La tentative d’arrestation de l’homme d’affaires, Séfou Fagbohoun, ce lundi 16 avril 2018 par le Procureur de la République près le tribunal de deuxième classe de Pobè, relance le litige domanial autour d’une parcelle de 220 hectares, dans la Commune d’Adja-Ouèrè.C’est un contentieux politico-juridique dans lequel l’opérateur économique paye les frais de ses prises de position politiques, depuis l’ère de l’ancien Président de la République, Boni Yayi. Mais avec tant de rebondissements sous la Rupture, de quoi s’agit-il en réalité ?
N’eût été l’alerte maximale de son avocat après son audition et sa mise en liberté sous convocation, le président du Mouvement africain pour la démocratie et le progrès (Madep), Séfou Fagbohoun, serait déjà déposé depuis hier à la prison civile de Porto-Novo, où ses co-accusés sont incarcérés. Ses ennuis politico-juridiques sont relatifs à une affaire domaniale dans sa Commune natale, Adja-Ouèrè, depuis plus de trois ans. Et pour cause…
Il est question d’un domaine de 220 hectares situé dans le village de Gbahouété, dans l’arrondissement de Massè à Adja-Ouèrè. Des témoignages de personnes impliquées dans cette affaire retracent l’histoire du dossier. C’était une parcelle appartenant aux populations, réquisitionnée par l’Etat pendant la période révolutionnaire. On y avait construit des huileries devenues éléphants blancs par la suite, avec l’abandon dudit domaine par le Gouvernement révolutionnaire.
Quelques années après l’avènement du Renouveau démocratique, les présumés propriétaires du terrain ont commencé par réclamer leur bien. Que faire ? C’est ainsi qu’ils ont saisi les autorités compétentes pour la rétrocession de leur parcelle en 1999. Le sous-préfet d’Adja-Ouèrè, Raliou Arinloyé, le préfet des départements de l’Ouémé et du Plateau feu Félicien Zanfongno, et autres, ont été alors mis à contribution.
Suite à l’organisation de larges séances de concertation avec les populations du village de Gbahouété, les autorités politico-administratives d’alors ont rempli les formalités pour retourner ledit domaine au patrimoine des concernés. Et, après acquisition de leurs parcelles, les mêmes propriétaires terriens ont décidé de revendre les revendre. C’est ainsi que l’homme d’affaires Séfou Fagbohoun, s’est porté acquéreur. « Je n’en voulais même pas… », a-t-il déclaré sur la télévision New-africa, il y a quelques mois. Une fois l’affaire conclue, il a acquis le terrain avec titre foncier depuis 1999, suivi du dédommagement des propriétaires terriens. Et il n’y a eu aucune contestation jusqu’en 2012.
Jeux politiques
Au cours de son second mandat, l’ancien Président de la République Boni Yayi, a autorisé l’installation de la Nouvelle cimenterie du Bénin (Nocibé) dans la Commune d’Adja-Ouèrè, précisément sur le domaine acheté depuis 1999 par Séfou Fagbohoun, avec la bénédiction du maire de la localité, Djiman Fachola, un transfuge du Madep pour les Fcbe. Pour les opposants à l’époque, c’était un règlement de compte contre Séfou Fagbohoun.
Dans la foulée, un groupe d’individus se disant défenseurs des intérêts de Gbahouété, et le maire en question, ont porté l’affaire au tribunal de Pobè en août 2014. Les plaignants, l’acquéreur de la parcelle, Raliou Arinloyé et le maire Fachola, se sont ainsi retrouvés devant le Procureur de la République près le tribunal de Pobè. Lors de leur audition, Fagbohoun a apporté toutes les preuves de l’achat régulier de ce terrain. Lui et Raliou Arinloyé ont été relâchés, et Djiman Fachola le maire a été placé sous mandat de dépôt, pour avoir détourné les fonds versés dans les caisses d’Adja-Ouèrè, pour le dédommagement des propriétaires terriens. En première instance et à la Cour d’appel, M. Fagbohoun a gagné contre les plaignants. Ces derniers ne sont pas allés en cassation.
Contre toute attente, le Procureur de Pobè relance le dossier sous prétexte qu’il y a de nouveaux éléments, et envoie des convocations incessantes à Fagbohoun et Arinloyé. Mais ces derniers l’ont ignoré. C’était au lendemain de l’échec de la révision de la Constitution. Selon les informations, Séfou Fagbohoun aurait agi dans l’ombre pour amener l’Honorable Moukaram Koussounda à voter contre le projet.
Ayant aperçu que c’était un plan dudit Procureur pour l’arrêter, Séfou Fagbohoun a précipitamment quitté le pays. Mais ses proches évoquaient des problèmes de santé pour justifier son départ du Bénin. Pendant ce temps, Raliou Arinloyé a été arrêté et jeté à la prison civile de Porto-Novo, où il a séjourné pendant trois mois avant d’être libéré sous caution. Dans la foulée, Djiman Fachola a été aussi libéré sous caution, après avoir passé plus de trois ans de prison. Dès son retour au pays il y a à peine trois semaines, Fagbohoun a été convoqué, écouté et libéré sous convocation, à la grande surprise du Procureur de Pobè. Affaire à suivre
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