Dans un an exactement, le Bénin vivra une grande effervescence électorale. Ce sera la tenue des élections législatives de 2019 qui consacreront la fin de la 8è législature et l’entrée en scène de la 9è législature. La tenue de ces élections à venir, après plus de la moitié du mandat présidentiel, aura au moins un enjeu capital : le contrôle de la majorité confortable au parlement tant du côté de la mouvance que de l’opposition. Pour atteindre cet objectif, chaque camp avec ses alliés convoquent des moyens loyaux, mais aussi déloyaux. Au constat, ce sont les coups bas et intrigues politiques qui prennent le dessus sur les débats d’idées jusqu’ici.
Il n’y a plus doute que c’est le 2è congrès des Forces cauris pour un Bénin émergent, Fcbe, des 10 et 11 février 2018 à Parakou, qui a servi d’acte de lancement de la précampagne des élections législatives 2019. A la suite des Fcbe, d’autres formations politiques ont tenu soit des conseils nationaux, soit des congrès, à l’instar du parti Alternative citoyenne, le week-end dernier à Abomey.
Le lancement de la précampagne a réussi à sortir de la léthargie, l’Union fait la Nation, que beaucoup donnait pour décapitée et donc incapable de se reconstituer, à annoncer la tenue de son conseil national pour ce mois de mars. Les cadres de cette alliance renseignent qu’il sera question de se muer en un grand parti politique. Dans la foulée, il est aussi annoncé la création d’un parti politique par un ancien candidat à la présidentielle. C’est dire que la compétition électorale à venir est déjà prise au sérieux par de nombreux les acteurs politiques.
Dans les états-majors des partis, c’est déjà les retrouvailles régulières entre membres du bureau politique pour définir des stratégies de conquête des électeurs.
Le recours à la politique des moyens
Aucune recette n’est épargnée pour atteindre cet objectif. C’est soit des passages sur les plateaux de télévision et dans les studios de radio ou encore des interviews sur les colonnes de journaux. Mais il y a aussi des conférences ou points de presse au cours desquels les organisateurs profitent pour charger ses adversaires politiques. Des affaires rocambolesques voire sensationnelles sont alors servies aux professionnels des médias avec pour ambition de jeter l’opprobre sur les éventuels concurrents aux législatives. Il est question de ternir l’image d’un candidat déclaré ou prétendu qui commence à obtenir la sympathie et l’adhésion de l’opinion à sa cause. Des tirs groupés de publication de presse et même des post sur des réseaux sociaux sont sollicités pour démonter sa popularité en puissance.
C’est dans ce sens qu’il faut comprendre la sortie d’un acteur politique au passé sulfureux qui lors d’une conférence de presse qu’il a animée il y a de cela quelques jours, en a trouvé l’occasion pour ternir l’image d’un autre acteur politique.
Mais le décryptage intelligible de son discours confus et touffu, a permis de se rendre compte que sa véritable cible était ailleurs. Cette même cible a fait l’objet deux jours après, l’objet d’un lynchage médiatique de la part d’un groupe d’organes de presse, réputés disponibles pour accomplir la besogne surtout si les espèces sonnantes et trébuchantes sont au rendez-vous. Il a été présenté sans éléments de preuves comme étant le commanditaire de la grogne sociale qui secoue le pays depuis deux à trois mois maintenant.
En lieu et place des débats d’idées, ce sont les intrigues et les coups bas politiques qui font recette. Certains candidats, en panne de propositions ou d’arguments de précampagne, sombrent dans la délation et la fabrication des accusations grotesques contre leurs adversaires politiques. D’autres poussent le bouchon plus loin en mettant sur pied toutes sortes d’artifices pour mettre hors de course les adversaires politiques. Ce constat est partagé par certains analystes qui voient derrière les poursuites judiciaires qui s’accompagnent de lynchage médiatique des supposés mis en cause, une opération de neutralisation des adversaires politiques.
L’urgence des débats d’idées
Tout cela au détriment d’une précampagne accrocheuse. L’opinion s’attend à ce que les candidats déclarés ou qui le prétendent, expliquent les raisons pour lesquelles ils sollicitent devenir des représentants du peuple au parlement ? Que chaque candidat explique d’avance si une fois élu, il composera avec la mouvance ou s’il ralliera l’opposition ? Il serait pertinent que les partis de l’opposition expliquent pourquoi ils veulent obtenir la majorité des députés au parlement et l’usage qu’ils feront de cette majorité ? C’est à cette même question que devront répondre les députés qui entendent compétir sous la bannière de la mouvance. Les réponses à ces interrogations appellent à des débats d’idées et non aux intrigues et coups bas politiques comme c’est le cas jusqu’ici.
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