Emprunts obligataires, émission de bons du trésor, mandat pour la recherche des investisseurs en vue de l’achat de la dette intérieure de l’Etat, c’est autant de mécanismes utilisés par le gouvernement depuis 2017 pour recourir à l’endettement.Au vu de toutes ces manœuvres pour obtenir des prêts, on est tenté de se demander ce que cache cette persistance du gouvernement à recourir aux prêts ?
C’est depuis 2017 que le gouvernement de la rupture recourt aux mécanismes d’endettement. Une grande curiosité surtout au vu de la récurrence et la proximité des périodes qui séparent ces appels de levée de fonds. Pour illustration, de seulement décembre 2017 à mars 2018, le gouvernement de la rupture a effectué six levées de fonds si l’on ajoute celui prévu pour le 29 mars 2018 prochain.
Si les opérations de levée des fonds ne constituent pas une exclusivité béninoise, la récurrence de celles-ci en moins de 4 mois intrigue. Déjà le 7 décembre 2017, le gouvernement a lancé un emprunt obligataire et a réussi à mobiliser 29 milliards FCFA. Le 20 décembre 2017, le gouvernement a lancé un autre emprunt obligataire et a obtenu à termes, 4 milliards FCFA sur les 35 milliards FCFA recherchés. Le 11 janvier 2018, un autre appel de levée de fonds est lancé avec à l’arrivée, 19 milliards FCFA de récoltés sur les 20 recherchés.
Le 1er février 2018, le gouvernement émet des bons de trésors d’une valeur de 15 milliards FCFA et n’obtient que 5 milliards FCFA. Le 15 février 2018, le gouvernement émet de nouveau des bons de trésors en vue de rassembler 15 milliards FCFA et n’a obtenu que 6, 8 milliards FCFA. Et pour le 29 mars 2018 prochain, le gouvernement a déjà émis des bons de trésor pour réunir 20 milliards FCFA.
Un rythme endettement vertigineux
Entre temps, le 1er février, à travers une note signée du ministre de l’Economie et des Finances, Romuald Wadagni, ce dernier au nom du gouvernement du Bénin, délivre à la société de gestion de l’intermédiation du Bénin, Sgi-Bénin un mandat. Selon les termes de cette décision du ministre des finances, ce mandat est délivré à cette société : « pour procéder à la recherche d’investisseurs potentiels pouvant racheter la dette intérieure bancaire du Bénin d’un montant indicatif de 350 milliards FCFA. Ce mandat précise clairement les attributions de la Sgi : « à cet effet, donnons mandat à la Sgi-Bénin pour négocier au mieux des intérêts de l’Etat béninois avec les potentiels investisseurs, toutes les possibilités, modalités et conditions de rachat de cette dette ».
La note du ministre des finances indique que cette mission de la Sgi dure 60 jours. On peut faire fi du faibleengouement manifesté par les investisseurs sur le marché financier de l’espace Uemoa à l’endroit des appels de levée de fonds lancés par le Bénin. Mais il sera important de s’interroger sur ce qui peut expliquer cette récurrence du gouvernement béninois à lancer des opérations de levée de fonds sur le marché financier de l’espace Uemoa. Faut-il prêter oreille à ceux qui depuis quelques mois avancent la thèse des caisses vides de l’Etat ? Assurément non, parce que la directrice générale du Fonds monétaire international, Christine Lagarde qui a séjourné au pays en 2017, avait adressé un satisfécit au gouvernement et encouragé une croissance de 05%.
Les mobiles de la dette
Des appréciations qui avaient suscité des réactions comme celles des économistes qui expliquaient que le Fmi ne se rend que là où l’économie se porte mal. Les faits donnent-ils raison aux tenants de cette thèse ? Osons émettre des réserves, pour se rappeler quand même qu’après les défalcations opérées sur les salaires de février 2018 pour fait de « grève illégale », certains syndicalistes étaient montés au créneau pour expliquer que le non-dit de cette opération, porte sur le fait qu’il n y avait pas de l’argent suffisant dans les caisses de l’Etat. Et l’appel de levée de fonds du 15 mars 2018 dernier renforce cette suspicion.
Par ces émissions de bons du trésor, le gouvernement recherchait dans l’urgence 20 milliards FCFA qu’il entend rembourser en juin 2018. Quelle peut être cette situation pressante qui contraint le gouvernement à rechercher 35 milliards FCFA à rembourser dans 3 mois ? Cette question les anglo-saxons diront qu’il s’agit du « one billion dollar question » pour dire simplement une question à la réponse incertaine. Ce qui est certain par ailleurs, c’est que le rythme de l’endettement du pays connait une croissance vertigineuse.
Les craintes légitimes d’un endettement irrationnel
Lors de son intervention au cours du meeting du congrès constitutif de l’Usl de Sébastien Ajavon, Léonce Houngbadji relevait que la dette du Bénin a déjà franchi le plafond de 4.000 milliards FCFA. Laissant observer que le niveau d’endettement du Bénin en moins de deux ans de pouvoir de la rupture est supérieur à 2.000 milliards FCFA. Un endettement qui ne se fait pas ressentir sur le terrain. Aucune réalisation concrète en dehors de quelques chantiers débutés sous Yayi qui s’achèvent sous l’actuel régime.
Faut-il craindre que ce rythme d’endettement dénué de réalisations visibles plonge le pays dans le cycle de remboursement des dettes sans connaître ce qui a été fait des dettes contactées ? Seulement, cette situation amène à se rappeler des explications du ministre des finances à l’assemblée nationale sur la consommation du budget national, exercice 2017.Soit un budget de2010 milliards que le ministre des finances dit avoir été exécuté à 92%.
Les acteurs politiques et les économistes continuent de se demander jusqu’à ce jour, dans quelle partie du pays les réalisations de ce budget ont été perceptibles en termes de routes, d’écoles construites, de centres de santé ou autres infrastructures ? Vous avez dit rupture, nous y sommes
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