Par un communiqué en date du 2 septembre 2019, le maire de Parakou au Bénin, Charles Toko, annonce une rencontre d’information avec, désigne-t-il, « les ressortissants du nord résidant à Cotonou et environs ». L’annonce suscite déjà des polémiques pour son caractère régionaliste.« Tous les ressortissants du nord résidant à Cotonou et environs » sont conviés à une rencontre d’échanges avec le maire Charles Toko, jeudi 5 septembre 2019 à l’Infosec de Cotonou à partir de 19 heures. L’annonce a été faite par un communiqué signé par l’autorité municipale de Parakou le 2 septembre 2019.
D’après le communiqué, c’est une rencontre pour présenter à ces ‘’ressortissants du nord’’ « les opportunités relatives à un projet ». Il s’agit de la mise en vente par la mairie de Parakou depuis un mois, de «plus de 1500 parcelles sécurisées par des papiers administratifs». Ceci, dans le cadre d’un autre projet de ladite mairie en partenariat avec le gouvernement.
Celui de la création d’« une zone de croissance économique urbaine » au quartier Baka dans le 2ème arrondissement de la ville. «A long terme, cette zone offrira des opportunités d’affaires à ses habitants en raison notamment de sa proximité avec le Nigéria » annonce Charles Toko dans son Communiqué.
Un retour en force du régionalisme
Ce projet dénote d’une belle ambition que nourrit la mairie de Parakou au regard de cette proximité avec le Nigéria. Nul doute, le grand voisin de l’Est du Bénin reste une grande opportunité dont le Bénin n’en profite pas encore assez. Mais ce qui suscite interrogation et tristesse dans les contours de ce beau projet, c’est le caractère régionaliste que le maire y intègre.
On note qu’il veut partager l’information. C’est pourquoi il va se déplacer vers Cotonou pour en parler. Mais pourquoi faut-il rencontrer rien que ceux qu’il appelle « les ressortissants du nord » pour les informer d’une opportunité d’acquisition de domaine à Parakou. Tout fils du Bénin, quel que soit son village d’origine n’a-t-il pas droit de devenir propriétaire terrien où il veut et selon ses moyens sur le territoire national ?
Pourquoi ce périmètre de 1500 parcelles doit être occupé que par des natifs d’une région du pays à une ère qu’il faut l’unité du pays, une Nation? Et pourquoi un projet de développement d’une localité doit être réservé aux natifs de la localité ? C’est même contre productif. Par ce volet du projet, l’autorité municipale qui devrait donner sens à ce caractère Nation de la République du Bénin, promeut plutôt une ségrégation. Est-ce qu’il faut aujourd’hui voir encore au Bénin, une entité à part qui s’appellerait ‘’nord’’ et une autre ‘’sud’’ dans l’offre des opportunités par le pouvoir public ?
L’administration publique ne doit plus faire cette promotion. Ce projet même s’il est porté par une municipalité, encore qu’il est précisé que c’est en partenariat avec le gouvernement, doit être aussi une opportunité de rapprochement des fils et filles du Bénin, peu importe leur cité de naissance. Il a un caractère national qu’il faut préserver. Il ne doit pas servir de canal de distinction quelconque entre les Béninois.
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