Turquie : un journaliste en exil condamné pour espionnage à 27 ans et demi de prison

Can Dündar, un critique virulent du président turc, Recep Tayyip Erdogan, est l’un des plus connus des milliers de journalistes, politiciens, universitaires et fonctionnaires turcs qui sont depuis plusieurs années dans le collimateur de M. Erdogan. Nombre de médias critiques turcs ont été fermés ou achetés par des personnes ayant des liens avec le parti au pouvoir d’Erdogan. En mai 2015, le média d’opposition Cumhuriyet, dont Can Dündar était le dirigeant avait publié un article qui a dérangé le pouvoir en place.

L’article révélait un trafic d’armes coordonné par les services secrets turcs à destination de factions syriennes avec des images et vidéos à l’appui. Si le quotidien n’avait pas dévoilé ses sources, le président Erdogan lui, avait pointé du doigt des agents au service du prédicateur Fethullah Gülen. « Celui qui a publié cette information va payer le prix fort, je ne vais pas le lâcher comme ça» avait déclaré le président à l’époque. Reconnu coupable par un tribunal d’Istanbul d’espionnage et d’aide à une organisation terroriste armée, le journaliste avait passé trois mois en prison avant d’être libéré sur ordre de la Cour constitutionnelle en février 2016.

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Il avait profité de l’occasion pour fuir en Allemagne où il réside actuellement. Au terme d’une longue procédure, la 14e chambre d’assises d’Istanbul l’a condamné ce mercredi 23 décembre à 18 ans et neuf mois pour « avoir obtenu des informations confidentielles pour espionnage » lié au journalisme, et à huit ans et neuf mois supplémentaires pour avoir aidé des partisans du religieux exilé Fethullah Gülen, qu’Ankara accuse d’être l’auteur de la tentative de coup d’État de 2016.

« Si vous couvrez des questions sensibles, c’est ce qui vous arrivera’’

Les avocats du journaliste avaient refusé d’assister à l’audience affirmant dans une déclaration à l’avance, que « nous ne voulons pas faire partie d’une pratique visant à légitimer un verdict politique préalablement décidé ». Ils ont annoncé qu’ils feront appel du verdict. « Le message que le gouvernement turc envoie ici en punissant un journaliste si durement est le suivant : ‘’Si vous couvrez des questions sensibles, c’est ce qui vous arrivera’’. Je crains que ce verdict ne dissuade davantage les journalistes encore en Turquie de faire leur travail » a déclaré Can Dündar pour sa part.

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