Elections américaines : rejet de Donald Trump dans une Amérique divisée

Au lendemain de l’annonce de la victoire de Joe Biden , notre chroniqueur Jean F Houessou Béninois de la diaspora, résident à Atlanta depuis de nombreuses années, livre ses premières analyses sur les  élections américaines. Il commence par réfuter la fausse lecture que font certains en Afrique du système de décompte des voix.

Le Samedi 7 Novembre soit près de 4 jours après la clôture des bureaux de vote, les organes de presse se basant sur les décomptes de voix et leurs projections ont annoncé que Biden sera le prochain président des Etats Unis. Contrairement à une tradition établie, Donald Trump refuse toujours de reconnaître sa défaite, promettant d’ester en justice et demander un recomptage des voix là où c’est légalement possible.Les réseaux sociaux bruissent d’analyses diverses faites au nom des Africains et pour les Africains. Quelles observations pouvons-nous faire sur ces évènements et quelle lecture pouvons-nous, Africains du continent et de la diaspora aux Etats Unis et ailleurs en faire ?

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Organisation des élections et proclamation des résultats

De nombreux commentaires font état de la surprise quant aux lenteurs dans la production des résultats, rapprochant cela des délais observés dans nos pays et y trouvant des justifications a posteriori pour les retards observés chez nous. 

La lenteur dans la production des résultats trouve son origine principale dans le recours massif au vote par correspondance utilisé en réponse à la pandémie du COVID-19 et les risques liés aux rassemblements. Environ 62 millions sur 150 millions de votes ont été émis par correspondance. Le caractère décentralisé du traitement des élections  entraîne un traitement diffèrent des bulletins de vote par correspondance, certains Etats commençant le dépouillement avant la fermeture des bureaux de vote, d’autres choisissant de n’entamer ce dépouillement qu’après celui des votes émis en personne le 3 Novembre. Le dépouillement des votes par correspondance est intrinsèquement semi manuel car il suppose vérification de la validation des dits bulletins du point de vue de la forme (signature, double enveloppe…), de la légalité (inscription sur les listes, absence de vote en personne etc…) avant lecture et décompte électronique. 

Bien sûr les infrastructures des élections aux USA et en Afrique sont très différentes, et assimiler les retards induits par cette proportion élevée de bulletins de vote par correspondance aux retards qu’on observe dans nos pays me paraît spécieux.

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De la même façon lier les retards dans la promulgation des résultats au suffrage indirect (grands électeurs) –quoiqu’on puisse en penser par ailleurs- me semble relever d’une incompréhension. Le caractère décentralisé du dépouillement est lié à la structure fédérale des Etats-Unis et non au système de suffrage indirect, les élections de députés et sénateurs soumis au suffrage universel direct subissant le même traitement.

Trump champion d’une certaine Amérique profonde

Le fait que Trump ait réussi à réunir sur son nom, 70 millions de voix ou 47% des Américains, ce en dépit de ses frasques, mensonges et propos outranciers traduit le fait qu’il représente une partie de l’Amérique. Cette Amérique frileuse et désorientée par les changements aux Etats Unis et dans le monde, trouve un réconfort dans les fanfaronnades de Trump qui leur fait croire qu’un retour au passé est possible. Nous disions il y a quatre ans (La Nouvelle Tribune Elections Américaines 2016) que le succès de Trump s’expliquait par trois facteurs. 

∙       La révolte des laissés pour compte de la globalisation

∙       Le rejet de la  classe politique traditionnelle

∙       Les faiblesses de la candidature d’Hillary Clinton

A part le troisième point qui ne s’applique plus en 2020, les deux premiers demeurent. En particulier le premier point s’agissant des laissés pour compte de la globalisation.

On observe que Trump a réalisé ses meilleurs scores dans les zones rurales et dans le « rust belt » ces zones de désindustrialisation, comme Youngstown en OHIO ( industrie automobile) ou  Elkhart ( Caravanes autos…) en Indiana, en dépit du coup d’arrêt de Biden. Menacés dans leur situation matérielle jusqu’alors relativement confortable, bousculés dans le contrôle du pouvoir politique et social par l’émergence démographique des minorités noire, latinos, et asiatique, une frange de la population américaine s’accroche désespérément à ses privilèges du passé. Cette frange souvent raciste –inconsciemment ou non- voit le monde changer devant ses propres yeux et a du mal à accepter ces changements. Pendant quatre ans, Trump leur a promis de renverser la roue de l’histoire, de ramener la production industrielle aux Etats Unis et supprimer les robots, de supprimer les importations de Chine et les délocalisations, de remettre les Noirs « à leur place » (inférieure), de renvoyer les immigrés chez eux… Bien sûr Trump n’a pu rien faire de tout ceci, a part traumatiser les candidats à l’immigration, encourager le racisme et les violences policières contre les Noirs.

