Sous l’arbre à palabre, les contes en Afrique ont toujours été l’un des nombreux canaux de transmission de l’éducation des héritiers et héritières aux valeurs essentielles des communautés et à l’intégration de la sagesse ancestrale dans les esprits. Le pouvoir des contes a toujours fasciné les plus petits comme les grands et c’est un phénomène perpétuellement à la mode même à l’ère du numérique. Mais particulièrement ici, c’est le voyage mental dans lequel plonge le lecteur dès qu’il ouvre un livre qui est sans doute un des nombreux faits réels qui a captivé le célèbre écrivain Amadou Hampâté Bâ et bien sûr bien d’évènements qui nous échappent encore, pour proposer aux nombreux lecteurs ce proverbe. Il faut noter que dans un conte il y a plusieurs acteurs, différents personnages, différentes situations et multiples problématiques qui trouvent résolutions de différentes manières.
Seulement en terre africaine, une histoire a un sens, des valeurs mais reste imprimée d’une sagesse que seul l’apprentissage (par la connaissance ou l’écoute) permet d’en saisir le sens. La connaissance d’un conte en est un des moyens. Le miroir à la base est une surface réfléchissante de verre qui reflète simultanément l’objet ou l’être (animé ou non). L’effet miroir peut s’observer sur d’autres formes de surfaces ou plans d’eau calmes ou d’une manière plutôt imagée d’un phénomène ou d’êtres vivants qui exécutent des actions similaires à d’autres sur d’autres positions géographiques par exemple. La mention du miroir dans ce proverbe est justement utilisée pour mettre en évidence cette représentation imagée des individus qui écoutent ou lisent un conte. L’usage du mot « image » par contre vient préciser que le conte narré reflète des représentations similaires que le lecteur peut se représenter sous multiples formes dans son imaginaire. Ainsi, un conte est un enseignement à travers le lecteur en plus de se représenter les faits réellement, il s’identifie à son tour à un personnage de la narration selon les faits ou situations racontées.
La véritable signification de ce proverbe d’Amadou Hampâté Bâ depuis ses explorations peuhls en Afrique est d’expliquer aux héritiers comme aux héritières ou à l’interpellé ou ceux qui l’entendent qu’au travers d’une narration chaque individu peut se représenter sa propre histoire ou une partie des défis auxquels il est confronté. De cette manière il pourra s’en inspirer pour relever ses défis et en apprendre davantage avec plus de sagesse. Les proverbes africains peuvent provenir des anciens, sages mais également de personnes ordinaires ou d’illustres personnalités publiques telles que les écrivains qui ont le pouvoir de refléter plusieurs enseignements dans leurs écrits.
Cela ne nécessite pas toujours des siècles pour avoir le mérite d’être pertinent ou exploité. Amadou Hampâté Bâ en plus d’être un écrivain était un ethnologue malien, défenseur de la tradition orale, d’origine peulh de surcroît. Et même si son proverbe date de 1976 dans « Petit Bodiel et autres contes de la savane » un de ses 37 livres, il n’en regorge pas moins de valeurs humaines invariables dans le temps. Les valeurs et principes dans ce grand livre de conte traditionnel peuhl inscrits sont très importants et reconnus sur le grand continent noir avec ses formations végétales comme animales diversifiées. Un conte permet donc au-delà des paroles rédigées de revivifier les faits et les acteurs de l’histoire racontée.
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