Spéciale St Valentin : Yayi/Talon, retour aux sources d’une histoire d’amour qui a évolué du duo au duel

Des révélations, au jour le jour. Parfois troublantes, souvent fracassantes, toujours croustillantes. Elles sont l’œuvre d’un homme, pas n’importe lequel. Un homme qui a côtoyé le prétendant à la Marina, Boni Yayi,comme le slip côtoie l’anus, de 2002 jusqu’au moins au 06 avril 2006. Il a ensuite été Conseiller Technique à la communication du président Boni Yayi entre 2006 et 2011. Puis, il a fondu dans l’anonymat…

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Depuis peu, comme dans une théorie de la génération spontanée, il a refait surface, sous un jour que tous ne lui connaissaient pas. Tiburce ADAGBE, l’homme de main, l’homme de confiance, le fidèle d’entre les plus fidèles, est un ouvrier de (l’avant) première heure de l’accession de Boni Yayi à la Magistrature suprême. C’est ce même Tiburce qui, depuis peu, exhume de sa mémoire et dévoile sur la toile, quotidiennement, au détail près, les coulisses de ce que fut la conquête puis la gestion du pouvoir par Thomas Boni Yayi. Jusqu’aux faits les plus sordides… jusqu’aux coups les plus tordus… Jusqu’aux actes illicites…

Comme les télénovelas, mais en vrai !

L’histoire, est relatée comme un feuilleton à haute dose de suspense. Un feuilleton diffusé au quotidien sur les réseaux sociaux, Whatsapp notamment. Mais un feuilleton qui, dans sa trame, n’emprunte rien à la fiction. Les personnages aussi sont réels, connus de tous pour la plupart. Le titre de cette ‘‘True story’’ est déjà assez évocateur : Mémoire du chaudron. Un roman-réalité qui n’est pas encore mis sous presse, mais dont la version papier est d’ores et déjà programmée pour être un best-seller. Tous ceux qui ont eu le bonheur de tomber sur l’un des 30 épisodes publiés à ce jour sur les réseaux sociaux, frissonnent d’impatience dans l’attente de la prochaine livraison. Mais que raconte exactement Tiburce ADAGBE dans ‘‘Mémoire du chaudron’’ et qui provoque un tel plaisir chez les uns et l’ire des autres ? Quelques extraits…

Et Patrice Talon débarqua…

La mémoire collective sait que Patrice Talon a joué un rôle majeur, un rôle déterminant dans la campagne électorale qui porta Boni Yayi au pouvoir en 2006. Mais il faut lire ‘‘Mémoire du chaudron’’ pour connaître le comment du pourquoi. L’auteur décrit l’ambiance de la campagne électorale. Episode 6, il écrit : « En 2005, à un an de la présidentielle, notre machine était grippée, inopérationnelle. Le problème ? Il n’y avait pas d’argent. Yayi avait beau jouer avec le temps en repoussant toujours à plus tard le moment de sortir le nerf de la guerre, je compris très vite qu’il était très loin d’avoir les moyens financiers de la bataille qui s’annonçait (…) »

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A ce moment, Tiburce Adagbé forme avec Charles Toko un tandem au four et au moulin, mouillant le maillot à l’épuisement, pour le triomphe de leur candidat. Ils partagent leur pessimisme quant à la tournure que prennent les événements. Dans cette ambiance morose, il se produit un fait tout sauf anodin. Tiburce relate, toujours dans l’épisode 6 : « Puis un soir d’août 2005, Charles me téléphona, très enthousiaste : ‘‘Tiburce, on a gagné. C’est plié. Patrice est entré dans la danse’’. ‘‘ C’est qui Patrice ?’’, lui demandai-je. Tu ne connais pas Patrice Talon ? Viens…viens…viens ! Je suis au bureau. » Fin de l’épisode. La suite dans le prochain épisode. Le suspense est entier. Les lecteurs rongent leurs freins, attendant le prochain acte comme les fous du foot-plasma attendent la rencontre de ce soir entre le Real et le PSG.

Le lendemain arrive. L’épisode 7 aussi. On lit et on apprend que Tiburce s’est rendu à Atinkanmey, où le journal Le Matinal avait alors son siège. Il y a rencontré Charles Toko, exubérant. Extrait de l’épisode 7 : « Tiburce, me confia-t-il, tu ne connais pas Patrice mais tu vas le connaître bientôt. C’est l’homme le plus riche du Bénin, mais aussi le plus effacé. Il a décidé de soutenir Boni Yayi… » A partir de ce moment, la campagne pour la présidentielle de 2006 entre dans une toute autre phase, comme le découvriront ceux qui auront l’occasion de lire ‘‘Mémoire du chaudron’’.

