Au sens figuré, l’expression faire un dessin consiste à expliquer quelque chose de façon compréhensible et de manière claire sans équivoque à quelqu’un. En février 2018, dans une publication en ligne sur Beninplus.com intitulé la chronique d’une crise post-électorale en téléchargement au bénin» je tirais la sonnette d’alarme sur les dangers qui guettaient le Bénin dans son processus électoral. J’expliquais à cet effet que la mise en place de l’outil informatique qui devrait servir à conduire les élections au Bénin n’avait ni fait l’objet de consensus, ni de transparence, et était empreint d’exclusion d’où l’inéluctabilité d’une crise post-électorale.
Dans ce même élan, un an plus tard en mars 2019 dans un message privé au Sous-Secrétaire d’état Américain pour l’Afrique, l’Honorable Nagy Tibor, avec pour sujet, « Agitation civile imminente et crise électorale en République du Bénin » j’attirais l’attention de l’administration américaine sur l’imminence d’une crise post-électorale au Benin, les conséquences pour la région et les partenaires au développement du Pays. Sans coup férir, ce fut le cas.
En mai 2019, la crise post-électorale sans précédent avec sa cohorte de morts et de dégâts matériels dont le peuple Béninois a toujours peine à s’en guérir a secoué le Bénin à la suite des élections législatives.
Nous y sommes encore. Considérant que les mêmes causes produisent les mêmes effets, il ne fait aucun doute que le Bénin une fois encore glisse vers une autre crise électorale. La seule question qui subsiste précèdera-t-elle ou succèdera-t-elle l’élection présidentielle de 2021 ? Sera-t-elle pré-électorale ou post-électorale ?
En effet, « le principe le plus fondamental définissant des élections crédibles est qu’elles doivent refléter la libre expression de la volonté du peuple. Pour y parvenir, les élections doivent être transparentes, inclusives et responsables, et il doit y avoir des opportunités équitables de participer aux élections. Ces grands principes sont étayés par plusieurs obligations liées au processus électoral, ainsi que par un certain nombre de droits et libertés clés, dont chacun découle du droit international public. » Principes et obligations qui sont bafoués au Bénin depuis 2016.
De ce point de vue, il est évident qu’avec la règle du parrainage, où il faudra être maintenant parrainé par 10 % des maires et/ou des députés, et considérant que l’opposition, n’a pas de députés à l’Assemblée nationale, elle est de fait exclue de l’élection présidentielle. Qui plus est, n’ayant pas de député à l’assemblée, l’opposition est aussi de facto exclue des instances de la république en charge du processus électoral. Et comme la cerise sur ce gâteau d’exclusions, s’ajoutent les dispositions du nouveau code pénal qui désormais interdit sur la voie publique ou dans un lieu public, tout attroupement armé, tout attroupement non armé non autorisé.
Au vu de tout ce qui précède, étant entendu que le Président Patrice Talon est dans sa logique implacable d’assujettissement du peuple et d’exclusion de toute opposition pour sa pérennisation au pouvoir, et du fait que la stupidité n’est pas une excuse en politique :
- Aux leaders politiques qui battent le macadam -ici on parle désormais d’asphalte– du Bénin à la rencontre des différentes couches de la population; dans l’illusion d’une candidature élusive dans une pseudo-précampagne présidentielle ;
- Aux partis et regroupement politiques en quête effrénée de légalité -ici on parle de certificat de conformité– ;
- Aux différents état majors politique appelant à la candidature de leur champion dans une perspective d’élection présidentielle ;
La question reste et demeure : QUEL EST LE PROJET ? s’il est entendu que, les dés de la présidentielle de 2021 sont déjà pipés. Que dire donc de ceux d’entre vous qui s’essayent à les jeter ?
Faut-il un dessin pour se rendre compte, qu’inéluctablement, exactement comme en Mai 2019, le Bénin glisse vers une crise électorale dont la responsabilité, si elle est imputable à la rupture et son chef, la sera doublement à la classe politique, toute tendance confondue si elle ne prend pas la mesure de l’urgence et de la nécessité du préalable qu’est la restauration de l’ordre démocratique et républicain gage d’une élection présidentielle inclusive, transparente, libre et équitable en 2021.
Ambassadeur Arouna, MBA est Managing Partner chez USAFCG, fondateur et PDG de Global Specialty (GSL), ancien ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Bénin aux États-Unis d’Amérique, et représentant du Bénin au Mexique et à l’Organisation des États américains. Il est un expert reconnu des investissements du secteur privé en Afrique, des relations gouvernementales et des relations entre les États-Unis et l’Afrique.
Laisser un commentaire