Les mœurs n’ont pas changé semble-t-il et majoritairement ce sont des tracasseries à ne pas en finir. Avant c’est le matériel d’intervention qui se retrouvait dans le cabinet privé du chef de service, après réparation. Aujourd’hui comme hier ce monde qui s’affaire autour de vous continue de fricoter avec l’argent, s’occupe de prescriptions surabondantes parce que le process n’est pas assez bien élaboré pour éviter qu’on parle argent sans choquer, à tous les étages. Que dis-je ? Il faut finalement crier, crier pour attirer leur attention sur votre parent ou le laisser s’éteindre.
Que fait décidément l’Etat en matière de santé des populations dans ce pays ? Quelle part apporte-t-il dans le soutien aux soins de santé qu’est appelé à recevoir tout au long de sa vie, chaque citoyen ? Qui finalement pour leur garantir le bien être moral, matériel et psychologique qu’ils sont en droit d’attendre de leurs contributions diverses et variées au budget général de la nation ? TVA, impôts fonciers et d’habitation, Impôts sur le BIC et toutes ces taxes à l’entrée des produits d’importation ont-ils moins d’importance au regard de ces piètres prélèvements faits sur les traitements des fonctionnaires de l’administration publique qui leur confèrent, à eux seuls et à leurs progénitures, des privilèges de toutes sortes et sans limitation, pour leur accès aux dispositifs mis en place ?
En attendant ce fameux modèle de mutualisation des besoins des soins de santé des Béninois, d’une catégorie à l’autre, qu’est-ce qui justifie qu’au nom d’une certaine loi, le citoyen lambda soit toujours et encore le laisser pour compte, au titre du concours de l’Etat en matière de prise en charge à l’hôpital de la nation ? Quelle est la part que l’Etat a prévu prendre en charge sur la note finale devant laquelle tout Béninois perd les moyens parce qu’elle se révèle hors de proportion pour tout foyer normalement constitué.
Dès l’admission, les ordonnances pleuvent, KT de seringue pour perfusion, bande pour pansement, tous types de produits post-opératoires, ne parlons pas du coût brut d’une opération chirurgicale qui vous tombent dessus, dru. A quoi est due une telle injustice alors qu’il devrait s’agir d’une obligation régalienne de toute nation, d’apporter aux citoyens son assistance en cette matière. Comment penser ou comment l’état peut s’imaginer qu’un citoyen moyen qui a un revenu mensuel d’environ 50.000 frs, pris d’un malaise, peut s’en sortir financièrement, lorsque sa prise en charge débouche sur une facture globale de 600.000frs ?
Nous pensons que la conception de la vie des populations au plan sanitaire n’a encore jamais pris la voie qui devrait lui être dédiée. Au-delà de la gestion de l’hôpital qui est aujourd’hui au cœur de ses préoccupations? l’Etat n’a pas mis en place le dispositif qui alloue des moyens pour la prise en charge et la gestion du citoyen qui, pour l’instant, se perd dans cette exigence de rentabilité. On ne devrait pas confondre les deux.
Pour l’instant on continue de les appauvrir à chaque passage à l’hôpital, de les ruiner, de les tuer très rapidement, pendant que les prises en charge des fonctionnaires, qui n’ont pas plus de droit à ce titre que les autres citoyens, démontrent justement que ces surplus dont ils sont bénéficiaires, sans limitation selon les pathologies, font partie de ces types de concours dont est redevable l’état vis à vis de tous.
Le pauvre et le riche devraient être bénéficiaires d’une base de prise en charge régalienne même dans le contexte d’une mutualisation des contributions qui ne devrait être que l’expression d’une justice sociale et fiscale. Tous les jours, chaque minute, chaque seconde ce sont des dizaines d’ordonnances qui partent des services vers la pharmacie de l’hôpital, vers toutes les pharmacies de nos villes, avec constamment le risque que le prescripteur reçoive en retour des produits qui n’ont plus d’utilité parce qu’ayant fait l’objet d’une mauvaise évaluation ou qui arrivent un peu trop tard pour sauver le malade.
À la fin ce ne sont pas seulement les 600.000frs qui sont en cause mais le système qui perdure et qui non seulement favorise l’arnaque et le vol mais encore et surtout n’a jamais montré une quelconque efficacité. Ce n’est plus un hôpital ; c’est une épicerie ou l’on se croise, chacun avec la liste de ses courses, dans une situation de détresse qui n’a pas besoin de cela. Janvier 2023 n’est pas si loin, espérons que le système qui a été imaginé après tant d’années d’incubation ait finalement l’air de quelque chose de cohérent au regard des moyens, des droits de l’individu et de la vie humaine, qui doivent être cœur de la démarche.
Laisser un commentaire