L’affaire de la caricature du prophète Mahomet par l’hebdomadaire satirique français Charlie Hebdo, continue à susciter des réactions. En France, la liberté d’expression est un droit consacré et nul ne peut comparaitre en justice pour blasphème. Contrairement en Suisse, le délit de blasphème est passible de peine. Afin d’élargir le champ de la liberté d’expression, le conseiller Vert’Libéral, Beat Flach a souhaité l’abolition du délit de blasphème auprès du Conseil national suisse.
Toutefois, le Conseil a rejeté ce vendredi 30 octobre, la demande du conseiller à une grande majorité : 115 voix contre 48, estimant que la liberté d’expression a des limites. « La liberté d’expression ne s’applique pas sans limite », a déclaré la conseillère fédérale Karin Keller-Sutter. D’après Beat Flach, « il est anachronique qu’un Etat laïc et libéral érige le blasphème en une infraction spécifique ». En Suisse, en effet, le code pénal en son article 261 réprime le fait de « bafouer les convictions d’autrui en matière de croyance, en particulier de croyance en Dieu ».
« D’autres Etats européens l’ont bien compris »
Pour le conseiller, d’après qui cette restriction ne devrait plus figurer dans la loi, d’autre pays avaient déjà compris très tôt le bien-fondé de son combat en abolissant cette disposition de leur dispositif légal. « D’autres Etats européens l’ont bien compris : le Danemark, la France, la Norvège, l’Islande et Malte ont déjà aboli ce délit de blasphème. Même la catholique Irlande a suivi à la fin octobre 2018 lors d’un référendum, » a-t-il déclaré.
Dans sa réplique, Karin Keller-Sutter a estimé que « l’article 261 ne protège pas seulement le ‘vivre ensemble’ pacifique de toutes les religions, mais aussi le droit au respect des convictions religieuses. Ce faisant, il garantit également aux minorités religieuses une protection pénale contre les persécutions ».
Que chacun s’assume
En France par ailleurs, l’évêque de Nice, Mgr André Marceau a affirmé après que trois de ces fidèles soient décédés dans une attaque au couteau dans la basilique Notre-Dame de l’Assomption, ne pas être Charlie, mais que chacun assume la liberté d’expression. « Non je ne suis pas Charlie, je suis André Marceau ! Soyons nous-mêmes avec nos convictions. Ces caricatures, ce n’est pas mon problème. Certes, la liberté d’expression est sacrée en France, mais que chacun s’assume. Il y a des identités qu’on ne peut pas trop bafouer à la légère », a déclaré le prélat.
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