Néanmoins cette frange de la société américaine est restée fidèle à Trump en qui certains se reconnaissent par le langage (limité, peu policé et parfois grossier). Bien que leur situation matérielle ne se soit pas améliorée en 4 ans, ils gardent l’espoir de conserver la suprématie raciale blanche et les privilèges matériels (politique, culturel, économique et social…) y afférant.

Dans un tel contexte, il faut tempérer les attentes de changements politiques majeurs par la nouvelle administration en matière d’immigration notamment, surtout si les républicains devaient conserver la majorité au Sénat. 

Les mesures les plus outrancières de Trump seront probablement abrogées (mur, immigrés à statut particuler- DACA, ou TPS-, Interdiction de visa aux pays musulmans…) mais une réforme de la politique d’immigration est peu probable. De même les brutalités policières seront peut-être contrôlées, mais le racisme institutionnel a encore de beaux –ou tristes- jours devant lui.

Les combats des associations de jeunes, de la société civile comme ‘Black Life Matters’ etc… vont toutefois permettre d’amplifier le rejet de Trump et permettre quelques avancées au plan sociétal.  

Rejet de Trump et de l’incompétence arrogante

Les dernières élections semblent marquer autant le rejet de Donald Trump et de son incompétence arrogante, que le rejet de ses politiques. En quatre ans ce président a poussé les limites de l’incivilité, des attaques exécrables sur les minorités et les pays pauvres, tout en épousant, encourageant et donnant une nouvelle légitimité au racisme primaire le plus abject.  Au-delà du résultat des élections, le rejet de Donald Trump se traduit par des manifestations de joie sans précèdent dans les rues des principales villes des Etats Unis, de New York à San Francisco en passant par Atlanta et Philadelphie.

Sur le plan économique, la seule « réussite » de Trump est la réduction massive des impôts accordée aux ménages les plus fortunés et aux entreprises notamment financières (impôts sur les bénéfices passant de 39% à 21%.) Cette réduction massive d’impôts pour les riches entraînera un accroissement des déficits publics pouvant atteindre $2000 milliards au cours de la décennie en cours. Cette mesure a toutefois eu un effet positif mécanique sur le cours des actions en bourse, dans la mesure où  la valeur d’une action est fonction du bénéfice escompté, lequel est automatiquement accru par la réduction des impôts. Ajoutez à cela que la réduction des impôts sur les bénéfices a entraîné un rapatriement partiel des bénéfices que les multinationales avaient parqué dans les paradis fiscaux. Ces bénéfices au lieu d’être réinvestis dans l’économie productive comme les griots de Trump le clamaient ont servi au rachat des actions en bourse, ce qui a contribué au gonflement des cours. Au total les performances de la bourse qui profitent plus aux ménages les plus fortunés ont été largement alimentées par ces réductions fiscalement désastreuses des impôts et non par une amélioration structurelle de l’économie, laquelle n’a jamais vu les investissements dans l’infrastructure promis par le candidat Trump. Sur le plan commercial, la guerre commerciale avec la Chine, initiée par Trump, aura des conséquences désastreuses sur les revenus agricoles que l’Etat sera obligé de compenser pour protéger les allégeances politiques. Loin de présider à une renaissance de l’industrie par la relocalisation des industries, Trump a simplement déplacé les industries délocalisées de la Chine vers des pays ou les salaires étaient encore plus faibles comme le Vietnam ou les Philippines. Cette politique commerciale aura des conséquences stratégiques imprévues, accélérant la course de la Chine vers l’indépendance technologique et la réorientation de sa production manufacturière vers son immense marché intérieur. Non content d’accroitre les inégalités économiques par sa politique fiscale, Trump accroîtra la détresse sociale des couches les plus défavorisées en démantelant le début d’assurance maladie instauré par Obama (Obama Care ou Afforadable Care Act), supprimant notamment les subventions accordées aux plus pauvres pour le paiement des primes d’assurance et supprimant l’obligation d’assurance qui permettait une certaine mutualisation des risques et contrôle du montant des primes. 

