Grande affluence des journalistes dans la matinée de ce jeudi 18 avril 2019 au domicile de Boni Yayi à Cadjèhoun. Ils acceptent la longue attente au portail puis à l’intérieur de la maison. Ceux qui n’ont pas pu avoir accès à la salle n’y renoncent pas. L’essentiel, c’est d’avoir cette déclaration tant attendue. L’ancien chef d’Etat béninois se prononce solennellement sur la crise électorale au Bénin.
Dans son boubou blanc, Boni Yayi est sorti de sa réserve dans laquelle il s’est muré depuis trois ans qu’il a laissé le pouvoir à Patrice Talon en dépit des provocations et autres. Situation oblige. «Nous voilà aujourd’hui dans une situation inédite dans notre cher pays et même en Afrique» confie le président d’honneur du parti Forces cauris pour un Bénin émergent (FCBE).
Une situation, dira le président, « où une bonne frange de la population est privée de son droit de libre choix étant attendu que les candidats qu’elle soutient sont purement et simplement exclus de la compétition électorale par le chef de l’Etat ».
C’est pour la première fois sous le renouveau démocratique, que sont qualifiées à prendre part aux élections législatives, deux listes de la même obédience et créées par le chef de l’Etat. Ceci, à l’ombre de la gouvernance imposée au pays et du vote des lois sur la charte des partis politiques et le code électoral exclusives et génératrices de conflits.
Talon hors du peuple ?
Boni Yayi avoue qu’il espérait que « les difficultés rencontrées tout au long du processus, les gémissements et tous les cris de cœur poussés dans le pays (suite à cette situation) et les efforts fournis par la communauté internationale feraient entendre raison au président Talon ».
«J’ai espéré enfin que la profession de foi du président Patrice Talon de vouloir faire participer tous les partis politiques et l’assurance qu’il a donnée aux différentes délégations ayant séjourné dans notre pays dans le cadre de ces élections étaient véritablement sincère» ajoute-il.
Mais il dit avoir constaté que « contre toute attente et au mépris de ses professions de foi répétées face aux délégations étrangères, et aux Béninois, le président de la République s’est inscrit dans la poursuite de ce processus électoral qui exclut tous les partis politiques de l’opposition et qui n’autorise uniquement que son seul parti politique divisé en deux pour la circonstance à savoir l’Union progressiste et le Bloc républicain».
L’appel de Yayi
Dans ce contexte, le président Boni Yayi réaffirme ses vœux à l a communauté internationale de continuer de s’investir dans la résolution de cette crise. Il soutient que « Talon n’est pas dans la bonne direction » et l’invite à « puiser la bonne formule dans le riche arsenal juridique à sa disposition pour juguler la crise ».
Dans le cas échéant, Boni Yayi appelle le peuple béninois dans toutes ses composantes à «user du pouvoir que (lui) donne la loi fondamentale, pour faire arrêter le processus électoral périlleux en cours» et parvenir à des législatives véritablement inclusives, crédibles, équitables et transparentes, sous la grâce du Seigneur.
«Ensemble, dans la cohésion nationale et dans un sursaut patriotique, gagnons le pari d’un parlement inclusif pour garantir la stabilité, la paix, la prospérité partagée et l’avenir radieux de notre patrie commune le Bénin» lance-t-il. Dans tous les cas, pour le patron des cauris, «il ne saurait y avoir d’élections législatives au pays de GBEHANZIN, KABA, BIOGUERA sans l’opposition». Il l’a répété trois fois.
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