Le secteur judiciaire est confronté à de nombreuses difficultés en Afrique. Ces dernières pèsent en grande partie sur les citoyens dont les droits sont souvent piétinés mais qui ne savent à qui se remettre. Si au niveau national, le système judiciaire est souvent assujetti aux politiques, le niveau régional qui constituait jusque-là une porte de sortie pour eux est de plus en plus remis en cause par les Etats partis.
Les cours et tribunaux rĂ©gionaux ont une grande importance pour les citoyens africains, car ils jouent un rĂ´le essentiel dans l’administration de la justice et la protection des droits lĂ©gaux des individus. Ils garantissent l’accessibilitĂ© Ă la justice, ce qui rĂ©duit les obstacles Ă l’accès Ă la justice.
Ils permettent la rĂ©solution des litiges en offrant un mĂ©canisme permettant aux citoyens de faire valoir leurs droits. Les juges nationaux sont dĂ©sormais en prĂ©sence de jugements dont ils doivent tenir compte, y compris dans les domaines les plus sensibles de la politique. Mais, le constat rĂ©vèle une situation quasi contraire. Â
En 2017, le gouvernement burundais a annoncĂ© son retrait de la CADHP et un refus de coopĂ©ration avec la Cour concernant les allĂ©gations de violations des droits de l’homme dans le pays. Le pays en effet faisait l’objet de critiques pour son non-respect des dĂ©cisions de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP). Comme le Burundi, Le Zimbabwe et la Gambie ont Ă©tĂ© aussi reconnus pour leur non-respect des dĂ©cisions de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples. RĂ©cemment, le BĂ©nin et la CĂ´te d’Ivoire ont actĂ© le retrait de leur dĂ©claration accordant la saisine de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples aux individus. Du coup, les citoyens bĂ©ninois et les organisations de la SociĂ©tĂ© civile ne pourront dĂ©sormais plus saisir la Cour africaine des droits de l’homme, en cas de violation de leurs droits.
Désintégration
En choisissant de boycotter les dĂ©cisions des cours et tribunaux rĂ©gionaux, les Etats dĂ©cident volontairement de se soustraire Ă l’organisation rĂ©gionale mis en place. Ils occasionnent ainsi une dĂ©sintĂ©gration et portent entorse Ă la vie communautaire rĂ©gionale. Le non-respect des juridictions sous-rĂ©gionales peut nuire Ă la coopĂ©ration entre les États membres. En effet, les juridictions sous-rĂ©gionales sont un instrument important de la coopĂ©ration sous-rĂ©gionale. Elles permettent aux États membres de rĂ©gler leurs diffĂ©rends de manière pacifique et de coopĂ©rer dans des domaines tels que le commerce, la sĂ©curitĂ©, et l’environnement.
Le non-respect de ces juridictions peut donc nuire Ă la coopĂ©ration entre les États membres et Ă la rĂ©alisation des objectifs de l’intĂ©gration sous-rĂ©gionale. Le non-respect des juridictions sous-rĂ©gionales peut conduire Ă l’isolement des États membres qui ne les respectent pas. En effet, les autres États membres peuvent Ăªtre rĂ©ticents Ă coopĂ©rer avec des États membres qui ne respectent pas le droit sous-rĂ©gional. Cela peut entraĂ®ner l’isolement de ces États membres et leur marginalisation dans l’intĂ©gration sous-rĂ©gionale. Pour exemple, le Mali, la GuinĂ©e, et la GuinĂ©e-Bissau ayant refusĂ© de se conformer aux dĂ©cisions de la Cour de justice de la CEDEAO, chargĂ©e de garantir l’application du droit de la communautĂ© Ă©conomique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, ont Ă©tĂ© exclus. Â
Affaiblissement de l’État de droit, menace pour la dĂ©mocratie
Le non-respect des dĂ©cisions des cours et tribunaux rĂ©gionaux par les dirigeants des pays africains est un problème frĂ©quent et prĂ©occupant. Il s’agit d’une situation qui affaiblit l’État de droit en sapant la confiance du public dans le système judiciaire. Cela peut conduire Ă une perception gĂ©nĂ©ralisĂ©e d’impunitĂ© et Ă un mĂ©pris pour les lois et les institutions judiciaires. Le respect des dĂ©cisions judiciaires, qui plus est rendues par une juridiction rĂ©gionale est un Ă©lĂ©ment clĂ© de toute dĂ©mocratie fonctionnelle. Le non-respect des juridictions rĂ©gionales porte atteinte Ă l’État de droit qui est un principe fondamental de la dĂ©mocratie par violation des droits des citoyens et l’instabilitĂ© politique.
En effet, les juridictions sous-rĂ©gionales sont chargĂ©es de protĂ©ger les droits de l’homme. Elles constituent un garde-fou contre l’autoritarisme. Pour exemple en 2020, un coup d’État militaire a renversĂ© le gouvernement dĂ©mocratiquement Ă©lu au Mali. Le nouveau rĂ©gime militaire a refusĂ© de se conformer aux dĂ©cisions de la Cour de justice de la CommunautĂ© Ă©conomique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), qui exigeait le retour Ă l’ordre constitutionnel. Ce refus a conduit Ă des sanctions de la CEDEO, qui ont isolĂ© le Mali sur le plan international comme ce fit aussi d’ailleurs le cas du Niger rĂ©cemment. Il est essentiel que les dirigeants africains accordent de l’importance et du respect aux dĂ©cisions des cours et tribunaux rĂ©gionaux pour maintenir la stabilitĂ©, l’État de droit et la dĂ©mocratie dans la sous-rĂ©gion.
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