D’ailleurs, c’est toujours en lisant ce roman-réalité que l’on est définitivement fixé sur certains traits inavoués de la personnalité de Patrice Talon. Certaines personnes, qui observent le personnage à distance, ont dû remarquer que Patrice Talon est sans doute de ceux qui ont une certaine pudeur à afficher leur côté ‘‘tendre’’ de peur sans doute de passer pour sentimentaliste voire faible. Le témoignage de Charles Toko, rapporté par Tiburce Adagbé, dévoile l’homme, épisode 7 : « Je peux te jurer sur la tombe de ma maman que s’il me reste un seul ami à Cotonou, ce sera Patrice. Il m’a aidé à un moment crucial de mon parcours, quand tous ceux sur qui je comptais me mettaient sur répondeur. C’était quand je courais pour lancer le journal Le Matinal. Il m’a fait un chèque de 8 millions sans demander aucune garantie. Et quand au bout du processus de création de la société, j’étais allé lui faire signer les documents consacrant son statut d’associé, il avait décliné l’offre… »

Kpakpato sur la presse en période de campagne électorale…

Ce qui fait le charme et l’attrait de ‘‘Mémoire du chaudron’’, c’est surtout cette récurrence à porter les faits de couvents à la lumière. Ces coups lisses sans cessent portés aux coulisses, ces choses de l’ombre mises à nu. Comme ces échanges de bons procédés entre journalistes et cellules de communication des candidats en période de campagne électorale. Episode 8 : « Avec Charles, j’occupais, en bas, la salle réservée à la cellule de communication et qui deviendra rapidement un passage obligé pour la quasi-totalité des promoteurs de journaux à qui nous offrions quotidiennement une agréable raison de passer nous dire ‘’bonjour’’. Ceux parmi eux qui étaient d’un niveau supérieur et qui pouvaient nourrir quelque scrupule à se faire voir là, envoyaient se faire prendre le ‘’bonjour’’(…) Je commençais donc ma journée très tôt au siège par un survol des livraisons des journaux. Nos ‘’bonjour’’ assidus pacifiaient l’essentiel des contenus (…) »

Revue de troupe de tous les vrais acteurs de la campagne de Yayi en 2006

Mémoire du chaudron, c’est surtout la restitution, par une plume autorisée, de ce que fut réellement la campagne de Boni Yayi en 2006 ; de ceux qui en furent les principaux acteurs. On découvre ainsi, au fil des épisodes, des garçons de courses généreux dans l’effort à l’image de Macaire Johnson ; un Michel Alokpo tel que l’on l’a toujours connu, entre opportunisme, bouffonnerie et quelques coups d’éclats ; Amos ELEGBE qui raille la candidature de Boni Yayi, Tundé le mécène de première heure aussi encombrant que peut l’être une maîtresse en un jour de Saint Valentin, etc. La rencontre avec GG Lapino qui nous renvoie aux bons vieux souvenirs ; la douche froide chez le roi du Zinli Alekpehanhou, la ridicule solution de rechange appelée Somadjè Gbesso du rythme ‘’Alokpe’’ qui se révèle par la suite comme une belle trouvaille, le complexe de Boni Yayi et sa peur d’aller à la conquête d’Abomey. Etc., le feuilleton est tellement jonché d’anecdotes sulfureuses qu’on ne peut qu’en développer une addiction.

Bonus : La future ancienne première dame

Tiburce Adagbé écrit, Episode 21 : « Mes relations avec Chantal de Souza épouse Yayi, future première dame du Bénin, furent de tous temps glaciales sans que je puisse jamais m’en donner une explication. » Il évoque leur premier contact, au domicile à Tchaourou, en 2002 : « Le domestique me murmura quelque chose du genre ‘’allez saluer maman’’, puis il emprunta les escaliers avec mon sac. Je m’approchai puis lançai un ‘’bonsoir maman’’. J’eus comme toute réponse quelque chose qui me parut un léger raclement de gorge sans qu’elle tourne le regard vers moi. »

Et ce n’est qu’à l’épisode 23 que l’on en sait un peu plus sur les raisons d’une telle attitude. Extrait : « La vérité, pensai-je, c’est que Chantal n’aimait personne, du moins aucun de nous qui venions parler de ‘’2006’’ avec son époux. Pour elle, nous n’étions que d’impitoyables escrocs, vendeurs de chimères sans scrupule qui venions faire les poches à Yayi. Sa conviction était établie, son époux n’avait aucune chance de prospérer en politique, encore moins d’être président de la république. En deux ou trois occasions, elle le déclara aux visiteurs en exprimant son ras-le-bol face aux sangsues impénitents que nous étions… »

Et maintenant, la suite ?

Elle est attendue avec beaucoup d’impatience et plusieurs interrogations. Comme celle-ci : Qui a signé le dossier déposé au nom du candidat Boni Yayi en 2006 ? La question paraîtra idiote pour ceux qui ne savent pas de quoi on parle. Ceux qui ont lu ‘‘Mémoire du chaudron’’ jusqu’à l’épisode 29 publié hier, ceux-là vous confirmeront que cette question mérite d’être posée. Au moment où je rédige ces lignes, l’épisode 30 de Mémoire du chaudron est disponible et circule déjà sur les réseaux sociaux. Entre autres, Sacca Lafia y dévoile son visage de ‘‘capteur de fonds de campagne électorale’’. Et l’auteur de cette saga raconte la vraie histoire du slogan ‘‘ça peut changer, ça va changer, ça doit changer…’’

Maintenant, mea culpa. Ceux qui n’ont entamé la lecture de ce texte qu’à cause de son titre racoleur, ceux-là sont sans doute restés sur un goût d’inachevé. Mais je vous rassure : il en est bel et bien assez question de l’histoire d’amour à la ‘‘je t’aime, moi non plus’’ entre Boni Yayi et Patrice Talon, dans différents épisodes passés (et même à venir) de Mémoire du chaudron.

