La situation actuelle au Niger inquiète de nombreuses nations, y compris les États-Unis. Bien que Mohamed Bazoum soit reconnu comme le président démocratiquement élu, les militaires putschistes renforcent leur pouvoir de jour en jour en procédant à des nominations et en nouant des alliances avec des pays de la sous-région. La réaction initiale de Washington, peut être interprétée comme un signe de son embarras face à cette situation complexe. Le pays soutenant bien évidemment les positions de la CEDEAO, mais évite d’évoquer la question d’une intervention militaire contrairement à son allié traditionnel français.
Les États-Unis et la France ont traditionnellement eu les mêmes postures dans les affaires internationales (à quelques exceptions près) même si les approches différent. Bien que les deux pays appellent à un retour à l’ordre constitutionnel au Niger et soutiennent la communication de la CEDEAO, leurs histoires respectives dans la région les guident dans des directions souvent divergentes. Le rappel de l’intervention de 2011 en Libye, sous l’impulsion de la France et à laquelle la Maison-Blanche a participé, est un exemple frappant. Le regret exprimé plus tard par Barack Obama lui-même sur cette décision est révélateur de la prudence actuelle des USA face aux affaires africaines.
Une présence aussi importante pour Washington
Pourtant, la présence américaine au Niger est essentielle pour Washington, peut-être même plus que pour Paris. Les bases militaires américaines dans le pays jouent un rôle stratégique, non seulement pour contrer l’influence croissante de la Russie et de la Chine en Afrique, mais aussi pour maintenir la pression sur les groupes djihadistes dans le Sahel sans oublier l’atout dans le domaine des renseignements. Un retrait précipité risquerait d’anéantir une décennie d’efforts pour stabiliser la région.
Même, s’il est clair que les États-Unis sont réticents à soutenir un gouvernement dirigé par des putschistes, il n’en demeure pas moins que le pays semble préférer l’option diplomatique, là où la France a parfois montré une plus grande ouverture vers l’option militaire. La France très critiquée dans la région et chassée du Mali et du Burkina Faso risque pourtant gros en optant pour cette option. Mais le Niger semble présenter un cas unique, un point d’inflexion où les valeurs américaines pourraient être mises à l’épreuve. Les USA ne veulent pas s’attirer les foudres des populations quitte à lâcher son allié français. Washington a même tenté sa propre négociation avec Victoria Nuland sans s’associer à son encombrant allié français tant rejeté dans la région.
Alors que la France et les États-Unis partagent de nombreux objectifs au Sahel, leurs approches respectives sont façonnées par leurs expériences passées et leurs intérêts stratégiques. La situation actuelle au Niger pourrait bien forcer Washington à faire des compromis inhabituels, avec ou sans le soutien de Paris selon le correspondant de France 24 aux USA. Un peu pour dire à Paris, à chacun ses problèmes!
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