l’opinion. Les premiers faits montés pour détourner l’opinion de sa concentration dans le suivi de la gestion des affaires par le pouvoir en place, ont été le « phénomène » de la destitution en série des maires.
Le scénario tel que mis en branle voulait faire passer ce vent de destitution comme étant la volonté des conseillers. Cette destitution de maires a été tellement médiatisée qu’elle a constitué le principal sujet de discussion des émissions de débats des chaînes de radio et de télévision durant des mois. Pendant que l’opinion se préoccupait de ce phénomène, elle manquait d’attention sur la gestion des affaires du gouvernement, telle la privatisation généralisée des entreprises d’Etat.
Les premières privatisées étaient les trois structures sous la tutelle du ministère de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche. C’est dans la même période que le gouvernement a décidé de la mise en affermage de certains hôpitaux publics au profit des opérateurs privés qui recevaient ainsi des hôpitaux nouvellement construits sous l’ancien régime, et dotés d’un plateau technique impressionnant. La privatisation des entreprises d’Etat a connu un autre pan avec le retour du programme de vérification des importations, Pvi, que certains ont assimilé à la privatisation tacite de la douane.
Puisque le retour du Pvi dépouille celle-ci de l’une des ses missions principales qui porte sur la vérification des produits importés. Pour détourner davantage l’attention de l’opinion de ces actes de privatisation scélérate des entreprises d’Etat, les stratèges ont pensé et monté une deuxième vague de faits distractifs : c’est la production des crises au sein des formations politiques. L’avènement de ces crises devrait captiver l’attention de tous. Et c’est pendant que ces crises défraient la chronique que le processus de privatisation des entreprises d’Etat continue en sourdine, sous des appellations diverses : gestion déléguée, gestion sous mandat etc.
Le Cnhu, le Port autonome de Cotonou, Libercom, la Sbee sont ainsi recensés. L’annonce de la privatisation de ces entreprises a suscité des réactions autant de la part des travailleurs que de certaines confédérations syndicales. C’est donc pour étouffer les velléités de ces esprits curieux que l’idée de produire un troisième scénario de distraction de l’opinion est née. Cette fois, c’est l’arrestation de personnalités, notamment des ordonnateurs de budget qui est pensée sous le couvert de l’action contre l’impunité. Après l’interpellation du maire de Porto-Novo et de ses collaborateurs qui n’a pas produit grand écho, c’est le maire de Cotonou qui est mis sur orbite.
Les arguments justifiant la perquisition de son domicile sont si accrocheurs qu’ils vont susciter le débat avec l’entrée en scène d’acteurs politiques de renom. Avec ce nouveau dossier, les scénaristes sont sûrs de garder le public en haleine pendant quelques mois. Le temps de poursuivre la privatisation des entreprises d’Etat sans susciter l’indignation et la réaction de l’opinion
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