Fermeture des frontières nigérianes, le député Agonkan méconnaît les conséquences

Sur la question du verrouillage des frontières du Nigéria abordée, entre autres, avec lui sur Canal 3 Bénin, dimanche 8 décembre 2019, le député Gildas Agonkan de l’Union progressiste (Up) estime que seuls les citoyens qui font des échanges avec le Nigéria en souffrent.

Gildas Djogblosky Agonkan a une lecture trop courte de la situation liée à la fermeture partielle des frontières nigérianes avec le Bénin depuis plus de trois mois. « La fermeture de la frontière n’a aucun impact sur le contenu du budget de l’Etat. Seuls, les citoyens qui ont des transactions régulières avec le Nigéria éprouveront des difficultés», a déclaré le député membre de l’Union progressiste (Up), hier, sur l’émission Zone franche de la chaîne de télévision Canal 3 Bénin.

Son argument repose sur le fait que lesdites difficultés « n’éteignent pas, dit-il, le fonctionnement de l’économie béninoise d’autant que les marchés économiques comme le marché de Dantokpa, le port de Cotonou, les banques et les activités économiques du pays fonctionnent encore ».

Le ‘’progressiste’’ est là, beaucoup plus dans un discours politique hors de toute réalité. Agonkan se positionne absolument sur une autre planète. Peut-être qu’il a voulu rester collé à la logique politique qui consiste à ne pas avouer la souffrance du Bénin face à la décision du grand voisin ou qu’il étale carrément une ignorance des sources de revenus de l’Etat et de la situation sur le marché local.

L’Etat et le citoyen lambda aussi en souffrent

Gildas Djogblosky Agonkan épouserait-t-il alors une idée selon laquelle les échanges commerciaux avec le Nigéria n’ont pas d’effets importants sur les recettes douanières au Bénin et que leur baisse n’affecte pas aussi le budget de l’Etat béninois ? Ce n’est pas certain puisqu’il reconnait ‘’indirectement’’ que le Bénin dépend du Nigéria et a souhaité, lors de l’émission, que son pays travaille à ne plus l’être.

Il est évident en effet que cette cible citée par le député n’est pas la « seule » qui souffre de la décision du Nigéria. Au-delà des opérateurs économiques, exploitant du marché béninois, c’est le budget de l’Etat même qui éprouve des difficultés. Il n’est plus à démontrer que sur leurs translations commerciales, la douane béninoise fait une bonne partie de ses recettes. Du coup, lorsque le commerce de ces opérateurs ne fonctionne plus ou est en souffrance, le trésor public en pâtisse.

Pour preuve, selon les confidences d’un responsable du service des douanes à la frontière Sèmè-kraké, les recettes douanières à ce niveau sont en baisse de près de 90% à cause de l’impossibilité de ces transits commerciaux Bénin-Nigéria depuis 20 août 2019. Il est à noter également que le prix de l’essence au bord de la voie est en hausse ; celui de certains produits de première nécessité sur le marché aussi. C’est dire que le citoyen lambda en souffre.

Comment soutenir alors que « seuls, les citoyens qui ont des transactions régulières avec le Nigéria éprouveront des difficultés » dans un tel contexte? Monsieur le député n’a qu’à demander au régime auquel il appartient de lui sortir les vrais chiffres ne serait-ce que de la douane pour les trois derniers mois pour se convaincre des autres perdants de cette situation.