L’Ong Amnesty international à travers un communiqué daté du 26 avril 2019, alerte sur les menaces sur les libertés au Bénin avec une certaine escalade à cette période électorale. S’appuyant sur des cas de répression et d’arrestations arbitraires, Amnesty international montre comment le régime de la rupture porte constamment des coups de boutoir aux libertés dans le pays.Dans son communiqué l’Ong relève que «depuis le mois de février, les forces de sécurité dispersent les manifestations pacifiques au moyen de gaz lacrymogène et de matraques et arrêtent des cadres de l’opposition». Mieux, «au moins une personne est morte lors d’échauffourées entre des manifestantes et des membres des forces de sécurité qui ont eu lieu en février à Kilibo, une ville du nord du pays».
Ces événements font suite à la décision de la Commission électorale d’autoriser seulement deux partis politiques (appartenant au camp présidentiel) à présenter des candidats aux élections et d’exclure toutes les listes d’opposition. Dès lors, «les autorités locales ont instauré une interdiction générale des manifestations pendant la période pré-électorale, notamment dans la ville de Parakou et dans les départements des Collines et du Zou».
Respect des droits
Pour cette institution, l’ampleur que prend la vague d’arrestations et de détentions surtout dans le contexte des élections suscite de vives inquiétudes. «Interdire les manifestations pacifiques et arrêter les personnes qui dénoncent l’exclusion des partis d’opposition des élections législatives ne fera qu’accroître l’agitation politique», a déclaré François Patuel, chercheur sur l’Afrique de l’Ouest à Amnesty International.
Il est impératif que les autorités fassent en sorte que les droits aux libertés d’expression, d’association et de réunion pacifique soient respectés. Aussi, les forces de sécurité doivent s’abstenir, en toutes circonstances, d’avoir recours à la force contre des manifestantes pacifiques. Selon le communiqué, Amnesty International a recueilli des informations sur au moins trois cas où les forces de sécurité avaient réprimé des manifestations pacifiques organisées par des partis d’opposition à l’approche des élections parlementaires.
Ces rassemblements se sont déroulés les 1er, 4 et 19 avril et les forces de sécurité, y compris la police, ont utilisé du gaz lacrymogène, des matraques et des lanceurs à air comprimé pour les disperser. Les militaires et les policiers déployés sur place portaient des armes à feu. Amnesty International considère que l’obligation d’obtenir une autorisation préalable pour organiser un rassemblement et la criminalisation des manifestations pacifiques violent le droit international relatif aux droits humains et les normes connexes.
Les journalistes persécutés
L’Ong estime aussi que les journalistes paient également un lourd tribut: à la menace d’être arrêté s’ajoutent les manœuvres d’intimidation. Pour preuve, le 18 avril, le directeur de publication du journal Nouvelle Économie, Casimir Kpédjo, a été arrêté à son domicile. Son avocat a indiqué à Amnesty International que l’arrestation avait eu lieu à la suite d’une plainte déposée par le procureur, qui représente l’État béninois devant la justice, parce qu’il avait déclaré sur Facebook que la dette du pays avoisinait les 725 millions de dollars des États-Unis (environ 428 millions de francs CFA) et que cela allait à l’encontre de la loi de finances 2019. Il a été inculpé de publication d’« informations mensongères ». Libéré sous caution le 23 avril, il risque encore un procès. C’est un cas parmi tant d’autres.
Des lois répressives
Ces dernières années, le Bénin a adopté plusieurs lois répressives qui servent aujourd’hui à réprimer la dissidence, notamment le Code du numérique (2017), qui érige en infraction la publication d’informations mensongères et l’incitation à la rébellion sur Internet, outre les délits qui concernent les médias en ligne. Le Code pénal béninois, adopté en 2018, punit les infractions « contre les symboles et les valeurs de la nation, de l’État, de la République, des communautés et des religions », « tout attroupement non armé interdit qui pourrait troubler la tranquillité publique » et « toute provocation directe à un attroupement non armé ».
La même année, l’Assemblée nationale a également adopté une loi sur le droit de grève qui limite la durée des grèves à 10 jours par an au maximum pour tous les fonctionnaires, les membres du personnel des collectivités locales, les salariés des secteurs public et privé et les employés d’organes paraétatiques. Le personnel du secteur de la santé est, quant à lui, interdit de grève. François Patuel précise qu’il faut que les autorités prennent toutes les mesures qui s’imposent pour faire en sorte que les élections se tiennent dans climat dénué de violence et permettre à tout le monde d’exprimer son opinion.
Laisser un commentaire