Le 5 mai 2017, le président de la République Patrice Talon mettait en place un partenariat entre l’État central et cinq villes du Grand Nokoué que sont Cotonou, Porto-Novo, Ouidah, Calavi et Sèmè-Podji. Il donnait ainsi le coup d’envoi de la réalisation d’une partie du programme d’actions de son gouvernement détaillé dans le document intitulé « Bénin révélé ». Ce partenariat a pour ambition de faire de ces villes du bassin littoral, la vitrine d’un pays nouveau avec plusieurs projets comme fers de lance notamment l’assainissement de voiries urbaines (projet asphaltage), de gestion des déchets ménagers et de construction et réhabilitation des marchés.
Il inclut également la construction de l’aéroport international de Glo-Djigbé, d’un port en eau profonde, le nouveau pont de Porto-Novo, la Route des pêches et des stations balnéaires. Cinq longues années viennent de passer. L’eau a coulé sous le pont et la volonté affichée par le chef de l’État s’est traduite dans des actions concrètes avec des efforts considérables qui ont changé le visage de ces grandes villes du littoral béninois. Le projet « asphaltage » a pris corps avec le bitumage et la pose de pavés sur plusieurs axes de ces villes. De même que la construction des marchés et le ramassage des ordures ménagères par la Société de gestion des déchets et de salubrité du Grand Nokoué (SGDS-GN). Toutefois, plusieurs compatriotes restent sur leur faim.
Peut mieux faire
Il y a d’abord le report sine die de la construction de l’aéroport international de Glo-Djigbé. Présenté comme l’un des projets phares du gouvernement, la construction de cette infrastructure ne figure même plus dans le programme d’actions du gouvernement 2021-2026. Pourtant, le 29 juin 2021, le ministre des finances et de l’économie Romuald Wadagni déclarait lors du débat d’orientation budgétaire à l’Assemblée nationale que « le projet est bouclé à 100% » et le chantier confié au holding public Aviation Industry Corporation of China (AVIC). Que s’est-il passé entre-temps pour que le gouvernement fasse ce virement à 180 degrés ? Les explications du porte-parole du gouvernement Wilfried Houngbédji selon lesquelles ce report est différé afin d’investir dans d’autres secteurs, n’ont pas vraiment convaincu.
Elles ont plutôt laissé un goût amer aux populations qui ont été déguerpies de la zone mais, dédommagées à bon escient alors qu’elles pouvaient continuer à y vivre en attendant que le gouvernement soit complètement prêt. La seconde déception vient du projet de la Route des pêches rebaptisé « projet de développement de la zone à vocation touristique Cotonou-Ouidah ». Plusieurs modifications ont été apportées au projet initial et prévoit l’aménagement de la zone et la construction d’infrastructures touristiques notamment des complexes hôteliers, des centres commerciaux et de loisirs. A ce jour, on ne voit rien venir hormis la construction de la voie reliant Cotonou à Ouidah qui avait déjà été entamée par le régime précédent.
La station balnéaire promise est encore dans les rêves et aucune brique n’a été apportée dans la zone pour la construction d’éventuels hôtels. Personne ne sait quand est-ce que sa construction démarrera et par qui ? L’autre motif de déception des populations est relatif à la gestion des ordures ménagères par la SGDS-GN. La gratuité du service de ramassage n’aura duré que 18 mois et à partir du 1er avril prochain les populations doivent désormais mettre la main à la poche pour payer les frais de ramassage. Le montant de ce service sera arrimé à leurs factures de consommation de l’électricité et d’eau et à ce jour, il n’est pas encore fixé. D’ailleurs les prestations de la SGDS-GN laissent à désirer.
Beaucoup de personnes se plaignent de l’irrégularité dans le service. Des monticules de déchets ménagers s’amoncellent devant les foyers faute d’agents affectés à cette activité, des agents qui les rares fois où ils se présentent, se livrent à des rackets. En plus, le prix de 25.000 FCFA fixé par les responsables de la SGDS-GN pour l’achat des poubelles dites modernes est au-dessus des fonctionnaires moyens. Le pouvoir d’achat qui s’amenuise depuis que la vie devient de plus en plus chère fait que les gens ne se bousculent pas pour les acquérir. L’autre point de frustration et de déception est relatif à la régulation du trafic urbain et interurbain dominé par les motos à deux roues et le minibus appelés « tokpa-tokpa ».
Les mesures visant à réformer le secteur ont purement et simplement échoué et chacun roule comme il le veut dans ces villes à forte croissance démographique. Il y a quelques mois, le préfet du Littoral Alain Orounla avait pris la décision unilatérale de créer des parkings automobiles à Cotonou. Il s’est rapidement heurté à une désapprobation générale ce qui a amené le gouvernement à demander au préfet de rapporter cette décision. Et le désordre dans le transport urbain à repris de plus belle. D’autres projets sont également en rade notamment le nouveau pont de Porto-Novo alors que l’ancien emprunté par de milliers d’usagers tous les jours, menace de s’effondrer. La construction du port en eau profonde est également en stand-by. Bref, les motifs d’insatisfaction sont encore nombreux et les populations sont impatientes de voir leurs rêves se réaliser et de porter en triomphe le président Patrice Talon à la fin de son second mandat comme lui-même l’avait souhaité.
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