Bénin : Le Ministre Attanasso met en doute les compétences nationales

Tout porte à croire aujourd’hui que madame le ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, met en doute les compétences des enseignants du supérieur nationaux, à former des docteurs pour servir dans l’enseignement supérieur au Bénin(Elle bloque le recrutement dans l’enseignement supérieur). C’est ce à quoi on est tenté de penser après avoir écouté le ministre lors de sa dernière sortie médiatique sur l’Ortb, où elle mettait l’accent sur les enseignants de la diaspora qu’elle compte recruter pour servir désormais au Bénin. Les docteurs en instance de recrutement ont fustigé cet état de chose lors de leur dernière assemblée générale, tenue au campus d’Abomey-Calavi.

L’Université d’Abomey-Calavi ne pourra pas combler les besoins en enseignants, même avec un recrutement de 2730 enseignants. Même si l’on se réfère au Pag du gouvernement du président Talon et que les 1600 enseignants prévus sont recrutés dans les Universités publiques, on sera encore loin du compte et c’est le système LMD en vogue dans les Universités du Cames qui en souffrira encore longtemps. Dans les universités publiques du Bénin, le nombre d’étudiants ne cesse de croître au fil des années. La professionnalisation de la formation de ces étudiants suppose un meilleur encadrement. Mais, force est de constater que le nombre d’enseignants dans les universités diminue chaque année du fait des nombreux départs à la retraite alors que le nombre d’étudiants augmente. Dans ce contexte, une initiative (100 enseignants par an), avait été prise par les gouvernants depuis l’année 2008 pour combler le déficit d’enseignants dans les Universités publiques. Mais ce nombre se révèle aujourd’hui insuffisant à cause du grand nombre de départs à la retraite depuis 2016. Et c’est dans ce contexte déjà difficile pour les Universités publiques que le recrutement dans l’enseignement supérieur est bloqué depuis l’avènement à la tête du Ministère de l’Enseignement supérieur, la ministre Odile Attanasso.

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Un déficit d’enseignants à combler

Selon les conclusions du séminaire de Bohicon organisé par le ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique sur la mise en œuvre du système Licence-Master-Doctorat (LMD), il est à retenir que ledit système est irréversible. Cette irréversibilité du système fait obligation aux décideurs politiques de prendre des mesures en vue du respect des normes en la matière. En effet, selon les normes LMD, le ratio normal recommande de 25 à 30 apprenants par enseignant. Mais selon les statistiques actuelles sur l’Université d’Abomey-Calavi seule, il ressort un déséquilibre accru qui nécessite au moins de 2730 enseignants. Le recrutement d’Enseignants-Chercheurs se révèle donc impérieux pour assurer un enseignement et un encadrement efficient des futurs cadres et acteurs du développement du Bénin que sont les étudiants.

Dans la logique de la satisfaction de cet impératif de souveraineté nationale, le 16 décembre 2016 lors du lancement du Pag, le gouvernement du président Patrice Talon après avoir fait l’état des lieux, a projeté de réduire la marge de ce déficit en recrutant pour le quinquennat 2016-2021, un effectif de mille six cent soixante-cinq (1665 enseignants), soit une moyenne de 333 enseignants par an. Pour confirmer cette volonté, il est prévu le recrutement de 600 doctorants qui seront formés Docteurs dans plusieurs domaines d’utilité socio-économique et politique, en vue de contribuer à garantir de façon pérenne l’existence de ressources humaines qualifiées dans le secteur de l’enseignement au niveau supérieur.

Une désolation affichée

Mais, force est de constater que selon la correspondance N° 2205/MESRS/DC/SGM/ DAF/SPRF/SA, du 03 juillet 2017 adressée à Messieurs les Recteurs des Universités Nationales du Bénin par le MESRS et ayant pour objet : Recrutement des assistants au profit des Universités, il est à retenir ce qui suit :

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– sur un besoin exprimé de cinq cents (500) enseignants à recruter par le MESRS pour le compte de l’année 2017, à travers sa correspondance référencée  (Cf Lettre n°0848/MESRS/DC/SGM/DAF/SPRF/SA 23 mars 2017), le Ministère des Finances et de l’Economie (MEF) a dans sa correspondance  (Cf Lettre n°1167-c/MEF/DC/SGM/DGB/DPSELF/SPB du 07 avril 2017) « expliqué que les crédits de recrutement au titre de l’année 2017 sont en régularisation du recrutement de cent (100) Assistants, effectué en décembre 2015».

–  le MEF aurait suggéré que le besoin de cinq cent (500) Assistants au titre de 2017 lui soit soumis pour sa discussion et son inscription au schéma d’emploi pour le triennal 2018-2020 qui serait en cours d’élaboration.

Après analyse de cette suggestion du MEF, il ressort que sur trois années académiques (2017-2018 ; 2018-2019  et 2019-2020), le gouvernement n’aura à recruter que cinq cents (500) Assistants, sur les mille six cent soixante-cinq (1665) initialement prévus pour 2016 à 2021 dans le PAG, soit moins de 30%.

En outre, dans le souci d’atteindre ses objectifs, le MESRS a procédé à un enregistrement en ligne des Béninois aussi bien de l’intérieur que de la diaspora, détenteurs d’un diplôme de doctorat, courant début août au 8 septembre 2017. L’ensemble des docteurs dans cette base avoisine un effectif de 665 après apurement de la base de données.

