Selon le média d’investigation Mediapart, Christophe Castaner, ministre français de l’intérieur, aurait remis le 16 juin dernier, la « médaille de la sécurité intérieure » à plusieurs gendarmes et policiers directement visés par des enquêtes concernant de possibles faits de violences. Les individus décorés auraient en effet agi de manière peu recommandable pour un représentant de l’ordre, à l’occasion des manifestations Gilets jaunes.
Sur les 9000 policiers décorés le 19 juin dernier, plusieurs noms ont effectivement eu le don de surprendre les journalistes de Mediapart. Après vérification, il s’est effectivement avéré que certains d’entre eux étaient directement concernés par des enquêtes portant sur des soupçons de violences. Des révélations qui ne vont pas de pair avec la décoration, notamment remise pour « services particulièrement honorables » et « actions revêtant un éclat particulier » chez les policiers. Une cérémonie d’ailleurs exceptionnelle puisque, généralement, cette remise de médailles a lieu le 1er janvier ou le 14 juillet.
Une promotion spéciale
La situation sociale en France et la forte mobilisation des forces de l’ordre durant les derniers mois afin de garantir la sécurité des manifestants gilets jaunes et empêcher les débordements, ont effectivement poussé l’intérieur à anticiper. Dès le 16 avril, le ministère aurait d’ailleurs commencé à contacter les services de ressources humaines des CRS afin de lancer un premier appel à la candidature. Ces premiers candidats auront toutefois été sélectionnés avec soin par l’intérieur qui a demandé les noms de 15 fonctionnaires blessés au cours des manifestations, ayant fait l’objet d’une interruption de travail.
Des noms qui dérangent
Le nombre de candidatures n’étant pas assez important, un second mail est alors envoyé, mail élargissant considérablement les critères d’obtention de la médaille. En effet, l’intérieur a appelé « des policiers méritants blessés dans le cadre des Gilets jaunes », puis « en second lieu, des policiers blessés non méritants », et « en troisième lieu, ceux qui n’ont pas été blessés, mais qui ont réalisé une action remarquée durant cette période » à proposer leur nom. Résultat, 9000 représentants des forces de l’ordre seront alors reçus.
Des noms qui font polémique
Problème, certaines personnalités interrogent. Le commissaire Grégoire Chassaing, notamment chargé des opérations de Nantes, le soir ou le jeune Steve a été porté disparu, a ainsi reçu une certification. Autre nom, celui de Rabah Souchi, qui comme le rappelle Mediapart, était à la tête de l’escadron ayant blessé Geneviève Legay à Nice. Bruno Félix a lui aussi été décoré alors qu’il commandait les auteurs de tirs de grenades lacrymogènes le jour ou Zined Redouane est décédée à Marseille après avoir reçu des éclats de grenades. Enfin, Dominique Caffin a également reçu les honneurs, malgré le fait qu’il ait matraqué plusieurs manifestants dans un Burger King de Paris, le 1er décembre dernier.
Le ministère calme le jeu
Afin de calmer les esprits, l’Interieur a affirmé qu’à ce jour, aucune des personnes citées n’a fait l’objet de condamnation. Toutefois, dans le cas ou ces derniers venaient à être condamnés ou sanctionnés, les médailles distribuées seront dès lors récupérées. « Si l’un des médaillés est reconnu responsable d’actes contraires à la déontologie ou de faute et sanctionné à ce titre, ou condamné par la justice, la médaille de la sécurité intérieure lui sera retirée.« a confirmé le ministère dans un communiqué.
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