En réaction à la crise politique actuelle au Niger, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a exprimé sa détermination à restaurer l’ordre constitutionnel. Ses dirigeants ont fixé un ultimatum d’une semaine aux autorités actuelles du Niger, avec la menace sous-jacente d’un « recours à la force« . Cette déclaration marque un tournant potentiellement dangereux dans la gestion des crises politiques dans la sous-région, compte tenu des conséquences possibles de cette approche.
La CEDEAO a par le passé tenté d’intervenir dans les crises politiques des pays membres, notamment le Mali, le Burkina Faso et la Guinée, par le biais de sanctions économiques. Cependant, ces actions n’ont pas toujours abouti aux résultats escomptés et ont souvent intensifié les crises socio-économiques. L’échec de ces sanctions souligne la complexité des conflits internes et la difficulté de leur résolution par des interventions externes.
Avec la menace d’une intervention militaire au Niger, la CEDEAO s’engage dans une voie potentiellement déstabilisatrice. La sous-région est fragile et une intervention militaire pourrait avoir des conséquences imprévisibles. Elle pourrait, par exemple, favoriser une alliance défensive entre le Niger, le Mali et le Burkina Faso, exacerbant ainsi les tensions régionales.
Des risques d’escalade, et de tensions majeures
De plus, une intervention militaire pourrait engendrer une escalade de la violence et une instabilité accrue, avec de graves conséquences humanitaires. Une telle situation pourrait intensifier la crise alimentaire actuelle, entraîner un afflux de réfugiés et perturber les efforts de développement en cours. Elle pourrait également aggraver les défis sécuritaires en facilitant l’ascension de groupes extrémistes violents.
En conclusion, la CEDEAO doit peser soigneusement les implications de son recours à la force au Niger. Les leçons du passé montrent que le dialogue et la médiation sont souvent les moyens les plus efficaces de résoudre les crises internes. Une intervention militaire, malgré son attrait apparent, pourrait être une solution de facilité avec des conséquences dévastatrices pour la stabilité sous-régionale.
Des soutiens populaires à prendre en compte
Il est également crucial pour les dirigeants de la CEDEAO de reconnaître et de comprendre les soutiens populaires dont bénéficient ces putschs depuis quelques années. Très souvent, des centaines voire des milliers de manifestants soutiennent les putschistes, un changement non négligeable dans les configurations du type depuis les indépendances. L’appui significatif de grandes parties des populations n’est pas anodin et doit être pris en compte dans toute réponse. Loin de simplement condamner et punir, il est nécessaire de s’engager dans des négociations constructives qui tiennent compte des réalités sur le terrain. Les populations, en exprimant leur soutien à de tels changements de régime, manifestent souvent leur profond mécontentement à l’égard de leurs conditions actuelles. Ignorer ou réprimer ces voix peut conduire à un ressentiment accru envers les organisations régionales, ce qui pourrait à son tour nourrir des conflits futurs. Si un coup d’État ne doit pas être la solution, la force contre ces militaires n’en est pas non plus et risque d’embraser la sous-région. Une approche qui respecte et écoute les aspirations des peuples de la région est essentielle pour maintenir la paix et la stabilité sous-régionales.
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