La sous-région fortement confrontée au terrorisme comme un séisme dévastateur, l’interprétation des lois et des résultats des élections peuvent constituer un accélérateur du terrorisme. Les juridictions constitutionnelles doivent faire beaucoup attention car le non-respect de la vérité des urnes est une forme de maltraitance des territoires, de maltraitance aggravée des citoyens-électeurs et de non respect d’un droit constitutionnel fondamental, celui de choisir librement son représentant.
Lorsqu’on proclame des représentants du peuple non issus des urnes et à qui l’on attribue de force le statut d’élus du peuple, c’est dangereux dans un contexte de propagation de la violence. Tripatouiller et maltrairer les résultats d’une circonscription électorale, c’est donc déconsidérer la responsabilité sociétale de chaque électeur dans le choix de son représentant.
Les Cours constitutionnelles parfois ne donnent pas l’air de comprendre l’environnement conflictogène et crisogène dans lequel évolue notre sous-région. C’est là tout l’intérêt de l’expertise du professeur Théodore HOLO dont nous rapportons ici l’une de ses réflexions à Ouagadougou :« Lorsque des citoyens sont exclus du processus électoral, il y a toujours des tensions, des difficultés ; alors que c’est cela qu’il faut éviter à nos pays. Parce que c’est la paix qui permet de réunir les conditions du développement et de renforcer la cohésion sociale ». Extrait de l’intervention du Pr Théodore Holo, ancien président de la Cour constitutionnelle du Bénin, expert à l’atelier du 21 au 23 octobre 2019 à Ouagadougou destiné à la préparation des juridictions constitutionnelles des pays du G5 Sahel dont 4 des 5 pays membres organiseront en 2020 des élections présidentielles. Ces juridictions constitutionnelles doivent garantir des scrutins électoraux apaisés pour éviter d’aggraver les menaces terroristes.
Les Africains comprennent de moins en moins les décisions des Cours constitutionnelles de leur pays et celles-ci peuvent devenir des clés passe-partout d’ouverture des portails du terrorisme. Ce que les Africains veulent c’est que les juridictions constitutionnelles cessent d’être l’instrument des chefs d’État pour devenir l’instrument des peuples.
Professeur Simon-Narcisse TOMETY
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