La violence conjugale est une forme de violence basée sur le genre qui est exercée par un conjoint sur l’autre, au sein d’un couple. Elle se distingue des disputes conjugales entre individus égaux et s’exprime par des agressions de toute sorte, des menaces, des pressions, des privations ou des contraintes selon Héléna Capo-Chichi, socio-anthropologue, experte genre et inclusion sociale, spécialiste des violences basées sur le genre.
Les violences conjugales peuvent engendrer de graves dommages psychologiques et physiques sur la victime. Lesquelles conséquences pourraient être couronnées par le décès de la victime. Les femmes sont le plus souvent victimes des violences conjugales au Bénin. Cependant, il faut noter que les enfants du couple sont aussi négativement impactés par les violences que subissent leurs mères.
Au Bénin, la majorité des femmes victimes de violences conjugales sont des femmes sans activité de rémunération. Elles se sentent obligées de continuer à subir ces violences parce qu’elles ne sont pas en mesure de se prendre en charge elles-mêmes, ni de prendre en charge leurs enfants. Il y a également des femmes qui sont capables d’assumer toutes les charges financières, mais qui s’abstiennent de se séparer du mari violent, par peur de faire face aux accusations de la société. Car d’aucuns estiment que la féminité se résume au mariage. Elles sont nombreuses à affirmer qu’elles restent dans un foyer toxique pour protéger leurs enfants. Elles pensent en effet qu’elles sont les seules à être négativement impactées par les violences qu’elles subissent et elles trouvent que c’est un sacrifice qu’il leur faut accepter au nom de leurs enfants.
Cependant, il faut noter que dans une situation de violence conjugale, les enfants sont très affectés psychologiquement même s’ils ne manifestent immédiatement aucun comportement déplacé.
Lorsqu’une femme est en état de grossesse, les violences conjugales provoquent le stress de manière précoce chez le bébé à naître selon le psychologue Eric Gansa. Elles peuvent affecter le développement du cerveau du futur bébé. Elles peuvent altérer les fonctions intellectuelles et physiques du bébé. En effet, le futur bébé qui est en connexion constante avec sa mère ressent sa tristesse, ses émotions et sa situation de stress chronique. Le bébé dans le ventre de sa mère peut manifester son ressenti par des mouvements. On peut noter de l’agitation ou au contraire un manque de réaction chez le bébé à naître. Ainsi, il y a plus de risque d’accouchement prématuré ou d’une naissance avec un petit poids.
Dans les cas de violence grave, des complications physiques telles que les fausses couches durant la grossesse peuvent également avoir lieu. ‹‹ L’absence de troubles de santé visibles ne sous-entend pas qu’il n’y a pas eu d’impact négatif sur l’enfant ››, a précisé le psychologue. En effet, sur une femme enceinte, les répercussions négatives de la violence conjugale sont essentiellement physiques et psychologique. La femme peut être blessée suite à une agression physique dans la suite d’une violence conjugale ce qui peut la fragiliser elle et le bébé à naître. Elle peut vivre constamment dans la peur, l’anxiété, le stress et la dépression. Si elle était mentalement de nature fragile, elle peut avoir de difficulté à manger ou à dormir. Elle va s’isoler à adopter des habitudes défavorables à sa santé et à celle du bébé. Les enfants exposés aux violences conjugales font face à des difficultés scolaires et relationnelles. Sur le plan scolaire, ils peuvent souffrir d’hyperactivité, des troubles d’attention et de concentration. ‹‹ On peut avoir des enfants qui ne font pas leurs devoirs de maison et qui n’apprennent pas leurs leçons ››, a expliqué le psychologue Eric Gansa. Sur le plan relationnel, ces enfants sont plus sujet à développer des comportements anti sociaux. Ils s’isolent, ils réagissent souvent de manière impulsive et essaient de résoudre leurs problèmes par la violence ou l’agressivité. Les traumatismes qu’ils ont vécus causent chez eux le syndrome de stress post-traumatique. ‹‹ Les enfants exposés aux violences conjugales sont à risque de la dépression. Ils sont souvent tristes et ils font beaucoup de cauchemar. Ces enfants ont une faible estime d’eux-mêmes ››, a notifié le psychologue.
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