Des docteurs laissés en rad

Dans ce lot, il y a des bénéficiaires du programme d’allocation du Ministère de l’enseignement supérieur, détenteurs d’un engagement notarié pour servir l’Université après la soutenance de thèse, mais qui demeurent jusqu’à présent oisifs. Bloqués car ne pouvant faire valoir leurs compétences ailleurs sous peine de poursuites judiciaires de la part de l’Etat béninois, certains de ces docteurs ont été recrutés comme ‘’moniteurs’’ dans leurs établissements respectifs, suite à des tests. Mais il s’agit de contrats sans aucune garantie pécuniaire.

Grande a été la stupéfaction des docteurs en attente de recrutement d’entendre madame La Ministre lors de sa sortie médiatique, mettre l’accent sur le recrutement d’Enseignants de la diaspora pour venir servir dans les Universités Publiques du Bénin. Cette déclaration suscite bien des interrogations : les enseignants de la diaspora seuls sont-ils capables de combler le vide existant dans les Universités publiques du Bénin ? De quelles compétences manquent donc nos docteurs locaux ? Pourquoi n’a-t-on pas fait venir lesdits enseignants de la diaspora plus tôt, pour servir leur pays ? Quelles sont les conditions créées aujourd’hui qui diffèrent de celles qui ont poussé ces enseignants à aller servir à l’extérieur ?

Mme la Ministre veut-elle remettre en cause la capacité intellectuelle des Professeurs des Universités publiques du Bénin, pourtant internationalement reconnue et dont elle-même fait partie ?…

Une attitude du ministre dénoncée

Le Bénin notre pays dispose à suffisance de cadres compétents formés sur place, qui sont prêts à accompagner les ambitions du gouvernement et du Ministère dans leurs efforts de modernisation des enseignements dans les Universités publiques du pays.  Cependant, ils fustigent la démarche de Madame la ministre qui refuse toute discussion avec le bureau du cercle des docteurs, et le caractère humiliant de ses propos qui portent à croire que les Universités publiques du Bénin ne disposent pas, en gros, de ’’compétences’’ suffisantes

6 réponses

  1. Avatar de Je suis ce que je suis
    Je suis ce que je suis

    Le Bénin ne dispose pas encore des ressources requises pour former des docteurs compétents et talentueux. Les travaux des docteurs formés sur place n’apportent rien à l’avancement de la science. Le problème n’est pas seulement la compétence des formateurs mais les matériels, les infrastructures, les laboratoires, les groupes de recherches, etc. ne sont pas là. Avant d’autoriser ces genres de formations, une institution internationale d’accréditation devrait être interrogée; pas juste le Cames. Maintenant, comment elle compte convaincre les docteurs de la diaspora pour venir à la rescousse avec les genres de salaires que le gouvernement offre en général ? Bonne chance à elle !!!!

  2. Avatar de joeleplombier
    joeleplombier

    Comment voulez-vous qu’il en soit autrement. Une honte la distribution du doctorat au Benin pour permettre à des incompétents de rejoindre le prestigieux corps professoral de l’enseignement supérieur.
    Sur ce coup ; bravo à la dame qui connaît parfaitement les lacunes des vrais-faux  «  docteur « de nos universités.
    Honte à eux. 
    Désert de compétences ; il n’y a qu’un pas.
    Pauvre de mon pays.

  3. Avatar de Steeve
    Steeve

    C’est dommage que l’article ne donne pas assez d’éléments pour prouver les intentions de la ministre. Ce gouvernement que je soutiens par ailleurs sur beaucoup d’autres sujets, semble parfois prendre le raccourci que les meilleurs sont formés à l’extérieur. Des compétences formées au Bénin, il y en a mais pas dans toutes les filères, ni où il faut. Par exemple, les départements de mathématiques manquent cruellement de staticiens et autres ressources en mathématiques appliquées; pendant ce temps, beaucoup vont faire des thèses en cosmologie…..

    1. Avatar de aziz
      aziz

      Les cadres..docteurs beninois formés…en occident…sont bien formés..mais certaines tares sociologiques,des moeurs…font qu’ils ne peuvent pas..donner le meilleur d’eux memes….

      Par contre..ceux formés..dans les anciens..pays de l’est..et qui n’ont pas eu la chance d’aller reprendre les choses en occident…ne valent rien…..

      La plus part vendait plus du caviar,des petits slips,et soutiens gorge,des parfuns de chez tati..et des ouevre d’art volés….que d’etuder

      J’assume mes propos..

  4. Avatar de Amaury
    Amaury

    Cette vieille acariatre profite de sa situation actuelle pour prendre sa revanche sur le corps professiral qui l’aurait brimée au cours de sa carrière.
    Vivement que Pata la recadre car elle fait trop de conneries.

  5. Avatar de Tchite'
    Tchite’

    J’en connais qui a fini sa these a’ l’exterieur et qui attend toujours d’etre appeler a’ l’UAC pour sa these locale et son doctora. Ceux la’ sont legions et s’ajoutent a’ ceux qui ont deja’ le doctorat et attendent de servir, d’en jouir dont cet article parle.

    Depuis tout le temps que cette universite’ existe, qu’elle sont les recherches scientifiques concretes qui y sont faites et quels impactes ont -ils eu sur la vie socio-economique du pays?

    Tant de questions pertinenentes qui restent sans reponses.

    Il faudra revoir donc tout le systeme educatif du pays qui permet de delivrer des diplomes sans permettre de creer la richesse ni sur le plan local ni sur le plan international.

    A bas la bureaucratie grotesque! Ce systeme a bien montre’ ses limites d’ou’ en vient en Europe.

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