Burkina Faso : retour sur l’Allocution du président Emmanuel Macron

En 1h et 45 mn, le président français Emmanuel Macron s’est adressé aux étudiants de l’université Joseph Ki-zerbo de Ouaga 1, en présence de son homologue burkinabé, Marc Christian Kaboréet de nombreuses personnalités du pays des hommes intègres. Cette longue allocution suivie des questions des étudiants et des réponses de l’orateur, a marqué une nouvelle ère dans les rapports entre la France et l’Afrique.

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Au cours de son allocution, le président français a abordé plusieurs sujets.

De la traite des migrants en Lybie

Sur l’esclavage en Lybie, le président Macron a qualifié la traite des noirs en Lybie comme étant « un crime contre l’humanité ». Il a à cet effet proposé de soutenir l’évacuation des migrants de la Lybie, vers leurs pays de provenance. Il a aussi proposé de créer une initiative « euro-africaine » qui se chargera de frapper les « organisations criminelles et les réseaux de passeurs qui exploitent les migrants subsahariens ».

Dans le cadre des questions réponses avec les étudiants, une étudiante a évoqué la question de sous location de la traque des migrants dans certains pays du continent. La réponse du président Macron à cette préoccupation, a consisté à dire que la solution à ce problème est à étudier de concert avec les pays africains d’où partent les migrants.

Du passé colonial de la France

Sur le poids de l’histoire coloniale, le président français a reconnu le passé douloureux des Africains marqué par des « fautes et des crimes », même s’il trouve que ses rapports n’étaient pas seulement défavorables à l’Afrique. Pour lui, il y a aussi eu de « grandes choses et des histoires heureuses ». Il invite toutefois les Africains à ne pas faire une fixation sur ce passé parce que pour lui, il s’agit d’« un passé qui doit passer ». Un peu comme pour inviter les Africains  à tourner la page et à regarder devant. Il a justifié cette posture par le fait qu’il est de la génération qui n’a pas vécu ses faits. Il a dit appartenir à la génération qui se souvient de l’Afrique par la victoire héroïque de Nelson Mandela sur le régime de l’Apartheid.

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Des documents sur l’assassinat de Thomas Sankara

Sur l’assassinat de Thomas Sankara, le président Macron a promis de procéder à la dé-classification des documents produits par l’administration française et qui étaient frappés du sceau de secret défense. Il a rassuré l’assistance que ces documents surtout après 25 ans, pourront être consultés par les chercheurs ou la justice burkinabé. Cette déclassification de documents devra permettre de donner un coup d’accélérateur aux enquêtes ouvertes sur ce dossier, et de permettre de déterminer le niveau de responsabilité de la France dans cet assassinat, qui est souvent présenté comme ayant été commandité par un ancien président français.

De l’extradition de François Compaoré

Toujours sur le terrain de la justice, le président français a dit ne pas vouloir influencer l’action de la justice à cause du principe de la séparation des pouvoirs. Il a tout de même précisé que depuis son interpellation en France le 29 octobre 2017, la justice lui a interdit de sortir du territoire français et de se présenter régulièrement à la police. Il a tout de même espéré que la justice française examinera positivement la demande d’extradition de ce dernier vers le Burkina. Lui à qui on attribue l’assassinat au Burkina Faso du journaliste Norbert Zongo.

La question du Fcfa

Sur le franc Cfa enfin, Emmanuel Macron a précisé que : « la France n’est pas le maître, mais le garant ». Même s’il s’est emporté par la suite en déclarant que l’avenir du Fcfa dépend des dirigeants africains : « si le président décide demain qu’il ne veut plus, il sort c’est tout ». Malgré ses assurances à ne pas afficher une posture de donneur de leçons, tout le monde a remarqué la gêne qu’éprouvait le président français en abordant cette question. Sa réponse reste ambigüe et cela se comprend qu’il ne peut pas lui-même scier la branche sur laquelle il est assis. Il a appelé les Africains à réfléchir sur cette question sans passion en indiquant que le Fcfa apporte seulement la stabilité, mais que son périmètre peut s’élargir notamment avec un pays voisin comme le Nigéria.

La colère de Macron s’est dévoilée aussi en parlant de la réserve d’or africaine gardée au trésor français, pour assurer la convertibilité du Fcfa : « si quelqu’un me montre là où il y a de l’or burkinabé en France, je serai preneur. L’or du Burkina n’est pas en France, il est au Burkina ». C’est l’une des seules questions qui ont suscité le courroux du chef de l’Etat français au cours de ses échanges avec l’auditoire. Mais il faut reconnaitre en général que la partie n’a pas été aisée pour l’orateur qui a tantôt reçu des applaudissements, tantôt essuyé des cris de désapprobation et des réactions épidermiques. Le Burkina a montré l’exemple d’une Afrique qui a cessé de s’émerveiller de la venue des dirigeants occidentaux, pour transformer ces visites en occasions de langage franc et de vérité sans complexe aucun

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