Du 23 et 24 mars 2018 à Djèffaprès de 200 délégués venus des douze régions du pays se sont retrouvés pour réfléchir sur la création d’une nouvelle formation politique dont le nom de baptême est : l’Union sociale libérale, l’Usl. Ce parti politique vient ainsi enrichir l’opposition politique d’une autre formation qui devra renforcer une coalition des forces de l’opposition. Pendant deux jours, la localité de Djèffa dans la commune de SémèPodji a connu une effervescence particulière.
Les travaux du congrès constitutif de l’Union sociale démocrate avaient débuté le vendredi dans l’enceinte de l’institut supérieur des sciences et technique à Djèffa. Il était question de réfléchir sur la dénomination, le logo, la charte du parti, la définition de la politique générale. Les 200 délégués venus de toutes les régions du pays s’y sont attelés toute la journée de vendredi jusqu’à bien tard dans la nuit. Le samedi 24 mars 2018, jour du grand meeting, les militants venus également des différentes localités du pays, se sont joints aux délégués.
Pour les 20.000 militants et invités attendus, c’est le stade de cette université qui a servi de cadre, aménagé avec soin pour la circonstance. Les militants parés de T-shirt de couleur bleue, prenaient place sur des dizaines de milliers de chaises minutieusement classées face au long podium qui accueillait les invités de marque. C’est donc un stade bleui de militants et plein comme un œuf qui vu défiler l’arrivée des députés à l’Assemblée nationale, des têtes couronnées parmi lesquelles, le roi d’Allada et son épouse. Les présidents et représentants de partis politiques invités. Des personnalités de marque comme l’ancien président de la République, Dieudonné Nicéphore Soglo.
Des civilités
Après une série de prestations musicales pour tenir le public si hystérique, les choses ont commencé avec l’entrée dans le stade du président Sébastien Ajavon accompagné de l’ancien président Nicéphore Soglo. Salve d’applaudissements à l’endroit des deux personnalités jusqu’à leur installation à la tribune. Commence alors une série d’allocutions dont celle du président du comité d’organisation, Verant Ahouantchémè qui a souhaité la bienvenue à tous a remercié les congressistes pour l’étendue du travail abattu.
Le président du mouvement : Alternative pour la sociale gouvernance, Emile Koudjo, est venu lui aussi remercié les membres de ce mouvement pour le travail préparatoire qu’ils ont mené à sillonner le pays pour interroger les populations sur la meilleure forme de gouvernance qu’ils espèrent. Il a indiqué que le travail pour leur mouvement prenait ainsi fin et cédait ainsi le pas au parti politique qui vient d’être créé. Karim Bello qui a parlé au nom de la diaspora, a rassuré les militants sur le fait que la diaspora est prête sous la coordination de Sébastien Ajavon à venir investir au Bénin et de mettre ses compétences au service du pays. Il a rappelé à l’occasion que la diaspora est pétrie de compétences.Suivez son regard.
Des allocutions ovationnées
Le passage de l’He Basile Ahossi a été très applaudi et remarqué. Ce député de la 17è circonscription électorale, a expliqué les raisons pour lesquelles il s’est allié aux députés qui ont rejeté le projet de révision de la constitution. Il a indiqué pourquoi il a accepté de rejoindre le bloc de la minorité parlementaire. Il a dressé le tableau sombre de la gouvernance Talon dont la manifestation la plus visible est l’expansion de la misère. L’He Ahossi a surtout affirmé qu’il n’est pas facile aujourd’hui d’être démocrate au Bénin sans courir le risque d’être envoyé sous n’importe quel prétexte en prison.
Son allocution qu’il a délivrée sur un ton ferme et audible lui a valu un « standing ovation ». Et comme un bon orateur peut attirer un autre, c’est Léonce Houngbadji qui a confirmé toute l’admiration que le public lui voue Par une technique oratoire inspirée de Martin Luther King, le jeune politicien a su attirer la sympathie des milliers de militants présents en égrenant à la pelle les dérives managériales de la gouvernance. A Sébastien Ajavon, il a dit que : « c’est maintenant que le plus difficile commence pour toi. La dernière fois, on t’a mis 18 kg de cocaïne dans tes containers pour t’humilier, mais Dieu lui ne t’as pas humilié. Cette fois-ci ils vont certainement rechercher d’autres méthodes ».
C’est dans le même registre critique que Gilbert Kouassi, qui s’est aussi adressé au nom du parti communiste, à l’assistance. Il a déroulé une litanie de récriminations à l’endroit du gouvernement de la rupture. Le roi d’Allada est resté dans des dimensions spirituelles en prononçant à l’endroit du président d’honneur du parti, Sébastien Ajavon, des propos de bénédiction, mais aussi à l’endroit de l’assistance et du nouveau parti ainsi créé. Il a rassuré le président Ajavon du soutien inconditionnel de la Cour royale d’Allada. L
e Président Nicéphore Soglo est parti de la situation non reluisante de l’Afrique marquée par le phénomène de migration suicidaire vers l’Europe pour arriver au cas du Bénin. Il a noté que le pays a davantage besoin de paix, de pardon et de dialogue franc et sincère. Il a regretté l’annonce de l’adoption de la politique de la loi du Talion « œil pour œil, dent pour dent ».
L’ancien Président de la république trouve qu’à la place des idéologies cyniques à développer, le gouvernement gagnerait plutôt à avoir de la compassion pour les populations pauvres. Sébastien Ajavon, quant à lui, est revenu sur la présidentielle de 2016. Expliquant que des possibilités s’offraient à lui au second tour de cette présidentielles : faire des recours en se fondant sur des documents probants. Il dit avoir abandonné cette potion pour éviter de faire plonger le pays dans l’impasse.
Un congrès réussi malgré les tentatives de déstabilisation
Il a, à la place opté de soutenir le candidat arrivé second au premier tour, Patrice Talon, et ceci pour deux raisons : la première au nom de la parole donnée et la seconde parce qu’il était convaincu que trois ans d’exil pouvait transformer qualitativement un homme, mais au constat il a réalisé qu’il s’était trompé. C’est donc parce que le régime dont il a contribué à l’avènement au pouvoir s’écartait des principes directeurs de la gouvernance de la rupture, qu’il s’est démarqué de celui-ci. Et pour ne pas laisser le pays foncer vers l’abîme, il lui a paru incontournable de rompre le silence et l’inaction pour venir au secours d’un un peuple victime de tous les maux créés par une gouvernance insensible et impitoyable.
Ajavon rassure donc que l’Usl ainsi créé sera de tous les combats surtout électoraux. Le parti sera aussi prêt si nécessaire à rejoindre la grande coalition de l’opposition. C’est dans la liesse populaire que les dizaines de milliers de militants se sont séparés dans la tradition de bonne manière à l’Ajavon. Un congrès qui a été une grande réussite sur toute la ligne, malgré le refus à la dernière minute du stade Mathieu Kérékou pour la tenue de ce congrès. Il en est de même du refus de l’envoi des éléments de la police républicaine pour assurer la sécurité.
Eyangoh Ekolle, de retour de Djèffa
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