Nous avons assisté au mois d’Avril à une offensive du pouvoir de Mr Talon au sujet du bilan du gouvernement, ce à un an de la fin de son mandat. Nous avons eu droit à des images sorties tout droit des agences de publicité, emballées sous le titre ronflant « le temps des moissons ». Comme si cela ne suffisait, la télévision Talon – car c’est ainsi qu’il faut appeler l’ORTB monopolisé aux fins de propagande gouvernementale- nous infligera le défilé des ministres, chacun se prêtant aux questions obligeantes des journalistes. Pour couronner le tout, c’est un panégyrique de Mr Talon qui nous est imposé à travers une heure de publi-interview avec le préposé à la communication du palais. Pour un gouvernement qui dit ne pas vouloir le culte de la personnalité, bravo.
Mais derrière l’auto-encensement du gouvernement quelle est la réalité ?
Le gouvernement Talon s’illustre dans le camouflage des données chiffrées, l’auto-congratulation sur la base de chiffres provisoires ou communiqués de soi-disant experts, traduisant devant des juridictions d’exception les journalistes contestant les affirmations gratuites (comme l’annonce du taux de croissance avant la clôture de l’exercice !). A titre d’illustration, l’indice de la Banque Mondiale mesurant «l’ Évaluation de la méthodologie en matière de capacités statistiques (échelle de 0 à 100) » est passé de 50 en 2016 à 30 en 2019. Depuis son arrivée au pouvoir le gouvernement Talon n’a publié aucune enquête sur la mesure de la pauvreté, mais nous inonde des tonnages de coton.
Nous utiliserons principalement ( exclusivement pour les graphiques) les quelques données fiables disponibles sur le site de la Banque Mondiale (https://donnees.banquemondiale.org/pays/benin?view=chart) pour relativiser les prétendues performances économiques exceptionnelles du gouvernement Talon et mettre l’accent sur ses choix qui traduisent un profonds mépris du peuple. Ces données acceptées par la plupart des économistes sont pour l’heure disponibles jusqu’en 2018 car il faut souvent une année pour collecter et traiter les données contrairement aux chiffres avancés lors des discours officiels.
Croissance réelle mais pas exceptionnelle vu du Bénin ou de la sous-région
Tous les ans, le président nous claironne que la croissance est au rendez-vous. C’est un fait. Mais le monde entier était en croissance dans la période, sans que les populations en tirent grand profit. Le taux de croissance au Bénin (passé de 3.96% en 2016 à 6,86 en 2018) n’est pas une exception au Bénin, son prédécesseur Yayi Boni décrié ayant réalisé un taux de 7,9% en 2013, sans parler des 8,97% de Soglo en 1990.
Dans la sous-région le Bénin (6,86%) fait moins bien que la Côte d’Ivoire (7,43%) et à peine mieux que le Burkina en 2018 ( 6,83%) et pas très loin devant le Niger (6,48%). Comme on le voit sur les graphiques ci-dessus, il n’y a pas de quoi pavoiser et le constant défilé de soi-disant experts, les discours lénifiants à la tribune de l’Assemblée nationale ne remplacent pas une politique économique créant une croissance forte permettant de réduire la pauvreté (7% à 10% sur la durée).
Le port de Lomé fait trois fois le tonnage du port de Cotonou sans les belges
Faut-il commenter les rodomontades sur le port et les coups de poignard dans le dos aux dockers  par le gouvernement qui en a confié la gestion a PAI. Les statistiques de tonnage pour 2018 ( voir graphique ci-dessous) montrent que le tonnage a baissé sous le gouvernement de la rupture après un plateau sous le régime YAYI. Faut-il croire que l’on accuse son chien de rage pour le noyer ? Pendant ce temps le port de Lomé dont la gestion n’a pas été confiée à des étrangers prend la première place dans la sous-région avec plus d’un million (1,193 millions en 2018) d’équivalent container de 20 pieds , triplant le volume du Port de Cotonou et passant devant les ports de Lagos, Tema et Abidjan si l’on croit TogoFirst citant les statistiques de la CNUCED.
Jean F C. HOUESSOU
Consultant
Atlanta Usa
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