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Films et séries télé africains : le cercle vicieux des jeunes

En Afrique, la télévision a supplanté depuis longtemps le cinéma à partir du moment où les salles de projection ont commencé à fermer leurs portes. Privé du soutien des pouvoirs publics, le cinéma africain a aussi été sinistré par la mauvaise gestion, le piratage et l’Internet. La télévision a donc pris le relais et les feuilletons battent des records d’audience que ce soit à Dakar, Pretoria en passant par Abidjan, Cotonou et Lagos. A l’heure de la diffusion de la série, toute la famille se réunit devant le petit écran oubliant au passage les tâches quotidiennes.

Les enfants abandonnent leurs cahiers pour s’agglutiner devant le poste téléviseur. Ils connaissent du bout des doigts le nom et le rôle de chaque acteur. Les séries romantiques attirent le plus l’appétence du public surtout féminin car, en Afrique, les femmes regardent majoritairement la télévision, les hommes ne s’y approchant que pour suivre les émissions sportives, notamment les matchs de football. En Afrique francophone, la série ivoirienne « Ma famille » a connu un grand succès parce qu’on y retrouve le quotidien d’une famille avec un langage et un humour bien de chez nous.

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Avec l’avènement des bouquets beaucoup d’autres séries sont diffusées à longueur de journée sans interruption. « Maîtresse d’un homme marié », « De plus en plus loin », « La reine », sont autant de séries addictives qui figent les yeux des téléspectateurs parfois pendant de longues heures. Du casting à la production en passant par la réalisation, elles ont pris l’hégémonie sur les séries Novelas et sud américaines. Et si ces séries ont tant de succès, c’est parce qu’elles abordent des problématiques rencontrées par la population notamment, l’amour, l’argent, la gloire, la beauté et la trahison. Cependant, on est bien obligé de revenir sur l’impact de ces séries sur la jeunesse.

Copier coller

En Afrique, on a l’habitude de copier tout ce qui vient de l’étranger. Bon ou mauvais, le meilleur comme le pire. L’influence étrangère et l’intrusion des cultures brésilienne et occidentale ont pris d’assaut nos mœurs et habitudes au point de reléguer au second plan nos propres valeurs et coutumes. Les séries africaines en sont les principales victimes et bouleversent le comportement de la jeunesse. En fait, pour obtenir du succès, des réalisateurs africains introduisent des ingrédients qui séduisent le public. Ils vont chercher des recettes brésiliennes et occidentales. De la tête au pied en passant par les tenues vestimentaires et les paroles de plus en plus grossières .Ils appâtent le public avec des scènes racoleuses et utilisent abusivement la violence et le glamour.

L’homosexualité n’est même plus tabou et des personnes du même genre s’embrassent à bouche que veux-tu devant des enfants parfois âgés de moins de 10 ans. La logique qui dit que le sexe fait vendre à fait son bout de chemin et les réalisateurs de films africains, n’hésitent pas d’ajouter leur dose de pornographie plus ou moins allégée. Comme souvent, les feuilletons sont regardés en famille, on observe des scènes cocasses lors de séance. Pour éviter que les enfants ne regardent des images tendancieuses, le père est obligé de zapper sur une autre chaîne ou carrément de couper la télévision. Parfois, il leur crie dessus pour les obliger à détourner les yeux, le temps que ces images passent. D’autres séries n’affichent même pas l’arborescence de la catégorie d’âge, De sorte que le film est ouvert à tout public sans distinction d’âge. Même indigné, le public regarde quand même ces scènes qui en réalité, n’ajoutent rien à la thématique du film ni à son succès. L’impact négatif sur la jeunesse ne doit pas être pris à la légère et les réalisateurs de séries devraient prendre l’exemple de leurs collègues Indiens.

L’exemple bollywoodien

La cinématographie indienne fait partie des trois plus grandes industries du monde. Dans leurs films, les réalisateurs mettent l’accent sur le décor, les costumes traditionnels, la comédie, les chorégraphies bien soignées, la musique et les danses festives. Bollywood, c’est avant tout, le triomphe d’une culture indienne qui tire sa source dans les traditions, les religions endogènes et dont les subtilités fascinent le public. Ces séries sont très suivies en Afrique sur le petit écran. Mais, qui a déjà vu un film indien où les gens échangent ne serait-ce qu’un baiser ? C’est extrêmement rares de voir des scènes de ce genre. En réalité, la cinématographie indienne est caractérisée par l’absence de sexualité et même de contact physique. Bien que l’Inde se place parmi les grands pays producteurs de films, le sexe n’a jamais été un sujet abordé frontalement à l’écran. Cela ne signifie pas que les Indiens sont allergiques à toutes sortes de relations sexuelles ou qu’ils sont pudibonds. Mais, le respect des valeurs culturelles amène les réalisateurs à s’autocensurer afin de ne pas froisser les téléspectateurs. De plus, le pays dispose d’une très puissante instance de régulation dénommée Central board of film certification(CBFC) qui décrypte finement tous les films et découpe les scènes érotiques avant leur sortie. Cela n’empêche pas le cinéma indien de surpasser largement Hollywood en nombre de production et de billets vendus aujourd’hui. Les réalisateurs de film africains doivent s’inspirer du comportement de leurs collègues Indiens. Au lieu de copier l’Occident, ils feraient mieux d’affirmer dans leurs séries, notre propre identité africaine et se distinguer des formules établies par les studios occidentaux.

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Une réponse

  1. Avatar de Tchité
    Tchité

    C’est aussi le moment de passer aux salles de cinéma privées. Le Bénin est le pays, avec la mentalité coloniale où on attend toujours tout de l’extérieur, du pouvoir public, bref des autres, sans être engagé soi même, sans être proactif.

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