Bénin : pour assassinat, Pierre P. Abbey écope de dix ans de réclusion criminelle

Le premier dossier inscrit au rôle de la première session de la Cour d’assises démarrée ce mardi 3 avril 2018, porte sur l’assassinat d’une dame à Cotonou, courant novembre 2015.L’accusé Pierre Pyrrus Abbey à la barre, n’a pas nié les faits. Après la plaidoirie de la défense, la Cour l’a condamné à dix ans de réclusion criminelle.

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Pierre Pyrrus Abbey, cuisinier de formation, célibataire sans enfantsné le 22 août 1970 à Cotonou etmis en détention depuis le 22 novembre 2015, est fixé sur son sort ce mardi 03 avril 2018 par la Cour d’appel. Dans le cadre de la première session de la Cour d’assises de l’année 2018, le premier dossier au rôle de la Cour porte sur l’assassinat de dame Cécile Zounnon.

L’accusé Pierre Pyrrus Abbey à la barre, a confirmé les faits pour lesquels il est incriminé. En effet, le nommé Pierre Abbey est locataire de la dame Cécile Zounnon depuis environ huit ans, et habite la maison avec son épouse.Un jour, il a découvert l’apparition mystérieuse d’un hibou dans la cour de leur concession. Il a décidé de tuer l’oiseau, mais il s’est confronté à l’opposition farouche de Cécile Zounnon, sa propriétaire qui a menacé d’en découdre avec lui s’il tuait la bête.

L’épouse de Pierre Abbey s’est retrouvée enceinte quelque temps après, et elle a eu de nombreuses complications qui l’ont emmenée à être admise à l’hôpital Bethesda. Soumise à des transfusions sanguines toutes les trente minutes ; elle a ensuite été évacuée au Centre national hospitalier universitaire Cnhu, où elle a rendu l’âme après avoir fait une fausse couche. C’était en février 2015.

Dans la foulée, Pierre Abbey a désigné sa propriétaire, dame Cécile Zounnon, comme responsable du décès de son épouse et l’a soupçonnée de pratique de sorcellerie.C’est ainsi que le mardi17 novembre 2015, aux environs de 5h30 alors que Cécile Zounnon revenait de la douche, Pierre Abbey qui a expliqué qu’il s’apprêtait à aller au Port de Cotonou, est allé chercher un couteau dans sa chambre et a poignardé sa victime, abandonnant sur les lieux le couteau avant de prendre la fuite. Le drame s’est produit à Xwlacodji, mais l’accusé a indiqué s’être délibérément rendu aux autorités de la brigade de Hêvié.

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Mis en accusation conformément aux articles 218, 219, 231, 234 et 235 du code de procédure pénale pour assassinat, l’accusé a reconnu tous les faits qui lui sont reprochés à toutes les étapes de la procédure. A la barre ce mardi 3 avril 2018 au matin, Pierre Abbey a précisé qu’il regrette son acte sous prétexte qu’il ne sait pas l’esprit qui l’a animé ce jour-là. Il a expliqué que trois jours après le décès de sa femme, dame Cécile Zounnon l’a menacé, en déclarant qu’il serait la prochaine victime.

« Après le décès de ma femme, dame Cécile a changé de comportement envers moi, ce qui laisse croire qu’elle serait l’auteur de la mort de ma femme. C’est à partir de là que j’ai commencé à chercher des occasions pour me venger », avait-il confié à l’instruction.

Le ministère public représenté par le procureur général près la Cour d’appel de Cotonou, Emmanuel Opita, demande à l’accusé de dire pourquoi il a pensé que dame Cécile Zounnon a tué sa femme. Dans ses propos, Pierre Abbey a fait savoir que depuis la mort de sa femme, dame Adamou Maïmounatou, survenue en février 2015 au Cnhu de Cotonou, sa propriétaire se terrait dans sa chambre.

« Quand je l’ai soupçonnée, je n’ai eu aucune autre intention », a clarifié l’accusé à la cour.

