On connait tous l’expression « être plus royaliste que le roi », mais cet homme se comporte plus qu’un ministre du gouvernement du président Patrice Talon. A force de défendre l’indéfendable, de justifier tout, le truculent député Rachidi Gbadamassi finira un jour par se noyer dans un verre d’eau. « Quand on n’est pas spécialiste des langages diplomatiques, on ne peut pas avoir des ressources intellectuelles pour décoder et décrypter les propos du chef de l’Etat en de pareilles circonstances ». Ainsi parlait le professeur titulaire en politique expérimentale et pratique autoproclamé, Rachidi Gbadamassi en réponse à ceux qui désapprouvent les propos du président Patrice Talon tenus devant le parterre des entrepreneurs français.
Toujours à l’affut d’un sujet pour défendre le président Talon, M. Gbadamassi, toujours prompt à se mettre devant la scène, a défendu le président Talon qui s’est exprimé face aux entrepreneurs français alors que d’ailleurs le directeur général de l’Organisation internationale du travail (OIT), l’ancien Premier ministre togolais Gilbert Houngbo a affirmé que : « le retrait du droit de grève ne respecte pas les conventions signées par le Bénin. Je ne pense pas que le Bénin veuille aller à un point de se mettre en porte-à-faux avec les conventions internationales». Visiblement pour l’ancien maire de Parakou, tout le monde doit s’élever au rang de diplomate pour comprendre le président Talon. Les discours du chef de l’Etat ne s’adressent plus au citoyen lambda mais à une catégorie de personne. Voilà ce que pense l’honorable Gbadamassi. Avec sa voix de stentor, tenant des propos d’une extrême agressivité, il suffit de l’agiter pour qu’il sorte de ses gongs. Se prenant parfois pour un redresseur de torts, un donneur de leçons, il va jusqu’à récuser les qualités et les compétences de ceux qui ne pensent pas la même chose que lui. Le politologue Richard Boni Ouorou a été sa victime expiatoire.
Celui-ci aurait lors d’une émission sur la Web Tv Reporter Bénin Monde laissé entendre que le président Talon « faisait des efforts blagueurs ». Sur Guérite Tv Monde le 03 décembre 2021, Gbadamassi a saisi cette occasion pour régler ses comptes avec le politologue. « Richard Boni Ouorou n’est pas un politologue. Je doute même de sa thèse. S’il l’était, il n’allait pas intervenir de cette manière. C’est la preuve que c’est un usurpateur de titre ( ….) Nous allons lui donner des cours de sciences politiques et en relations internationales. Je suis bien placé. Le vrai blagueur c’est en réalité M. Richard Boni Ouorou », avait-il affirmé. Même s’il reconnaîtra les mérites de cet homme avec ses multiples actions en faveur des populations quelques jours après, le mal est déjà fait. « Moi, je suis un homme de principe. Je ne suis pas contre la personne de Richard Boni Ouorou. Et pour nous en tant qu’animateur politique, nous avons l’obligation politique et morale de dire ce qui est bon. Quand il fait bien, je vais apprécier », a-t-il déclaré pour se dédouaner. L’autre politologue Nourou Dine Saka Saley qui a « osé » se prononcer sur le discours du président Talon lors de la visite du président français Emmanuel Macron au Bénin le 27 juillet dernier a subi des attaques similaires.
« Je crois que ce garçon que je connais bien est mal élevé. Il souffre d’une myopie intellectuelle, de la psychopathie intellectuelle, il souffre d’une déraison chronique. Il n’est pas digne de sa famille. Il fait honte à sa famille » avait déclaré M. Gbadamassi sans aucun égard pour cet éminent juriste. A ce jour, M. Saley n’a pas encore eu droit à une repentance. Celui qui a eu cette chance, c’est plutôt l’ancien président de la République Boni Yayi, l’ennemi préféré longuement vilipendé et qui avait « perdu toute qualité d’homme d’Etat » selon Gbadamassi. Mais, quand celui-ci retire sa plainte contre l’Etat béninois devant la cour de justice de la CEDAO pour torture morale, violation des droits humains après 52 jours de séquestration dans son domicile, Gbadamassi rétropédale et qualifie cette fois-ci le même personnage d’homme qui « agi pour l’intérêt général » que les gens doivent laisser tranquille et « qui a droit à une retraite paisible après avoir tout donné à ce pays ».
Inconstance politique
Parfois, il n’hésite pas à haïr les mains qui l’ont nourri pour rester éternellement dans le giron du pouvoir et profiter de ses avantages. Le député Issa Salifou alias Saley a longtemps été son mentor. Ils ont fait « les quatre cents coups » ensemble en affaire comme en politique. Aujourd’hui, les deux hommes sont en froid après un clash mémorable. Les détracteurs du « buffle de Parakou », lui reprochent aussi son « vagabondage » politique. Fervent défenseur de feu président Mathieu Kérékou, il a milité au sein l’UPR, UBF, G13 avant de devenir le faucon du parti Fcbe au temps de l’ancien président Boni Yayi. C’est l’homme de tous les régimes. Il s’est désolidarisé de Boni Yayi et opte pour Sébastien Ajavon au détriment de Lionel Zinsou lors de l’élection présidentielle de 2016. Il fut le premier à faire allégeance à Patrice Talon le jour où celui-ci a été élu président de la République. Accusé d’avoir pris 70 millions de FCFA auprès de la candidate recalée Reckyath Madougou contre une promesse de parrainage de l’élection présidentielle de 2021, il a invité ses détracteurs à préparer leurs arguments devant la justice. Pour lui, cette affaire est comparable aux «derniers soubresauts d’un animal agonissant froidement abattu et atteint ».
Cependant, l’honorable Gbadamassi ne manque pas de soutien notamment dans la 8ème circonscription électorale et surtout dans sa ville natale Parakou où il est adulé par les jeunes. Il est réputé pour sa générosité et ses actions en faveur des plus démunis. On ne compte plus les nombreuses salles de classe, les puits et les ponts qui portent ses empreintes. Il ne manque pas d’admirateurs non plus. A la faveur de la célébration le 20 mars dernier de la journée internationale des droits de la femme à Parakou, le professeur d’université Emmanuel Ahlinvi a témoigné de ses qualités managériales. « C’est un grand défenseur de la ville de Parakou. J’ai vu ce qu’il a fait dans la ville depuis des années. Il s’est beaucoup appuyé sur les femmes. Ce que je dis est sincère », a-t-il déclaré. En fin de mandat, Gbadamassi se demande à quelle sauce il sera mangé. « Si le parti estime que je peux continuer, je le ferai. Mais si le parti estime que je dois me reposer, je vais même battre campagne pour celui qui sera positionné » avait-il déclaré au micro de Fraternité Fm le 03 août dernier. Seul l’avenir nous dira ce que nous réserve encore l’homme le plus controversé de la scène politique béninoise.
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