Depuis l’année académique 1996-1997 au collège catholique père Aupiais, nous nous sommes croisés physiquement qu’une seule fois. C’était un soir où j’arrivais à Jéricho chez l’un de mes grands oncles pendant que lui partait de là . Je crois que cela se passait en 2012 ou en 2013, si mes souvenirs sont justes. Ce fut une rencontre à trois, devant le portail. Mon grand oncle me présenta comme jeune prêtre et écrivain, et Vincent Foly répliqua aussitôt : « qu’est-ce que tu attends pour m’envoyer tes textes« . Je lui ai rappelé son temps d’enseignement comme professeur d’Anglais au collège Aupiais, et il en était ému. Il me donna immédiatement son adresse mail et son numéro de téléphone.
Ces deux endroits à savoir le collège Aupiais puis ce domicile de Jéricho demeurent, jusqu’à sa mort subite, nos seuls lieux de rencontre. Je ne suis jamais allé chez lui, à la maison, ni à la rédaction de la Nouvelle Tribune -pauvre de moi, je remettais chaque fois à demain- mais pourtant il partageait avec moi presque tout du journal, de sa vie professionnelle et personnelle. Quelle confiance, quelle fraternité, et quelle simplicité ! Au fil du temps, nous nous sommes attachés l’un à l’autre par le travail intellectuel. Nos échanges téléphoniques étaient quasi quotidiens et duraient suffisamment longtemps; les échanges de mails étaient réguliers. Il me considérait comme collègue, un collaborateur extérieur, un ami sincère et un homme de foi. Jamais, il ne m’a traité comme un fils; il me trouvait mûr et précoce. Il me disait souvent qu’il se demandait si je faisais réellement partie de la génération qu’il avait tenue au collège Aupiais.Â
Vincent Foly est un homme de qualités rares. Au-delà de ses défauts, nous en avons tous, il était un homme de compassion, de grande culture, de dialogue, d’ouverture aux plus petits, et d’espérance. Il n’avait pas peur de la souffrance, et il a beaucoup souffert, il prenait le risque d’aider les autres, de promouvoir les plumes. Ces textes à lui portaient une marque particulièrement engagée. Profondément attaché à la démocratie et à la liberté de presse, il a lutté jusqu’au bout du bout. Il était ouvert à mes critiques, à mes remarques, à mes colères, mais il avait la grande liberté de sa plume d’éditorialiste de renom.
Je ne dirai pas plus, je perds un aîné loyal, un ami sincère et un Directeur de publication remarquable.
Ces derniers jours, j’ai perdu tragiquement deux grandes figures de ma jeune vie, mon grand oncle maternel (le jeune frère direct à ma grande-mère maternelle) l’ambassadeur Antoine Lalèyè, un soutien majeur de ma vocation, et puis, maintenant, Vincent Foly, un aîné précieux de mon engagement d’écrivain. Je suis vraiment dévasté et meurtri par ces différents décès de prêtres, de parents et d’amis proches !
Je pense à sa famille, et à la Nouvelle Tribune !
Je prie pour le repos de son âme !
Arnaud Éric Aguénounon
Écrivain-Essayiste
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