Le président du parti Restaurer la Confiance (RLC) Iréné Agossa a promptement réagi à l’événement qui a secoué le weekend dernier, le microcosme politique béninois. Notamment la prochaine fusion entre le Parti du Renouveau démocratique et l’Union Progressiste (UP). Prenant à son propre compte cet événement, il a souhaité que les partis de l’opposition fassent la même démarche et se dit prêt à fondre son parti dans un grand regroupement politique. Lire ses déclarations.
L’un des problèmes les plus importants dans le monde politique béninois, c’est surtout l’hyper personnalisation des partis politiques. Ce n’est pas le nombre des partis politiques en tant que tel qui pose problème. Vous aurez remarqué que nous sommes en train d’aller progressivement vers un grand nombre de partis politiques. Cette situation peut aussi commencer par inquiéter. Mais, le véritable problème c’est l’hyper personnalisation des partis politiques. Donc, la réforme politique qui conduit aujourd’hui aux grands regroupements entraîne la création de grands blocs de partis. C’est une bonne chose mais, il faut tout faire pour que la personnalisation des partis politiques puisse être vraiment annuler et que nous revenions à des regroupements qui doivent se faire sur la base des idéaux, des visions, des choix et de modèles politiques, économiques, sociaux et autre. Il faut que le débat politique se fasse sur la base du choix idéologique de chaque groupe et que ces choix permettent aux populations d’espérer la résolution de leurs problèmes.
Nous pensons que ce qui se passe aujourd’hui entre le Parti du Renouveau Démocratique (Prd) et l’Union Progressiste (Up), est une bonne chose dans la forme mais, dans le fond, il faut que cela change. C’est peut-être l’espoir qu’on doit avoir parce que avec la fin de l’ère post-conférence nationale qui a connu les Houngbédji, Amoussou, Tévoédjrè, Soglo et autres, il faut que maintenant nous entrons dans une nouvelle ère de mutation politique où nous aurons des partis qui sont fondés sur des idéologies, sur des choix des modèles qui vont permettre à ce que le débat soit bien mené. Nous espérons qu’avec ce regroupement et avec le départ de Houngbédji, ce regroupement doit être fondé sur une vision claire puisqu’ils veulent aller à un congrès. Il faut qu’on sache sur quoi ce parti est fondé, sa vision,son modèle économique ou social etc. Comme dans notre cas. Au parti Restaurer la Confiance, nous sommes des libéraux sociaux. Donc, c’est tout à fait clair que nous sommes fondés sur cette vision et tous les choix que nous allons faire que cela soit politique ou économique sera basé sur cette vision. Nous allons pouvoir débattre avec les autres partis politiques sur cette base.
Nous espérons que cela soit ainsi pour le nouveau parti qui va naître et qu’il quitte le carcan de l’image du président Talon ou du parti du président Houngbédji. S’ils reviennent encore sur le parti du président Talon, ça n’aura aucun sens et ça ne donnera rien de bon. L’autre crainte que nous avons au niveau de ce regroupement, c’est de voir déjà que les partis qui soutiennent aujourd’hui le chef de l’Etat veulent revenir sur le clivage Nord-Sud. On sent qu’il y a un grand bloc du Sud et un grand bloc du Nord. Nous craignons de revenir à l’étape des Apithy, Ahomadégbé et Maga et autres. C’est grave pour notre pays. Donc, on ne peut plus verser maintenant dans une partition en deux du paysage politique national sur une base régionale. Car, si les deux partis, les deux blocs soutiennent l’action du chef de l’Etat, qu’est-ce qui les empêche d’être ensemble s’ils n’ont pas un problème ethnique et régional. S’ils ont un problème de vision, ils ne peuvent pas soutenir la même personne. Chacun doit être dans son couloir. Mais, ils sont totalement engagés autour du chef de l’Etat et constituent deux blocs. Ce n’est pas cohérent. Donc, ils peuvent constituer un seul bloc pour régler le problème de la régionalisation de l’environnement politique national parce que c’est ça que nous craignons.
…Que nous ayons un groupe qui soit fondamentalement ancré au sud et un autre qui soit fondamentalement ancré au nord, cela va créer une scission basée sur la régionalisation du pays. C’est suffisamment grave. Nous allons combattre cela pour ne pas nous ramener 50 ans en arrière ou que nous ayons encore les crises que nous avons connu dans le passé. L’autre chose, est que cela peut attirer l’attention de tout le monde sur l’opposition pour laquelle nous appartenons pour les grands regroupements. Nous sommes même pour la fusion au sein de l’opposition des partis que nous constituons. Mais, sur la base des idéologies. Nous nous sommes des socio libéraux. Ça veut dire que nous sommes fondés sur cette vision. Alors tous ceux qui se sentent dans cette vision avec nous vont se mettre ensemble pour que nous puissions mener une lutte ensemble basée sur cette vision. On peut y avoir d’autres qui soient purement de gauche ou bien purement capitalisme au sein de l’opposition. Mais, il faut que cela se fasse sur la base de la vision de chacun et que nous puissions nous mettre ensemble dans un grand ensemble.
Au parti Restaurer la Confiance, nous sommes prêts à nous fondre dans un grand ensemble mais qui soit fondé sur la vision et les choix idéologiques clairs. C’est en ça seulement que nous pouvons mener de bon débat et espérer que notre pays connaisse la cohésion nationale, l’unité nationale et aborder un développement harmonieux. Là où nous en sommes aujourd’hui le risque est grand et nous pensons qu’un parti comme RLC a toujours dénoncé ce que nous considérons comme le véritable problème de notre pays c’est-à-dire l’hyperpersonnalisation des partis politiques. Nous pouvons nous mettre ensemble pour lutter contre la personnalisation du débat politique national ainsi que contre la régionalisation des partis politiques. Il faut l’éviter. Nous espérons que nous allons pouvoir gagner sur ce terrain et nous n’allons pas laisser l’espace encore à ceux qui veulent nous ramener 50 ans en arrière à travers leurs ambitions aujourd’hui qui n’est pas une ambition qui cadre avec le développement du pays. Nous allons tout faire pour qu’il ne gagne pas ce combat. Nous allons gagner notre combat, le combat des idées, des visions.
Le combat qui conduira le peuple quelle que soit la différence entre nous à s’exprimer à travers les urnes. Nous ne sommes pas dupes. Nous savons que tout ceci se fait à la veille des élections législatives de 2023. Nous pensons que cette stratégie n’est pas celle gagnante parce que diviser le pays en deux et régionaliser le débat politique n’est pas une bonne chose. Nous allons tout faire pour qu’ils ne l’emportent pas. Car, ils étaient au parlement et ils n’ont pas pu résoudre le problème du bien-être et du vivre ensemble béninois. Ce n’est pas en voulant créer encore un autre parti pour régionaliser l’environnement politique qu’ils vont trouver des solutions. Ils vont empirer la situation. Le combat prochain sera clair. Il s’agira de ceux qui veulent faire sortir le peuple de l’ornière à travers une vision claire, à travers une proposition de résolutions des problèmes que nous incarnons à RLC contre ceux qui n’ont que l’ambition de diviser le pays et le conduire dans une régionalisation à travers ce qu’ils sont en train de construire aujourd’hui. Nous allons les combattre.
Propos recueillis par Walter Gbessi
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