L’actualité de l’école par les proverbes

Les jours se suivent et ne se ressemblent pas. Dans cette ronde sans fin, chaque jour étale ses peines et ses joies, chaque jour se pare des couleurs contrastées du malheur et de l’espoir.Osons un exercice à tout le moins inédit : lire l’actualité de l’école béninoise à la lumière de quelques idées et proverbes. Cette école, comme on le sait, sort d’une longue et éprouvante expérience. Elle est restée portes clauses, trois mois durant. La grève en a obscurci l’horizon. La grève a fait planer sur elle le spectre d’une année blanche.

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« Le temps perdu ne se rattrape ». Ce proverbe, rapporté à l’école, veut dire que les efforts actuels pour sauver l’année scolaire 2017-2018 risquent de se révéler vains. Un nouveau calendrier scolaire a été élaboré. Les cours de rattrapage sont partout programmés. Un pacte sacré lie tous les partenaires de l’institution scolaire. Un seul mot d’ordre : sauver l’école.

A-t-on le droit de soutenir, après tant d’efforts, que tout est consommé, que tout est compromis ? Il s’agit, à présent, d’aller vite, de courir après le temps. Ce à quoi répond le fabuliste : « Rien ne sert de courir, il faut partir à point ». Car, selon la sagesse populaire, « Qui court va vite. Qui marche va loin ». Pour dire que le travail fait à la va-vite insulte la qualité, que les raccourcis ne sont synonymes ni d’excellence ni de vertus. Au regard de l’école, le mal est fait. Il faut en prendre acte. Mais il ne s’agit pas, pour autant, de battre en retraite.  » De deux maux, il faut choisir le moindre » nous instruit un autre proverbe. Alors, avançons, conscients de nos tares et de nos retards. Car, il est dit « Qu’un tiens vaut mieux que deux tu l’auras ».

Voici une parole forte. Elle a l’éclat d’un aphorisme. Joubert en est l’auteur : « Au lieu de me plaindre de ce que la rose a des épines, je me félicite que l’épine est surmontée de roses ». Cette idée, en rapport avec l’école, peut se traduire ainsi qu’il suit : nous passons le plus clair de notre temps à peindre en noir l’institution scolaire. Quand elle n’est pas assimilée à la cour du roi Pétaud, elle est présentée comme une machine à fabriquer des bras cassés, des cerveaux vides. Pas une réforme de l’école qui ait trouvé grâce à nos yeux. Un rosier est remarquable par ses épines. Mais devons-nous en ignorer les roses ? La sagesse des nations nous convie à un deal réaliste et de simple bon sens : « On ne gagne pas avec ses faiblesses. On gagne avec ses forces ». En d’autres mots, sans une attitude mentale positive, point de salut.

Que faire donc pour sauver l’école ? Nous devons nous résoudre à réviser notre logiciel mental. L’école de papa est morte. Accueillons la nouvelle école de nos vœux avec l’optimisme invincible des bâtisseurs d’avenir, les bras chargés de roses. C’est dans cette disposition d’esprit qu’il faut ouvrir, ici et maintenant, le chantier de l’école. Un chantier permanent, un chantier qu’on ne doit pas se lasser de revisiter :  » Vingt fois sur le métier, selon Boileau, remettez votre ouvrage ».

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Un autre proverbe : « L’avenir est un présent qui s’ignore ». L’école, c’est la terre nourricière sur la laquelle est appelé à germer notre avenir commun. Mais gardons-nous d’emprisonner l’école dans un futur mythique. L’école n’est pas l’antichambre du développement. L’école n’est pas à couper de la vie. L’école est au cœur de la vie. Où trouver à lire l’avenir du Bénin ? Ni dans le mac de café. Ni dans les signes cabalistiques d’un diseur de bonne aventure. Mais dans les yeux de l’école d’aujourd’hui. Le présent de l’école porte les traces de son passé. Or, nous assure André Malraux « L’avenir, c’est le présent que nous fait le passé ».

Une toute dernière idée forte. C’est Pythagore qui nous la propose : « Les hommes ont les maux qu’ils ont eux-mêmes choisis ». Pour dire que nous sommes la somme de nos pensées, la parfaite représentation de nos habitudes de penser. Cela tire à conséquence : nous sommes responsables des maux qui nous accablent. Rangeons donc au musée des antiquités colonialisme, néo-colonialisme et autre impérialisme. Et si, pour une fois, nous cherchions en nous-mêmes les mots de nos maux ? C’est Socrate, une fois de plus, qui a raison : « Connais-toi toi-même ».

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