L’annonce historique de l’éradication du paludisme au Cap-Vert par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) marque un tournant décisif dans la lutte mondiale contre cette maladie. Cet événement est d’autant plus significatif car le Cap-Vert rejoint une liste restreinte de pays ayant obtenu cette distinction. En effet, il devient le troisième pays de la région africaine de l’OMS à recevoir ce statut après l’Île Maurice et l’Algérie, soulignant ainsi les efforts continus et les progrès réalisés dans la région.
Le chemin parcouru par le Cap-Vert pour atteindre cet objectif a été long et semé d’embûches. Avant les années 1950, le pays était régulièrement frappé par de graves épidémies de paludisme. Une lutte acharnée, incluant des pulvérisations d’insecticides, a permis une première élimination de la maladie en 1967. Cependant, des erreurs ultérieures ont conduit à un retour de la maladie, avec un dernier pic à la fin des années 1980. L’éradication du paludisme est alors devenue un objectif national en 2007, aboutissant à un plan stratégique entre 2009 et 2013. Ce plan a mis l’accent sur des diagnostics plus généralisés, des traitements plus précoces et la gratuité des soins, même pour les étrangers.
Le succès du Cap-Vert dans cette entreprise est dû à une volonté politique forte, des politiques de santé efficaces, un engagement communautaire soutenu et une collaboration multisectorielle. Le Dr Matshidiso Moeti, directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique, a souligné que cet accomplissement est un modèle d’espoir pour la région et le monde. Il démontre que l’élimination du paludisme est un objectif réalisable avec les bons outils et une collaboration étroite.
Le paludisme, une maladie transmise par les piqûres de certains types de moustiques femelles infectés, reste un fléau mondial, en particulier dans les pays tropicaux. Selon le dernier Rapport mondial sur le paludisme, 94 % des cas et 95 % des décès dus à cette maladie surviennent dans les pays africains membres de l’OMS. Cette situation tragique est encore plus critique chez les enfants de moins de cinq ans, qui représentent 80% des décès en Afrique.
Le partenariat RBM pour mettre fin au paludisme a joué un rôle crucial dans cette réussite, soulignant l’importance de la coopération internationale dans la lutte contre cette maladie. De plus, l’éradication du paludisme au Cap-Vert pourrait avoir des retombées positives sur le tourisme et l’économie, secteurs clés pour l’archipel dont le tourisme représente environ 25% du PIB.
Enfin, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS, voit dans ce succès un signe d’espoir. Il souligne que grâce aux outils existants ou nouveaux, notamment les vaccins, un monde sans paludisme n’est plus un rêve lointain. Le Cap-Vert, en éradiquant le paludisme, a non seulement amélioré la santé de sa population, mais a aussi ouvert la voie à un avenir plus prometteur pour de nombreux autres pays.
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