Conclusion. Vous voulez vraiment les clés pour décrypter cette idylle née comme le plus excitant des duos politiques et qui évolue désormais comme le plus palpitant des duels politiques ?

Vous saurez tous ce qu’il y a à savoir sur le tandem Talon/Yayi, et sur bien d’autres personnalités, en lisant Mémoire du chaudron…

PS : J’ai tous les épisodes précédents. A raison d’une béninoise glacée par épisode.

Le sorbonnard, en attendant…‘‘Mémoire du tire-bouchon’’

Yan Collince

7 réponses

  1. Avatar de Sonagnon
    Sonagnon

    Je disais pendant la campagne, que Patrice TALON et YAYI BONI, sont les deux faces d’une même pièce de monnaie!!!

    L’un est un arriviste, l’autre un inculte qui se prend pour le centre du monde.

    Le malheur de notre pays, c’est que ces deux personnalités occupent les premières responsabilités du pays.

    Sous YAYI nous avons vu les limites d’un homme qui n’est pas préparé à la magistrature suprême d’un pays.
    Sous TALON, c’est complètement à la négation du progrès auquel nous assistons.

    Recule du pays dans tous les domaines, au moins YAYI a peur, et il sait reculer.
    Mais TALON, lui a un héritage génétique qui lui permet d’évoluer dans le mal sans remord, et sans crainte.

    A la conclusion, le Bénin perd avec ces deux hommes.

  2. Avatar de BRICE
    BRICE

    D’Accord, tout bon béninois intello connait ces épisodes de récit politique. Ma seul opinion est de m’indigner, car Tiburce ADAGBE à fait fortune à la présidence sous Yayi. De sa simple mobylette BBCT à la présidence et après la présidence, il est devenu Patron tout azimut d’imprimerie flambant neuf, les 4X4 WV etc. les affaires entres deux avions Cotonou-Paris-Dubai-Cotonou. N’est-ce pas un bon spécimen des jeunes béninois qui veulent une réussite fulgurante !! En politique il faut savoir rester fidèle à une idéologie. Est-il politicien de YAYI ou homme d’affaire comme Talon. Il y a bien une ambiguïté dans ce personnage et le livre. Son poste à la présidence, ne l’avait-il pas obtenu grâce à sa femme parenté (lointaine) à Chantal « femme de YAYI » arrêtons un peu d’amuser les béninois et occupons nous du développement et de la lutte contre la misère.

    1. Avatar de GSM
      GSM

      Tiburce ADAGBE n’est pas un cancre. Il a du talent. Élève très brillant déjà au CEG 1 de Parakou, il est ensuite devenu un journaliste talentueux.Je suis heureux que ce jeune talentueux originaire d’Abomey mais qui a passé sa tendre enfance et tout son parcours scolaire à Parakou puisse faire un travail qui aidera les historiens et les hommes de sciences. Courage cher ami Tiburce.

  3. Avatar de OLLA OUMAR
    OLLA OUMAR

    Democrate , pas besoin d’article pour ternir l’image de ces deux .
    Si l’on doit vous suivre , les historiens et autres qui ravivent les mémoires , les faits sociaux , culturels , politiques et autres vécus , n’ont plus droit de cité sous le règne de talon ??? bien triste votre conception ; est pour celà que vous voulez réécrire l’histoire du benin à la mode dictatoriale Talon , en fomentant un projet bidon de révision de la constitution, en tentant de supprimer les droits de grève , en pillant le pays , en privant les beninois de leur liberté élémentaire , vous n’y réussirez pas 

  4. Avatar de democrate
    democrate

    Cet article est écrit juste pour ternir l´image de Talon et de Charles Toko.
    Pourqoi La nou-velle Tri-bune choisit de publier ces messages whasap en cette période?
    C´est un service pré-payé, il n´y a aucun doute, le chef de l´ex Yenwêland est de retour.

  5. Avatar de democrate
    democrate

    Quel est l´intérêt de publier un tel article aujourd´hui?
    Vous aimez toujours les polémiques dans ce pays, laissez ces histoires entre personnes au profit d´un travail productif comme l´agriculture.
    Quelle valeur ajoutée t´apporte personnellement ou à la nation tout le temps que tu as utilisé pour écrire cette connerie? A moins qu´il s´agit d´un service pré-payé surtout que l´auteur nous promet d´autres épisodes.
    Aprenons à mettre nos temps en valeur dans ce pays

  6. Avatar de Tibo
    Tibo

    J’ai hâte de lire tous les épisodes. Peut-être avec un peu de chance, je pourrais y découvrir pourquoi j’ai une admiration pour Monsieur Talon…même si ce qui s’écrit de lui dans la presse – de mauvaise ou de bonne foi – me semble exagéré.

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