Agonli-Lowe est l’un des villages de l’arrondissement d’Azowlissè dans la commune d’Adjohoun. Situé à environ trois kilomètres du carrefour principal d’Azowlisse, on y arrive après avoir emprunté quelques sentiers tortueux. Dans ce petit village de la vallée de l’Ouémé, la vie est au rythme des saisons. Depuis la décrue, les habitants s’adonnent aux activités champêtres principalement le maraîchage et la culture de contre-saison.
Agonli-Lowe est un beau village qui jouxte le fleuve Ouémé. Chaque année, ce village subit les affres de l’inondation. Ce n’est que le mois dernier que les eaux se sont retirées et les populations ont repris une nouvelle vie. Agonli-Lowe est un village quelque peu enclave situé à environ trois kilomètres du carrefour central de l’arrondissement de Azowlisse dans la vallée de l’Ouémé et longeant la rivière de cette localité. On y retrouve non loin de cette rivière, un petit marché qui s’anime périodiquement et où les populations aussi bien du village Agonlin-Lowe que celles venues des villages environnants viennent vendre ou acheter leurs produits. Les populations ici vivent essentiellement des activités agricoles. Contrairement à l’ambiance qui y règne ces derniers jours, autrement dit après la saison des pluies, c’était un village qui nageait pratiquement sous l’eau et qui était invivable. « …C’est souvent dans le mois de juillet voire août que nous vivons la période de crue ici dans le village de Agonlin-Lowe. Nous vivons cela parfois jusqu’au mois de septembre comme par exemple cette année. C’est une période très sensible surtout pour les enfants et il est recommandé de prendre bien soin des enfants pour éviter les noyades et l’électrocution… » informe Bonou Bernard, chef du village de Agonlin-Lowe.
« C’est également une période de soudure pour les villageois…nos bêtes aussi ne mangent pas bien. Tout ce qui constitue nos bétails, nos volailles sont protégés de la noyade et transférés dans un enclos en bois conçu spécialement à cette occasion… », indique un septuagenaire qui se fait passer pour un conseiller du chef village de Agonlin-Lowe. Ce dernier a ajouté que chaque année ils rendent grâce au Tout Puissant parce que tout commence par s’assécher courant octobre. Et à partir du 1er novembre jusqu’en décembre, les villageois démarrent progressivement leurs activités agricoles. Les populations cultivent en général les denrées de conversation, notamment le haricot, le maïs, le piment, les légumes, le gombo, la tomate. Ainsi à partir du mois de janvier, ces récoltes commencent par inonder le marché. Soit pour la vente, soit pour la consommation ménagère. Le piment c’est à partir du mois de mars que cette culture inonde le marché.
« C’est un cycle perpétuel chaque année puisque c’est sur le même sol que nous avions les cultures… », précise le septuagénaire rencontré chez le chef village. D’autres villageois rencontrés ont indiqué que c’est dès le mois de mars que généralement la saison pluvieuse démarre et c’est durant cette période que les villageois entament la semence du maïs. « Si la pluie n’est pas abondante, cela nous profite beaucoup. Mais le cas contraire, plusieurs de nos plantations sont inondées par l’eau… » renseigne Wilfried, un paysan de Agonli-Lowé. Ce village de la vallée de l’Ouémé contrairement à d’autres villages de la vallée de l’Ouémé qui se trouvent pratiquement sur le plateau. Outre les activités agricoles qui s’y mènent, les populations de Agonlin-Lowé s’adonnent aussi aux activités de pêche en période de crue. C’est un moment où les villageoises vont vendre le poisson que leur mari va pêcher pour survivre. « …Nous survivons aussi grâce à la vente de quelques bétails tels que nos chèvres, nos porcs et parfois la volaille… », lance un jeune villageois assis à côté du chef village.
Manque d’assistance
Aussi bien Agonli-Lowé que les villages environnants dans cette zone de la vallée de l’Ouémé, les populations victimes de la crue ne bénéficient pas de l’assistance qu’il faut. « …Quand il y a inondations, nous faisons des sensibilisations et nous hébergeons les populations en majorité dans des maisons sociaux érigées à cet effet, notamment des dispensaires, des Ceg qui se situe sur la terre ferme et des centres de promotion sociale de la localité… » précise Janvier Agbanmèto, Chef d’arrondissement de Gangban rencontré un soir dans les locaux de ses bureaux qui a bien voulu nous donner plus de précisions sur comment les populations de Agonli-Lowé se démerdent durant la crue et la décrue. Il ajoute que toutefois, certaines populations décident de ne pas bouger et restent sur place. Pour le CA de Gangban, parfois des ONG, le centre de promotion sociale de la localité et le conseil communal d’Adjohoun viennent en assistance aux populations mais ce n’est pas suffisant le don de savon, de couvertures, de feuilles de tôle et autres. Le premier citoyen de Gangban souhaite que le gouvernement appuie les femmes de Gangban en microcrédits pour rehausser leur commerce.
Au delà de Agonlin Lowé
Outre Agonli-Lowe, d’autres villages environnants ne sont pas aussi épargnés par cette razzia pluvieuse. Il s’agit des villages de Gôgbo, Dèkin, Dannou, Agonguè, Wozounmè, Dèwemè-Sodji, Hêtin, Kessounou, Gangban. Toutes ces localités sont envahies par les eaux en saison pluvieuse. Malheureusement, durant cette période de forte pluie suivie de crue, les populations ne bénéficient pas très souvent de l’assistance des autorités locales et aussi des autorités gouvernementales. « Parfois, des élus locaux nous rassurent de ce que les autorités gouvernementales vont nous assister, mais souvent rien. Nous sommes laissés à notre propre sort… » se désole Goutin un sage de Agonli-Lowé rencontré à quelques mètres du marché revenant du champ. Il indique toutefois qu’il y a deux ans que des feuilles de tôle, du savon et quelques vivres leur ont été octroyées par des autorités. Une situation vraiment douloureuse pour des familles dans ce village qui devraient, quoi qu’on le dise, bénéficier plus de l’attention des autorités gouvernementales de notre pays.
Sur cette question, la première autorité de l’arrondissement de Gangban Janvier Agbanmèto explique qu’une petite assistance est accordée aux populations à travers l’appui de certaines ONG, de la mairie d’Adjohoun et du Centre de promotion sociale de la localité. Malgré cette aide souvent insignifiante, les populations sont affamées et beaucoup de leur bétail est décimé par les inondations. Mais durant la période de décrue, les populations de Agonli-Lowe vivent plus aisément puisqu’elles se préoccupent des activités de maraîchage et des produits de contre-saison tels que le niébé, le piment, le manioc et le maïs. « …Le maïs constitue pour les populations de Agonli-Lowé une denrée de réserve qui est conservée dans des greniers pour être utilisée et non vendue comme les autres produits de contre-saison dans les marchés d’Agonlin-Lowé et celui de Porto-Novo… » affirme le CA de Gangban. Pour l’instant, les populations de Agonli-Lowé se plaisent dans les travaux champêtres mais pour combien de temps encore. Dans trois mois, c’est-à-dire en mars, elles vont vivre les premières pluies de l’année 2021. Ce serait pour elles un retour vers les périodes cruciales de pluies. Et bienvenue la période des inondations.
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