En dépit du chômage : Le Bénin importateur de main d’œuvre

Le Bénin fut un grand pourvoyeur de main d’œuvre ; destinations prisées : Côte-d’Ivoire, Sénégal, Congo-Brazzaville, Guinée équatoriale en Afrique. Outre-atlantique, les béninois préfèrent l’espace européen, le Canada et les Etats-Unis d’Amérique ; ils sont disséminés partout aux quatre coins du monde. Enseignants du secondaire et du supérieur, médecins et artisans continuent de contribuer positivement au développement de leurs pays d’accueil ; ils y brillent par leurs compétences et sérieux. Mais aussi invraisemblable que cela puisse paraître, il y a autant de docteurs en médecine officiant en France que sur le territoire béninois.

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Autres temps, autres mœurs ; le taux du chômage et le faible taux de croissance enregistrés dans les pays sus-indiqués sont le reflet de la récession économique mondiale. C’est maintenant la période des vaches maigres après l’âge d’or ; la plupart de ces pays ont fait le choix d’une immigration contrôlée qui confine chacun dans son espace en désespoir de cause pour les candidats à l’immigration et qui rêvent de sortir de la précarité. Observons que nous sommes tous responsables en raison de notre dégoût pour la terre. On rechigne aux travaux champêtres préférant le travail de bureau.

Le Bénin, jadis « quartier latin de l’Afrique », est passé pays des cadres tarés sous le régime de Mathieu kérékou ; aujourd’hui l’homme qui préside aux destinées du Bénin parle d’un désert de compétences! Ce point de vue présidentiel ne doit pas plaire à certains de ses proches collaborateurs ; cela ne doit pas non plus plaire aux sachants béninois dont la réputation va au-delà de nos frontières.

Le Président Talon, il faut le reconnaître, est allé un peu loin dans son appréciation ; c’est franchement choquant pour l’intelligentsia béninoise. Le chef de l’Etat, pour cette raison, a décidé, en vertu de ses pouvoirs régaliens d’importer de la main d’œuvre. Après le Port Autonome de Cotonou tombé dans l’escarcelle belge, les travailleurs du CNHU devront se résigner. Notre centre national hospitalier et universitaire de référence sera mis sous affermage français ; les chinois, quant à eux, se verront certainement attribuer la gestion du trafic après le projet de boucle ferroviaire retiré au groupe Bolloré et à la société Pétrolin.

Ainsi vont les choses sous le gouvernement de la rupture. Rien ne semble arrêter le train des réformes ; même pas les critiques les plus pertinentes. En attendant, le gouvernement de la rupture a fait le choix d’importer de la main d’œuvre. Les diplômés sans emploi devront donc prendre leur mal en patience.

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Jean Achadé

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