Entre- temps, le sieur Abbey a exprimé son intention de partir de la maison, mais la propriétaire lui aurait demandé de consommer son avance de huit mois. Des questions de clarification de la défense, du président de la Cour et du ministère public, ont permis à l’accusé d’apporter des précisions sur certaines déclarations qu’il avait faites. La fille de la victime par contre a indiqué que deux enfants de la dame sont décédés, un serait porté disparu depuis des années. Elle a confié à la cour qu’elle n’exige pas de dommage.

La réquisition du ministère public

Le ministère public a été formel dans sa réquisition. La vie humaine est sacrée et inviolable. Tout individu a le droit à la vie et à la sécurité au regard des dispositions de la Charte Africaine des droits de l’homme et des peuples, qui fait partie intégrante de la Constitution du 11 décembre 1990. Emmanuel Opita a précisé qu’il résulte de ces dispositions que nul n’a le droit d’ôter la vie à son prochain. Mais il se désole que malgré ces dispositions, l’accusé Pierre Abbey comparaisse devant la Cour pour répondre de fait d’assassinat.

De tels actes ne peuvent être tolérés dans notre société, surtout que les éléments légaux, matériels et intentionnels tendant à une préméditation traduite par le guet apens, sont réunis. Il a fait preuve d’un sang froid qui n’a pas permis à sa victime de suspecter son plan, a fait remarquer le ministère public qui a conclu à un acte de préméditation marqué par une volonté persistante. Les articles 295, 298 du code de procédure pénale sanctionnent par une peine à perpétuité cet acte. Mais la législation en vigueur nele permet pas. C’est pourquoi le Ministère public a requis quinze années de réclusion criminelle contre l’accusé, et l’a condamné au frais.

Le verdict de la cour

La défense a plaidé coupable et a imploré la clémence de la Cour. Car tout péché avoué est à moitié pardonné d’après Me Mohamed Toko, soutenu par Me Saïdou Agbantou deux avocats commis par l’Etat. Il s’agit d’un dossier empreint de sorcellerie selon la défense. Toutefois, le ministère public a martelé que nul n’a le droit de se faire justice.

La défense a invité la Cour à tenir compte des éléments sociologiques pour revoir la peine requise par le ministère public. Le rapport d’expertise psychologique et psychiatrique de l’accusé ne révèle aucun trouble mental dont il souffrait au moment des faits. Le psychologue a mentionné dans son certificat que l’accusé est de nature colérique et ne supporte pas les frustrations. Son casier judiciaire ne porte mention d’aucune condamnation, et l’enquête de moralité lui est également favorable.

Après la dernière suspension d’audience, la Cour a condamné Pierre Pyrrus Abbey à dix ans de réclusion criminelle. Il faut souligner que la cour a été présidée par le magistrat Hubert Arsène Dadjo, avec comme assesseurs Aboudou Ramanou Ali et Jules Chabi Mouka. Le ministère public a été représenté par Emmanuel Opita, procureur général près la cour d’appel de Cotonou. Le Greffier qui a tenu la plume a nom Christophe Cheou. La défense de l’accusé est assurée par Me Saïdou Agbantou et Me Mohamed Toko. Les jurés de la Cour sont Ezin-Wota Fatondji Hyacinthe, d’Almeida Sosthène, Gbedandé Coffi Prosper, Lèchekon Michel Moïse.

Une réponse

  1. Avatar de Alfred Cossi Chodaton
    Alfred Cossi Chodaton

    Étage affaire! La lutte contre les forces de sorcellerie n’est pas une lutte physique ou charnelle. « Car nous n’avons pas à lutter contre la chair et le sang, mais contre les dominations, contre les autorités, contre les princes de ce monde de ténèbres, contre les esprits méchants dans les lieux célestes. » (Éphésiens 6:12) C’est lutte doit être menée en étant encré en Jésus-Christ.

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