Bénin: Le Fitheb mis en berne sous la rupture

Le Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb) n’a pas échappé à la logique du gouvernement du président Talon de remettre en cause tout ce qui est fait avant son arrivée.Cette politique a engendré la suspension de toutes les activités de terrain de la direction du festival, et fait même rater l’édition 2018 qui était prévue pour mars, mais finalement renvoyée à novembre.

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La 13e édition du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb), tenue du 23 au 31 mars 2016 dans cinq villes du Bénin, a donné un nouvel élan à ce festival. Outre la biennale, la direction a initié et exécuté une panoplie d’activités -Fitheb migratoire, Fitheb des enfants, «Tous au Fitheb»-, pour maintenir la flamme et faire vivre le festival jusqu’à la prochaine édition, afin que les béninois partout où ils sont se l’approprient. Ce fut le début d’une renaissance.

Ceci, grâce à un budget octroyé par le régime Yayi d’une part, et aux sacrifices des acteurs du monde du théâtre d’autre part. Mais le gouvernement de la rupture a tôt fait de suspendre cette renaissance, sous prétexte qu’il fallait faire des réformes. Réforme sous ce régime étant synonyme d’arrêt, au lendemain du premier remaniement ministériel, un sursis a été mis sur toutes les activités par le ministère du tourisme, de la culture et des sports.

Du coup, l’édition 2018 prévue pour mars n’a pu se tenir. Pourtant, la Direction du Fitheb avait déjà entamé les préparatifs. Elle a même lancé courant le 2e semestre de l’année 2017, l’appel à création pour cette 14e édition de la biennale. Mais le gouvernement du président Talon n’a daigné rien faire pour accompagner la direction dans son engagement de tenir le festival à bonne date. Tout le discours gouvernemental à ce propos, se résumait au vocable «Réhabiliter et redynamiser le Fitheb».

Un rattrapage raté

Finalement, le ministre Homéky a certainement compris que c’était une mauvaise option de mettre le Fitheb en veilleuse et qu’il fallait se rattraper. Ce qu’il a voulu faire à travers une sortie médiatique le 27 mars 2018, dont le contenu n’a été que l’annonce d’un supposé Fitheb dit de « repositionnement » ou de « nouveau départ ». C’est un départ qui arrière ce festival, et l’on ne saurait parler de redynamisation. Comme s’il en était conscient, le ministre a subtilement fait l’option d’un point de presse et évité les questions des journalistes. Cela frise une mise en scène. C’est bien puisqu’il était question de théâtre, d’ailleurs c’était la journée mondiale du théâtre. Sinon, dans quelle stratégie de communication sérieuse un ministre vient-il annoncer la date et les innovations d’un événement aussi important que le Fitheb, sans autoriser les journalistes à poser des questions ? Un communiqué de presse aurait été plus conseillé. Encore que, si ce n’est pas pour un show médiatique, ce n’est pas le rôle du ministre.

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Du réchauffage

A voir de plus près ce « Fitheb du nouveau départ », il n’a pratiquement rien de nouveau, du moins pour «redynamiser» le festival. C’est plutôt du recul par rapport à l’élan amorcé à la 13e édition. D’abord, en termes de budget on nous apprend que ce sera 300 millions. Où se trouve donc le progrès, lorsqu’on se rappelle que pour la dernière édition, l’Etat seul y a mis 350 millions, et que la Direction du Fitheb en espérait plus pour la 14e édition !?. Ensuite, mettre dans la programmation des créations propres au Fitheb n’est rien de nouveau. C’est une tradition. La création du conseil consultatif pour la programmation et la création de villages du Fitheb, dans les six chefs-lieux où se tiendra le festival en novembre prochain, sont bien les seules innovations. Par ailleurs, pourquoi ce conseil aux côtés de la direction et du conseil d’administration, si ce n’est pour museler ces acteurs du théâtre, potentiels dénonciateurs de mauvais choix à propos du Fitheb?

Aussi, dans la pratique, les prétendus villages ne seront-ils que des sites de quelques animations, et dans ce sens il n’y a rien de nouveau. Le Fitheb ayant pour coutume d’envoyer des spectacles dans d’autres villes que Cotonou, on ne saurait avoir plusieurs villages du Fitheb à la fois si le gouvernement veut maintenir le caractère de quartier général, d’espace vital et central qu’on attribue à un village de festival. Et même si le ministre Oswald Homeky veut bien innover avec 6 villages du Fitheb, est-ce possible avec les 300 millions annoncés ? En tout cas, la concrétisation du rêve de l’actuel Directeur du Fitheb, Erick-Hector Hounkpè, de faire en sorte que «le Fitheb devienne le Fespaco théâtral du continent», n’est visiblement pas réalisable sous la rupture

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La Nouvelle Tribune

5 réponses

  1. Avatar de Anicet Adanzounon
    Anicet Adanzounon

    Le Directeur lui même est pris au piège. La culture n’est pas la priorité du gouvernement. Vivons l’espérance de la rupture et chacun tirera sa conclusion

  2. Avatar de OLLA OUMAR
    OLLA OUMAR

    Cette tête de lézard de hounkpe a aussi trouvé son mangement , ou son os à croquer avec talon , comme un ayadji , l’homme au gros nez 

  3. Avatar de luc djihinto metteur en scene promoteur culturel
    luc djihinto metteur en scene promoteur culturel

    en tout état de cause il nous faut un état fort . et pour vraiment aider les services traiteurs de la rupture il faudrait désengorger la grande gueule des loups . le fitheb ne mérite pas ces reformes mais une gestion autonome comme le port autonome. la sobemap et la sonapra. de même la nomination des dirigeants de ces structures devrait être a travers une élection libre et transparant.

    1. Avatar de OLLA OUMAR
      OLLA OUMAR

      Toi là , est-ce que tu t’es renseigné sur le sort de ces entités que tu cites ; va voir ce que talon en a fait , ou tu veux que talon envoie des belges prendre en charge la culture beninoise ( la bonne blague belge ) 

  4. Avatar de Adamon
    Adamon

    Le régime de TALON est un régime de dictature

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