(Comme ceux qui ont détourné des bidons d’huile et des sacs de riz) Depuis quelques jours, il s’organise une vaste campagne de communication autour du chantier abandonné du siège de l’Assemblée nationale. Si l’opération réussit à susciter l’indignation de la part de maints Béninois pour ce chantier, on se rend compte avec le recul que l’agitation observée actuellement n’est qu’un montage pour noyer le dossier. Le dossier du scandale du siège de l’Assemblée nationale, fait la une de l’actualité depuis quelques jours. Ainsi en a décidé le gouvernement qui, en deux jours, a organisé deux activités autour du sujet. C’est le chef de l’Etat lui-même qui a d’abord rencontré la conférence des présidents de l’Assemblée nationale pour exprimer son état d’âme sur le dossier, avant que les ministres Djogbénou et Tonato ne se rendent à Porto-Novo le lendemain où ils exposent aux députés les nombreuses insuffisances de cette construction.
Leurs propos ont été renchéris par celui du représentant du cabinet Quali-Consult, sollicité pour commettre l’expertise. Les exposés des deux ministres et la présentation du représentant du cabinet ont fini par convaincre les députés, mais aussi les populations, qui peuvent suivre l’élément selon lequel ce siège est une honte nationale. Au lendemain de cette présentation à l’Assemblée nationale, un battage médiatique a suivi, accusant le gouvernement du président Boni Yayi d’avoir englouti autant d’argent dans la boue. Depuis, ce battage ne s’est guère estompé. Tout se passe comme si la finalité de ce regain subit d’intérêt pour un chantier abandonné depuis des mois, est de susciter l’indignation des uns et des autres. Pour préparer l’opinion à un enterrement de première classe de ce dossier sulfureux de plusieurs milliards, et à une démolition en catimini de l’édifice qui dit-on ne tiendra pas plus de quinze ans. Comme si cet assemblage de ferraille et de béton était moins solide que les maisons des quartiers huppés de Cotonou et d’ailleurs. Sinon, en dehors de cela, on ne semble voir rien de concret venir. Aucune décision officielle n’est prise pour la suite à accorder à ce dossier. Les responsabilités ne sont pas situées et les personnes mises en cause ne sont pas connues.
Démarche suspecte du gouvernement : du deux poids deux mesures
Ce modus operandi diffère de ce qu’on a observé jusque là. Le gouvernement nous avait habitués à une procédure expéditive en conseil des ministres, qui juge et condamne péremptoirement des responsables, puis annonce tambour battant des poursuites judiciaires à l’encontre de tel ou tel autre présumé coupable. Ainsi, tout était déclenché depuis le conseil des ministres qui dénonce les cas de prévarication et cite nommément les personnes impliquées, à partir d’un rapport d’audit ou d’une commission d’enquête. C’est cette méthode qui a permis d’exhumer les affaires Cnss, Soneb, Cncb, de dénoncer et de radier des policiers qui ont pris trop de liberté avec les fonds publics, et enfin de limoger des instituteurs dont certains ont perdu leurs postes pour avoir mis de côté un petit bidon d’huile végétale ou deux sacs de riz.
On ne comprend donc pas pourquoi, pour une affaire de plusieurs milliards, le gouvernement paraît plus conciliant en se contentant juste de dénoncer et d’exposer la faute commise, sans trop se préoccuper de dire qui sont les auteurs et comment les punir. Il paraît bien suspect qu’on n’ait pas cité de noms cette fois. Pourtant, les acteurs de cette gabegie sont connus et beaucoup d’eux sont tapis à l’hémicycle, surtout au sein du Bmp qui selon certaines indiscrétions, regorge de députés impliqués dans le dossier. En dehors des députés, il y a d’autres personnes qui étaient au gouvernement ou dans d’autres structures bien connues. Tout ceci amène à croire à la thèse de la noyade du dossier par le gouvernement, qui craint d’arrêter des alliés politiques, et pas des moindres. Vivement donc la publication de tous les noms de mis en cause, comme on l’a fait dans les affaires su-citées. Ce faisant, le gouvernement rendrait justice aux pauvres maîtres d’école limogés pour le détournement supposé de quelques paquets de lentilles, ou de pâtes alimentaires…
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