Ajoutez à cela une politique de l’environnement ignorant les dangers du réchauffement climatique et démantelant toutes les réglementations existantes visant à réduire la pollution atmosphérique et celle des eaux au profit des multinationales du pétrole des mines de charbon, une politique de de régression sociale réduisant les aides aux universités servant les étudiants issues des minorités, le budget de l’aide à l’habitat, les réglementations sur l’implantation des logements sociaux dans les communes aisées etc…

Sur le plan culturel, Trump va se lancer dans des attaques grossières contre des sportifs de haut niveau, notamment noirs, qui protestaient contre les brutalités policières, appelant ses supporters à boycotter les ligues de sport.

Trump et nous:’’ Vous allez en souffrir….

Ce rejet de l’incompétence arrogante est un exemple pour nos peuples ou de prétendus technocrates implémentent des politiques économiques anti-sociales et régressives au nom d’une prétendue rigueur ou compétence. 

Au Bénin aussi, un président prétendant être un homme d’affaires entouré par un clan mafieux à sa dévotion prétend nous mener à la modernité avec rigueur. Au Bénin comme aux Etats Unis durant les quatre dernières années, on a assisté à un accroissement des inégalités, accéléré par le contrôle de type mafieux qu’exercent un clan sur l’économie, situation rendue plus précaire par l’état d’arriération et de dépendance économique d’où nous partons, l’absence de tout contre pouvoir politique, et la tentation d’un pouvoir autocratique.

Chez nous comme là-bas, un président arrogant traite ses concitoyens avec un mépris arrogant (« vous allez en souffrir, mais vous ne pourrez rien », « le Bénin est un pays de pagaille », « il faut forcer un peu ») et il est permis de penser que son rejet sera aussi éclatant et sonore, si les Béninois ont la possibilité d’exprimer leur volonté par le vote.

Par Jean F.Houessou (Contribution) ,MBA,

Atlanta Usa

7 réponses

  1. Avatar de Joeleplombier
    Joeleplombier

    Contribution MBA J F. HOUESSOU
    Vous vous rendez compte ????
    Combien il met dans la balance pour s’offrir des pages ici
    Posez-vous la question
    Une honte pour ce canard
    Je passais
    Le Plombier
    #Klébé_révélé

  2. Avatar de Joeleplombier
    Joeleplombier

    Celui-là ne sais même pas de quoi il parle
    Qui le connaît au sein de la diaspora aux USA
    Personne.
    Il n’y a que ce canard qui fait de la publicité gratuite à ce type en publiant ses analyses bidons
    Tchrous
    Je passais
    Le Plombier
    #Klébé_révélé

  3. Avatar de (@_@)
    (@_@)

    « Personne n a rejeter Trump… » Hum. SI ce n’est pas du déni de réalité, je ne sais pas comment ça s’appelle.
    \\\\ ///
    (@_@)

  4. Avatar de Bido
    Bido

    Personne n a rejeter Trump a part vous les medias corrompus qui n ont plus rien de media.. Trump ne se laissera pas voler l election comme vous les medias criminels diffusseurs de fake news sont en train de le faire. Le recomptage des voies dans le Michigan nous montre deja le degré de pourriture des medias a couvrir la fraude..

    1. Avatar de gombo
      gombo

      70 millions contre 74 millions….Si c’est pas un rejet, je ne sais pas ce qu’est un rejet…Regardez les teles ameriacines et voyez la jubilation a New York, Washington, San Francisco… On peut toujours nier la realite et se donner des faits alternatif… comme le promeuvent les locatiares de la maison blanche distillant mensonges et contre verites depuis 4 ans…

      1. Avatar de Joeleplombier
        Joeleplombier

        Gombo
        Bienvenue à la maison.
        Tu as retrouvé le bon sens
        Bon début de semaine à toi
        Le Plombier

        1. Avatar de Ggombo
          Ggombo

          Plombier
          Qui t’empêche d’envoyer des articles ici ou à Fraternité , toi qui es connu de tous dans la diaspora planétaire ?
          Au lieu de baver, sors ta plume

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