Le roi du Royaume-Uni, de l’Irlande du Nord et des royaumes du Commonwealth, sa majesté Charles III, sera couronné samedi à l’abbaye de Westminster à Londres. Le dernier couronnement du monarque britannique remonte à 70 ans, lorsqu’Elizabeth II a été couronnée (1926-2022) et que le futur souverain n’était âgé que de quatre ans et demi. De jure et de facto, le prince Charles de Galles est devenu roi à la mort de sa mère le 8 septembre dernier, la tradition ne permettant pas à un pays de ne pas avoir de monarque.
Il a rapidement pris le nom de Charles III et a été intronisé, alors que le couronnement était traditionnellement retardé de plusieurs mois. Ces deux procédures sont un hommage à la tradition et une formalité qui ne modifie pas le statut de Charles III. Mais la cérémonie du couronnement, à laquelle assisteront plus de 2.000 convives, a une signification symbolique et religieuse importante. Elle consacre le rôle du monarque en tant que chef de l’Église d’Angleterre, permet le maintien de l’ancienne coutume et est l’occasion d’une célébration spectaculaire et somptueuse qui attire l’attention du monde entier.
Deux carrosses différents
La cérémonie débutera à 10h20 (UTC+1) lorsque le carrosse transportant sa majesté et la Reine Consort Camilla franchira les portes d’entrée du palais de Buckingham. Le carrosse, qui a été construit à l’occasion du jubilé de diamant d’Elizabeth II en 2012, sera accompagné d’une « escorte royale ». Elle se compose de 96 cavaliers du Household Cavalry, du Blues and Royals et du régiment des Life Guards.
En tête du cortège, qui comprend plus de 200 cavaliers, se trouveront 48 musiciens de la Mounted Band. Le long du parcours de deux kilomètres, des membres des différentes armes des forces armées britanniques, y compris des grenadiers en uniforme rouge et hauts chapeaux de fourrure, défileront tous les cinq pas. Le couple royal reviendra de l’abbaye, où 39 monarques britanniques ont été couronnés depuis 1066, par le même itinéraire et accompagné de quatre mille soldats, dont des membres de 19 fanfares militaires – la procession s’étendra sur plus d’un kilomètre et demi. Sur le chemin du retour, leurs majestés seront emmenées dans un autre carrosse. Il s’agit d’un carrosse doré construit en 1762. C’est dans ce carrosse qu’Elizabeth II s’est rendue au couronnement le 2 juin 1953. Cependant, le trajet sera presque quatre fois plus court qu’il ne l’était il y a 70 ans.
Quelques innovations du sacre
La cérémonie de couronnement, qui ne durera que deux heures, sera plus courte. Le monarque arrivera à l’abbaye en uniforme d’amiral de la marine royale britannique. Le service, qui sera dirigé par l’archevêque de Canterbury (chef spirituel de l’Église d’Angleterre), Justin Welby, comportera un certain nombre d’autres innovations. Ainsi, pour la première fois, des prières seront prononcées en gallois, en gaélique écossais et en gaélique irlandais. Il a également été décidé de supprimer la longue procédure de l’ »agenouillement des pairs ». Le prince William de Galles, héritier du trône, s’agenouillera devant son père et lui prêtera serment d’allégeance, après quoi les invités du couronnement et les téléspectateurs britanniques seront invités à prêter serment d’allégeance à Charles III.
L’onction sacrale non filmée
Au cours du couronnement, Charles III devra changer plusieurs tenues et s’asseoir sur plusieurs trônes, dont le trône cérémoniel en bois du roi Édouard, qui présente une échancrure spéciale abritant la pierre de Scone, symbole des rois d’Écosse et relique nationale de ses habitants. Il sera possible de suivre en direct tous les détails de la cérémonie, à l’exception du seul sacrement – l’onction de Charles III avec de l’huile consacrée.
À la fin de la cérémonie de couronnement, le monarque portera la couronne de saint Édouard le Confesseur, pesant 2,2 kilos et contenant plus de 400 pierres précieuses dans la Tour de Londres. Il la remplacera ensuite par une couronne de l’Empire britannique, plus légère mais encore plus richement décorée, contenant trois mille pierres précieuses, dont le rubis du Prince noir et le diamant Cullinan II, le plus gros diamant du monde.
Les invités et les grands absents
Parmi les invités à la cérémonie figurent les membres de la famille royale, une centaine de chefs d’État, les premiers ministres du pays de Galles, d’Écosse et d’Irlande du Nord, les gouverneurs généraux des pays du Commonwealth, des représentants de diverses églises, des forces armées, du corps diplomatique, des lauréats du prix Nobel, des employés des services publics, des organisations caritatives et des services d’urgence.
Rompant avec la tradition, des représentants de familles royales étrangères ont été invités à Londres. Pendant des centaines d’années, les autres monarques n’avaient pas été autorisés à assister à la cérémonie. Toutefois, un certain nombre de maisons royales – Danemark, Norvège, Japon – ne seront pas représentées pour diverses raisons.
Londres n’a pas invité les chefs d’État de l’Afghanistan, de la Biélorussie, du Venezuela, de l’Iran, du Myanmar, de la Russie et de la Syrie à la cérémonie. Dans le cas de la Corée du Nord et du Nicaragua, des invitations ont été adressées à des diplomates de haut rang. Le président chinois Xi Jinping, le premier ministre indien Narendra Modi et la première dame américaine, Jill Biden, n’assisteront pas au couronnement.
Du pain et des jeux
Le couronnement se terminera par une salve de coups de feu et un spectacle aérien: des dizaines d’avions de différentes époques survoleront le palais de Buckingham, depuis le balcon duquel le monarque couronné et sa famille suivront le vol.
Les festivités dureront trois jours, avec un lundi férié. Les Britanniques devraient organiser plus de 3.000 fêtes de rue et boire 62 millions de pintes de bière. Le nombre de touristes internationaux à Londres pendant les célébrations pourrait atteindre 100.000, soit près du double du nombre de personnes qui visitent habituellement la capitale au début du mois de mai. Les chemins de fer britanniques s’attendent à ce que des centaines de milliers de personnes descendent à Londres avant le couronnement et qu’un total de 1,2 million de personnes convergent dans les rues de la ville pour assister à l’événement historique.
Le coût des célébrations
Le journal The Times a calculé que le couronnement coûtera plus cher aux contribuables britanniques que la cérémonie de l’onction d’Elizabeth II. La publication prévoit un coût de 100 millions de livres (124 millions de dollars), contre 1,5 million de livres (63 millions de dollars d’aujourd’hui) en 1953. Ce montant ne représente toutefois que 0,004% du PIB du royaume, et les bénéfices supplémentaires pour le commerce de détail, les hôtels et les restaurants à Londres seulement devraient s’élever à 450 millions de livres (567 millions de dollars).
Le couronnement intervient dans un contexte de popularité croissante de Charles III. Selon un sondage YouGov, 62% des Britanniques pensent que son règne aura un impact positif sur l’institution de la monarchie. En mars dernier, alors qu’Elizabeth II régnait encore, 54% des personnes interrogées partageaient cet avis, tandis que 31% estimaient que Charles III serait un mauvais roi. Aujourd’hui, seuls 20% des personnes interrogées sont de cet avis. Le sondage a également montré que 60% des personnes interrogées étaient favorables au maintien de l’institution monarchique, tandis que 26% préféreraient voir un dirigeant élu à la tête du pays. (Tass)
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