Alors que certains syndicats ont levé leur motion de grève, d’autres refusent de jeter les armes, sauf si le gouvernement comble leurs attentes. Vue la force de frappe de ces derniers et la ténacité de la base à poursuivre la lutte, il est légitime de se demander si les acteurs du système éducatif béninois ne vont pas vivre une année blanche, étant donné que le gouvernement demeure réfractaire au dialogue social.
« La grève se poursuit ! Ne cédez pas face aux intimidations d’où qu’elles viennent ». Cet appel lancé par le secrétaire général confédéral Nagnini Kassa Mampo, dans son message adressé le lundi 23 avril aux travailleurs, est plein de sens. Le dénouement de la crise sociale qui sévit depuis environs trois mois dans le secteur de l’éducation, n’est pas pour demain. Et ceci, même si plusieurs centrales et confédérations syndicales ont jeté les armes en levant leur motion de grève.
Il s’agit notamment de la Csa, de la Cspib, la Csub, la Cgtb et récemment du Front d’action des syndicats de l’éducation. Nonobstant cette levée de motion, les enseignants entendent poursuivre les mouvements de débrayage sans ces syndicats. Le mot d’ordre n’étant pas suivi par la base qui considère la levée de la motion de grève comme une trahison, un coup de poignard dans le dos des travailleurs. Une situation qui conforte la Cstb, la Cosi-Bénin et l’Unstb, toutes tenaces et déterminées à poursuivre la grève jusqu’à satisfaction des revendications.
Entres autres revendications, l’application des arrêtés portant statut particulier des enseignants, la rétrocession des salaires défalqués, la jouissance effective des avantages contenus dans les 08 premiers projets d’arrêtés. Une question s’impose dès lors. Jusqu’à quand prendra fin ce bras de fer entre syndicats et gouvernement ? Nul ne peut encore y répondre. Tout ce qu’on sait, c’est que malgré trois mois de lutte acharnée, le gouvernement reste campé sur sa position, celle de ne pas satisfaire les revendications des syndicats. Quoique ceux-ci restent toujours ouverts aux négociations. Situation qui n’est guère à l’avantage de la nation, ni du gouvernement lui-même. Il est très fort probable que les syndicats encore engagés dans la lutte ne cèdent à aucune intimidation, et poursuivent la grève jusqu’à obtenir gain de cause. Et, alors que le gouvernement Talon reste réfractaire au dialogue social, l’année blanche que craint tout le monde pourrait être une réalité. Ce qui serait un coup dur pour le système éducatif béninois déjà enclin à la déliquescence.
Le gouvernement appelé à prendre ses responsabilités
Lors de la conférence de presse animée le vendredi 20 avril 2018, les ministres en charge des trois ordres d’enseignement au Bénin ont évoqué un possible réaménagement du calendrier scolaire, au cas où les mouvements de débrayage cesseraient cette semaine pour sauver l’année en cours. Voilà que le mois d’avril court vers son terme, et que la crise sociale perdure. A quoi donc s’attendre demain ? S’il est vrai que la crise préoccupe le gouvernement, il devra faire face à ses responsabilités car c’est lui qui a le pouvoir de satisfaire les revendications des travailleurs.
Plusieurs alternatives s’offrent à lui. D’abord, il faudrait que le gouvernement renoue avec le dialogue tel que souhaité par la Cstb, la Cosi et l’Unstb, dans la correspondance adressée au Chef de l’État en date du vendredi 20 avril 2018. C’est un geste crucial pour un apaisement social. Ensuite, en s’inspirant de son prédécesseur qui a eu le mérite de sauver une année blanche à la dernière minute, Patrice Talon ferait mieux de satisfaire les revendications des syndicats, quelques-unes tout au moins. Cela pourrait amener les syndicats qui ne veulent plus écouter juste des engagements du gouvernement à lâcher prise
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