Depuis avant-hier mercredi, le gouvernement à travers le conseil des ministres, a décidé d’abandonner le chantier de construction du siège de l’Assemblée nationale. Pour des raisons pas du tout convaincantes, le gouvernement opte d’anéantir 22 milliards de FCFA, payés par le contribuable. Votre journal revient sur cette décision aux contours flous et alambiqués, l’expression même des manigances politiques. La décision d’abandon du chantier de construction du nouveau siège de l’Assemblée nationale, restera jusqu’à la fin de son mandat, comme l’une des décisions qui hanteront le gouvernement de la rupture.
C’est au total 22 milliards FCFA, qui doivent partir en fumée, pour laisser place à un autre budget, pour la construction d’un autre siège. Ce qu’il y a d’intriguant dans ce dossier, c’est le flou qui a caractérisé le processus ayant conduit à la prise de la décision. Il y a déjà l’arrivée improvisée du ministre du cadre de vie et du développement durable la semaine dernière, venu présenter aux députés le rapport d’un cabinet requis pour expertiser le bâtiment en construction. Le rapport dénonce la fragilité du bâtiment, et remet en question sa solidité. Une conclusion qui suscite de l’émoi auprès des députés alliés du régime, qui en ont massivement profité. Il a fallu du recul pour comprendre que la venue du ministre au parlement obéissait à la poursuite du scénario.
Une mise en scène classique
Il faut se rappeler que les députés membres de la conférence des présidents, étaient allés rencontrer le chef de l’Etat au sujet de la reprise des travaux de construction de ce nouveau siège, et rattacher cela au passage du ministre par la suite. Par ailleurs, le préambule de la décision du conseil des ministres, évoque la convergence de la majorité des députés à la conclusion du gouvernement. Donc, la mise en scène a prévu que tout parte des députés, comme pour dire que le gouvernement ne fait que suivre leurs aspirations. Mais ce serait faire preuve de naïveté, que de ne pas remarquer que le rapport lu devant les députés n’a été remis ni aux parlementaires, ni aux architectes, encore moins au public pour étude contradictoire. L’autre curiosité, c’est l’absence de la liste des structures ou des personnes mises en cause dans la mauvaise conduite de ce chantier. Pourtant, c’est lors d’un conseil des ministres en avril 2016, que le gouvernement avait pris la décision de faire arrêter les travaux du chantier pour voir clair dans le dossier.
Une décision politique et non technique
Deux ans après, le rapport d’audit ne comporte pas les noms des prestataires indélicats. Une surprise pour le gouvernement qui nous a habitués à citer des noms et à demander au ministre de la justice d’engager des poursuites judiciaires à leur encontre. On n’entend plus le député Dakpè Soussou, très populaire sous le régime défunt, dénoncer ses collègues députés qui ont pris des marchés dans ce chantier. Ce, d’autant plus que ces députés supposés prestataires, seraient alliés politique du nouveau départ. C’est pour cela que pour les tirer d’affaires, la stratégie consiste à raser l’édifice. Une solution toute curieuse, car même sans être architecte, on sait qu’on peut construire aujourd’hui sur l’eau, sur des remblais ou sur des sols sédimentaires. Au niveau où se trouve ce chantier, les architectes contactés rapportent qu’on peut rattraper les failles. Ils expliquent qu’on peut aisément renforcer la fondation. Dès lors, la décision d’abandonner ce chantier n’entre que dans la logique des manigances politiques, visant à démontrer que tout ce qui a été entrepris sous le défunt régime, est manifestement raté. Un disque rayé qui ne peut appâter que les crédules
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