Répressions, violations des droits de l’Homme : Les démocrates togolais abandonnés à leur sort

Alors que la situation politique se gâte encore au Togo, avec la reprise mardi dernier des manifestations de rue par l’opposition, la communauté africaine et même internationale ne sembleplus se préoccuper de ce pays sur lequel règne d’une main de fer le président Faure Essozimna Gnasssingbé, fils de feu le général Eyadéma.

Publicité

Le Togo, petit pays d’Afrique de l’Ouest, est rarement cité dans les médias pour autre chose que les violences policières. Depuis la semaine dernière, le pays est de retour à la une des médias, avec la répression et l’emprisonnement d’étudiants et autres défenseurs des droits de l’Homme. Cette semaine encore, on continue de parler du Togo où la reprise des manifestations de rue par l’opposition, lasse d’attendre indéfiniment le redémarrage du dialogue politique, a été brutalement dispersée par les forces de l’ordre.

Hier, au moment où nous mettions sous presse, ni le président ghanéen Nana Akufo-Addo, facilitateur du dialogue politique inter togolais, ni la Cedeao, ni même l’Union africaine ou encore les Nations Unies, n’avaient réagi à ce qui se passe au Togo. Et pourtant, chacun sait que le blocage actuel des négociations n’augure rien de bon pour ce pays. Pis, il faut craindre une intensification des violences. Comme il fallait s’y attendre, la journée de mardi dernier a été des plus violentes.

Plusieurs médias pointent du doigt une grande agressivité des forces de l’ordre, déployées massivement dans les rues de Lomé la capitale togolaise, pour étouffer la marche. On parle même de courses-poursuites entre le cortège des leaders de l’opposition et les policiers, ponctuées par des tirs de gaz lacrymogène. Les médias annoncent une vingtaine d’arrestations et de nombreux blessés, rien que dans la capitale. Combien de blessés ou de morts faudra-t-il pour que la situation politique togolaise préoccupe vraiment la communauté africaine et internationale ? La question reste pleine et entière.

Du discours ambigu de la Cedeao qui semble avoir pris le parti de son président en exercice, Faure Gnassingbé, à l’absence de réaction des Nations unies en passant par les timides réactions de l’Union Africaine, tout se passe comme si le Togo est abandonné à son triste sort. Les démocrates togolais qui réclament l’alternance sont donc seuls face au régime brutal du Rassemblement du peuple togolais (RPT), devenu l’Union pour la République (UNIR), qui après plusieurs décennies de pouvoir veut briguer un autre mandat lors de la présidentielle de 2020. Dans ce combat inégal, la facilitation ghanéenne seul espoir d’un règlement international, semble s’essouffler. Depuis le vendredi 25 mars en effet, le président ghanéen a suspendu le dialogue sans préciser la date de reprise des discussions. Et, il faut craindre que Nana Akufo-Addo dont la marge de manœuvre est très réduite, ne jette l’éponge comme son homologue guinéen qui avait très tôt renoncé à rejoindre la médiation.

Publicité

Malgré la violente répression de mardi dernier qu’ils qualifient de tentative d’assassinat, les membres de la coalition de l’opposition annoncent des manifestations de rue pour samedi prochain. « Nous appelons à une mobilisation pour l’apothéose ce samedi, et il y aura des manifestations partout. Cette fois, s’ils veulent réprimer nous ne nous laisserons pas faire. Nous ne rentrerons pas chez nous », a fait savoir hier Brigitte Adjamagbo-Johnson. En face, le pouvoir prévient que les marches sont interdites, rappelant que le facilitateur ghanéen a demandé la suspension des manifestations de rues pendant le dialogue.

Avec un tel dialogue de sourd, il est à parier que le sang coulera encore lors des prochaines manifestations de l’opposition. Et, malheureusement, le sang continuera de couler jusqu’à ce que la communauté internationale se décide enfin à prendre à cœur le problème togolais.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité