Le Premier ministre malien, Choguel Kokalla Maïga, lors d’une interview le 8 octobre avec l’agence de presse russe RIA Novosti et rapporté par RT, avait accusé la France, qui intervient militairement depuis 2013 au Mali contre le terrorisme, de former des terroristes dans la région de Kidal et d’y maintenir une enclave. « Arrivée à Kidal, la France a interdit à l’armée malienne d’[y] entrer. Elle a créé une enclave » afin de « former une autre organisation » terroriste. Il s’agit d’accusations graves à un moment où la tension était déjà montée entre Paris et Bamako.
Sur les antennes de RFI en 2019, l’ancien ambassadeur de France à Bamako, Nicolas Normand avait essayé d’expliquer ce qui s’était passé dans cette région du nord du Mali. « Sur le principe, l’opération Serval de janvier 2013 était une excellente opération. C’est-à-dire qu’il fallait empêcher les différents groupes djihadistes réunis de déferler vers le sud et éventuellement vers Bamako. Le problème, c’est que la France a cru ensuite distinguer des bons et des mauvais groupes armés […], » avait déclaré le diplomate.
L’armée française n’empêchait pas les autorités maliennes d’agir à Kidal
« L’armée française est allée rechercher ce groupe, c’était le MNLA à l’époque, ces séparatistes touaregs, d’une tribu particulière qui était minoritaire au sein même des Touaregs, les Ifoghas. Ce groupe, on est allé le chercher et on lui a donné la ville de Kidal. Et ensuite, ultérieurement, il y a eu les accords d’Alger [en 2015], qui mettent sur une sorte de piédestal ces séparatistes, à égalité en quelque sorte avec l’Etat. Cela, c’est une erreur importante, » a-t-il reconnu.
Intervenant ce mardi 12 octobre sur TV5, l’ancien ambassadeur, a rappelé que la France n’était pas partie prenante dans l’accord d’Alger et l’armée française était à Kidal juste pour combattre les djihadistes et « elle n’empêchait absolument pas les autorités maliennes d’agir à Kidal », « ce sont des affaires intérieures au Mali dont la France ne s’occupait pas, contrairement à ce que certains pensent » a-t-il affirmé.
Elle n’avait pas de relations avec les groupes armés
Selon le diplomate, l’armée française n’était là que « pour les djihadistes, que pour aider l’armée malienne. Elle n’avait pas de relations institutionnelles avec les groupes armés non plus ». Par ailleurs, Nicolas Normand a affirmé que les accusations du Premier ministre ne seraient pas « crédibles » si elles se basaient sur l’actualité, mais « oui », dans le cadre de 2013 où la France avait donné un appui au MNLA, une erreur selon lui.
Laisser un commentaire