Il y’a quelques jours, le professeur Roger Gbégnonvi avait pris la défense des réformes engagées par le pouvoir de la rupture au niveau des universités. Les arguments du Professeur n’ont pas été du goût de deux autres éminents professeurs qui l’ont fait savoir à travers deux déclarations à lire ci-dessous.
Réaction du Pr Guy Ossito MIDIOHOUAN
Celui-là il (ROGER GBEGNONVI) a enseigné à l’université avec quel diplôme? Il y a évolué en plus de vingt ans pour atteindre quel rang académique? Qui lui a conféré le titre de Professeur dont il use et abuse quotidiennement? Lui, il s’est fait évaluer par qui? par quelle instance?
Qu’un ENSEIGNANT VACATAIRE de l’université s’arroge le droit de faire la leçon à tout le monde sans distinction, de cracher méchamment sur tout, est l’expression des frustrations accumulées de ce légionnaire de l’idéologie dominante. Un vulgaire politicard obsédé par son nombril qui confond bruit de langage et pensée progressiste et humaniste. L’élégance des hommes bien recommande de ne pas parler la bouche pleine. Pouah!
Non mais celui-là il faut enfin quelqu’un pour l’arrêter dans ces errements. Que le pouvoir n’ait trouvé que lui pour faire la promotion de ses réformes dans l’enseignement supérieur est une démarche qui me laisse pantois.
Il n’y a pas que le harcèlement sexuel dans notre université. Tous les enseignants ne sont pas des pervers ni des cancres. Malgré ses carences l’université a joué et continue de jouer un rôle capital dans le développement de notre pays.
J’y suis rentré personnellement avec mon doctorat de 3e cycle à 27 ans. À l’époque, la plupart de mes étudiants étaient plus âgés que moi. Le Bénin n’était pas encore membre du CAMES. Lorsque nous eûmes enfin la possibilité de nous faire évaluer par cette institution, ce fut avec trois livres et une vingtaine d’articles ( on exigeait alors 3 articles) que je fus nommé Maître Assistant, cote A. Avec la suppression du doctorat d’État, j’ai dû batailler dur pour obtenir mon Habitation à Diriger des Recherches, diplôme qui, en France, donne accès au grade de Maître de Conférences. À l’université d’Abomey-Calavi, j’avais dû attendre plusieurs années, faire d’autres publications, fournir des attestations d’inspection pédagogique, des attestations de mes directeurs de recherche, pour enfin accéder au grade de Maître de Conférences, cote A.Puis attendre d’autres années, d’autres publications, des encadrements de travaux de recherche d’étudiants pour prétendre au grade de Professeur Titulaire. J’ai terminé ma carrière avec une vingtaine d’ouvrages- je ne compte pas les articles – et des étudiants que j’ai formés qui sont aujourd’hui, enseignants du secondaire et du supérieur, directeurs de collèges et de lycées, doyens de faculté, hauts cadres de l’administration et d’organisations internationales et plusieurs ministres sous Yayi et sous Talon…
Au cours de ma carrière, j’ai été évalué constamment par l’administration et par mes pairs et je soumettais volontiers mes enseignements à l’évaluation de mes étudiants. Renseignez vous.
Arrêtez la démagogie et le populisme de caniveau. Gbégnonvi a t il jamais eu de sa vie la direction d’une thèse depuis le choix du sujet jusqu’à la soutenance?
Et c’est lui qui veut réformer quoi? : Il ne connaît même pas la différence entre une agrégation en droit ou en médecine et une agrégation d’histoire.
« Un doctorat, c’est vite fait » prétend-t-il. Rien que des âneries.
Bientôt on nous annoncera qu’aucun Béninois n’est capable d’être recteur d’une université publique. Tous disqualifiés! Comme au Port de Cotonou. Comme à la SBEE…
Le dénigrement systématique de l’intelligentsia béninoise n’est qu’un prélude à notre abaissement intégral
Réplique du professeur Augustin Ainamon
Monsieur Gbegnonvi est un homme dont beaucoup de gens apprécient l’honnêteté intellectuelle. Mais comme tous les humains, il lui arrive aussi de se tromper. Dans son audio, il y a au moins deux erreurs :
1/ Dans les universités françaises, les présidents sont élus. Nous sommes nombreux à faire les universités françaises et je le mets au défi de prouver ce qu’il affirme avec autant d’aplomb. Le président d’université est l’équivalent du recteur chez nous. En France, il y a des recteurs d’université à la tête des académies, chaque académie administre les universités de sa tutelle territoriale.
2/ L’agrégation d’histoire n’ouvre pas la porte à l’enseignement dans les universités. Il confond peut-être avec l’agrégation en médecine, en droit ou en sciences économiques. Dans ces trois disciplines, on passe l’agrégation après avoir obtenu le doctorat d’état (ou de spécialité) qui est l’équivalent du doctorat de 3eme cycle d’avant 1984 pour les autres disciplines. Dans toutes les universités françaises, un agrégé de lettres et sciences humaines ou un agrégé de sciences (maths, physique, chimie, géologie, botanique, etc…) peut-être dispensé du DEA, il est tenu d’obtenir son doctorat pour être recruté dans les corps de l’enseignement supérieur. Ensuite, il passera le Doctorat d’état. L’agregation est un concours pour enseigner dans les lycées. Depuis la réforme de 1984, le doctorat du 3eme cycle a disparu. Il y a un doctorat unique comme dans le système anglophone.
Apparemment, Monsieur Gbegnonvi qui n’était pas dans les corps de l’enseignement supérieur, mais un vacataire au département de lettres modernes, n’aurait pas eu l’occasion d’étudier le système dans tous ses détails. Mais quand on est grand et qu’on ne sait pas, on se tait. Dans son audio, tout n’est pas faux, mais il aurait mieux fait de s’informer avant de parler.
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