Il y a quelques semaines la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples (Cadhp) a dans un arrêt, ordonné au Bénin d’annuler la décision de la Criet qui condamne à 20 ans de prison l’homme d’affaires Sébastien Ajavon. Après ce verdict de la Cadhp, le site d’informations Opinion internationale a interviewé Julien et Marc Bensimhon, les deux avocats de l’opposant au régime de Patrice Talon. Marc Benshimon n’a pas caché sa « joie » et son « soulagement ». Pour lui , le droit s’est enfin exprimé par une justice africaine. Il fait également remarquer que c’est « la première fois que la Cour déclare coupable un Etat et le condamne factuellement, allant même jusqu’à stigmatiser son président actuel Patrice Talon pour avoir porté atteinte à l’honneur et à la dignité de Sébastien Ajavon ». La décision de la CADHP prouve de son point de vue, que le Bénin « ne mérite plus » l’appellation d’Etat de droit.
« La décision de la CADHP est un affront pour le pouvoir béninois »
Quand on lui demande si le jugement de la Cour africaine peut changer la vie de son client, il répond par l’affirmative. Pour lui, la conséquence de cette décision, devrait être que l’homme d’affaires puisse rentrer dans son pays. Il lui conseille cependant de ne pas y retourner tout de suite. Il vaut mieux qu’il attende un engagement officiel du pouvoir en place d’annuler les précédentes décisions de justice avant qu’il ne prenne une quelconque décision . Dans le contexte actuel, poursuit-il, la vie politique du Bénin est « muselée ». L’homme d’affaires qui est encore un opposant politique ne serait pas en sécurité. « Il est évident que la décision de la CADHP , qui est un affront pour le pouvoir béninois pourrait lui valoir de terribles représailles » avance l’avocat.
Le pouvoir veut « le tenir à l’écart »
Ce qui est déjà réconfortant pour son client, c’est qu’il ne sera plus vu comme un trafiquant de drogue estime Julien Bensimhon. La décision de la CADHP, « lui rend son honneur, sa réputation vis-à-vis de sa famille, de ses employés, des banques françaises, des assureurs, mais aussi de tous les citoyens du Bénin » a-t-il laissé entendre. En ce qui concerne le mandat d’arrêt international décerné contre l’homme d’affaires, Me Marc Bensimhon, estime qu’il n’a plus lieu d’être. L’annulation de la décision de la Criet entraîne la déchéance du mandat d’arrêt international selon lui. Il pense même que le gouvernement béninois ne souhaite pas le retour de Sébastien Ajavon au Bénin. Il veut juste le tenir « à l’écart, c’est-à-dire à l’étranger, et qu’il ne puisse plus être un opposant politique ».
« Talon s’est évertué à détruire l’Etat de droit béninois »
Me Marc Bensimhon a par ailleurs assuré que son client pourra avoir l’asile politique en France après l’arrêt de la CADHP. L’homme de droit a pour finir opiné sur Patrice Talon. Selon lui, l’actuel chef de l’Etat a « fait preuve d’une absence totale de moralité en tant qu’homme politique. Dans son intérêt personnel, il s’est évertué à détruire l’Etat de droit béninois au point d’être mis au banc de la scène internationale par la Cour africaine des droits de l’homme ».
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