Face aux appels tous azimuts à la candidature de Patrice Talon pour l’élection présidentielle de 2021 au Bénin, des voix se lèvent pour inviter le président de la République à respecter sa parole donnée. C’est le cas de Adébissi Daoudou, un Béninois résident en France. Dans une lettre ouverte intitulée «un mandat unique sauf parjure », adressé au chef de l’Etat, il invite Patrice Talon à s’en tenir à son mandat unique.Pour lui, «souvent une phrase concentre et résume tout un discours ».
Il estime que «tout ou presque a déjà été dit sur l’éventualité de votre candidature aux prochaines élections présidentielles de 2021 ». Certes, il est constitutionnellement et démocratiquement juste et légitime. Mais, selon Adébissi Daoudou, «d’un point de vue de l’éthique politique (car la politique aussi a une éthique) cette candidature constitutionnellement possible mais éthiquement improbable se heurterait aux dispositions de l’article 41 sur le fondement duquel vous avez prêté serment, puisqu’elle viendrait se heurter à une valeur que vous avez-vous-même proclamée comme étant essentielle à la nation à savoir le mandat unique, et pourrait de ce fait mettre en péril l’unité nationale dont vous êtes constitutionnellement le garant ». Il soutient que, contrairement aux sens et interprétations donnés aux propos du chef de l’Etat sur le mandat unique, ces paroles ne sont pas une simple promesse de campagne électorale mais «un serment au sens juridique du terme ».
La chronologie des faits
Adébissi Daoudou rappelle que le candidat Patrice Talon a promis de ne faire qu’un seul mandat. Mieux, «le candidat Patrice Talon a dit que même si la révision de la constitution ne passait pas, il s’appliquerait à lui-même un seul mandat et donc ne briguerait pas un second mandat ». Mieux encore «élu président de la République et alors que rien ni personne ne l’y obligeaient, le nouveau président que vous êtes, a repris et renforcé cette promesse de campagne dans son discours d’investiture, c’est-à-dire : « Devant Dieu, les Mânes des Ancêtres, la Nation et devant le Peuple béninois, seul détenteur de la souveraineté » (Art. 53).
Et cette reprise de la promesse de campagne dans le discours d’investiture qui confère aux propos de Talon, le caractère d’un serment qu’il ne saurait «trahir sans parjurer et risquer des contestations populaires sur applications combinée des articles 41, 53, 73, 75 de la constitution de 1990 pour ne citer que ces articles ». Il est conscient que l’analyse juridique qu’il fait n’aura pas l’assentiment de la Cour Constitutionnelle Joseph Djogbénou. Ceci, «non pas parce qu’elle est indéfendable mais parce que cette Cour est inique ».
Renoncer pour l’amour du Bénin
Adébissi Daoudou pense que c’est surtout sur le plan de l’éthique et de la morale politiques que la candidature de Talon, si elle se confirme, «est porteuse de germes de contestations sans fin ». Alors, il exhorte le président à ne pas écouter ses courtisans qui veulent l’amener à renier sa parole d’honneur car de fait il ne lui en restera plus d’honneur. Il relève que si Talon advient à écouter ses courtisans, «le résultat serait que le peuple béninois ne croira plus jamais aucune parole de l’État ».Or, «un peuple qui ne peut plus croire en la parole de l’État est privé non seulement de sa capacité contributive au développement du pays, mais aussi et surtout de sa capacité de penser et de juger ». Ce qui en fait la proie facile de tous les extrémismes. C’est pour ses raisons que Adébissi Daoudou, exhorte à «renoncer à un second mandat par amour pour le Bénin ».
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